Poème:Quelques Mots…

Ce jour là on ne percevait du soleil que sa lumière, il était assit, là ; sur son banc une cane a la main, un vent frai d’automne caressait ses cheveux blancs, il aimait cet endroit…
C’est la que lorsqu’il était enfant son grand-père lui racontait pendant des heures sa captivité en Allemagne durant la grande guerre… blottis dans les bras de sa petite voisine, c’est ici qu’il donna son premier baiser, il se souvient du parfum sucré de ses lèvres et de son cœur battant à la chamade… il n’avait guère plus de treize ou quatorze ans… c’est ici aussi qu’il avait fumé avec Eric, son ami de toujours, sa première cigarette, il avait volé discrètement à son père, cette idée le fit sourire car ils furent malade tous les deux juste après… Plus tard, toutes les décisions importantes de sa vie c’est assis sur ce même banc qu’il les avaient prises…
Tout le paysage semblait le regarder, il contemplait les coteaux en face de lui, « le pré du claux », cette parcelle a la forme triangulaire qui donnait un foin embaumant la menthe sauvage et un regain d’une finesse exceptionnelle dont les vaches raffolaient… a ses pieds son village endormi qui ne comptait que quelques maisons, son cœur battait un peu plus fort à mesure qu’il mettait un nom sur chacun des toits… Ou était t’il passé ? Disparut pour la plupart…
Il entendit monter de la vallée voisine le son des cloches de l’église, c’était l’angélus… il était sept heures du soir… il avait un peu froid, il sentit comme une grande fatigue l’envahir… Il sortit de la poche de sa veste en coton noir une carte postale jaunit par les années, il contempla un long moment la photo : c’était un paysage provençal, un petit cabanon blottis au milieu des champs de lavande odorante, puis il la tourna. Il connaissait chaque mot, chaque virgule, chaque point pourtant il la lut à haute voix… « bonjour mon Didier… . Je t’écris ces quelques mots face a la plus belle fontaine d’Aix, avec en musique de fond le chant des cigales. Tu vois le paysage de Provence ne ressemble pas au tien mais il a autant de charme. Je pense très fort a toi et te fais pleins de bisous… ta Sylvie… » Une larme coula sur son visage… quand il releva son regard encore tout embué il vit la main de dieu descendre sur lui pour cueillir sa vie… il fallait quitter ce monde… L’instant suivant, un souffle de vent lui enleva la carte de ces mains et la fit virevolter dans la lumière emmenant par la même son secret…
M. d