Prose : La Semaine Sainte
La Semaine Sainte
1 - Conversion
Les voix de l’éblouissement
me parviennent en cantilènes obscures.
Suis-je un moine ordinaire ?
Ne me donne pas ta main,
Ni le souhait de ta main,
Ni le souffle du contact de ta main.
Les voix de l’accomplissement
me parviennent en mélopées sinueuses.
Et au coeur du renoncement,
le soleil se nourrit de ma finitude.
Parfois j’entrevois en rêve
les colonnes abruptes du temple.
Elles ne se maintiennent que par le chant
des roses et de la croix.
2 - Getsémanie
Et la douleur
En sa brisure extrême
A la faille embaumée de la vie
S’agrippe
Et les mots ordinaires
Ne coulent plus dans ma gorge
L’infini me rassure
En sa courbure extrême
Par delà les miroirs
Du dedans de nos peurs
3 - Marie-Madeleine
Je suis le métier à tisser de ton corps
Je me glisse dans le fil et le coton
De tes parures odorantes
Et sur la soie transparente de mes jours
S’imprime la couleur de tes yeux
Ta peau en motifs ajourés me guide
Dans le scintillement du bonheur
Puis,
Dans l’atelier de l’absolu désir
Je tisse chaque jour
La dentelle de tes formes
4 - L’Esprit Saint
L’aube douce t’éveille parole engendrée
au creux de mon iris.
Et ta force toute empreinte de neige tassée
ruisselle.
Il t’importe la frayeur de l’enfant parole au regard
grand-ouvert.
Car la joie n’a de sillon que dans les âges.
Et le verbe semblable à la froidure monotone
du vent.
Se souvient du tracé de nos pas.
5 - L’incarnation
Immobile à la lisière de toi
Je guette dans l’orbe du temps
La brêche vivante d’un sourire
Alors t’ayant nommée clairière
Je longe la tendresse de ton corps
Comme le voyageur que la marée rejoint
Perdure l’instant d’entre-rives
Où se brise sur l’obscur
Le velours de nos gestes
6 - Au désert
Je m’éveille au silence
en de plus simples gestes
Et les mots attristés de leur propre miroir
désertent mon chemin
Silence
Tu es l’étrange demeure où vibre
l’attachement sanglant de l’oiseau et de l’arc
Peut être pourrais-je en toi rire
de mon propre espace et contempler debout
La flèche immuable du temps
7 - La dormition
La mère de Dieu
s’est repeinte sur l’icône, fatiguée du périple.
Elle a chatié les fragiles visiteurs que le monde expulse de l’horizon.
Magnanime, l’ange intérieur les conduit avec grâce au vide,
empli d’or et de lumière.
8 - Le combat de Jacob
Le coeur cogne fort
La hanche est douleur
Que mes yeux fassent volte-face
Car l’esprit observe toutes choses
De l’intérieur de mon ventre
Oui, j’ai vu Dieu face à face
Et j’ai eu la vie sauve
9 - Cantique des Cantiques
Maître de mes amours éparses
L’assemblance est ton pouvoir.
De jardin, je n’ai que ton souffle
Ta parole, ma seule ivresse.
10 - La Pentecôte
Ton absence
un ruisseau dans la plaine
Pas même un pont
pour franchir la distance
Ton absence
un pré dans la montagne
Pas même un arbre
pour guider ma souffrance
Ton absence
et le vent et la mer
Pas même une île
pour cacher tes silences
Ton absence
c’est ta nuit dans ma nuit
c’est ma nuit dans ma nuit
Et puis
sans bruit
Ton absence infinie scintille
dans la rosée, dans les jardins
et dans la brume soyeuse du matin
11 - La Toussaint
Tous les dimanches, la mort va à la messe.
Elle se met au fond pour ne pas gêner.
Alléluia, Alléluia répètent les bonnes consciences du premier rang.
Elles crient très fort pour chasser la mort loin de leurs arthrites,
Comme on crie au lion pour lui faire lâcher la petite fille
du zoo.
12 - L’absolution
Les regards des pêcheurs se distinguent aisément
dans la nuit.
Leurs fautes sont des lucioles, leurs repentirs
des voies lactées.
13 - Psaumes
Vitrail, verre de souffrance sous-tendue
Le souffleur n’a pas su que psaumes est son haleine
Vitrail, terre de patience mise à nue
L’espace te nomma béance arrachée à la terre
Vitrail, témoin de la lumière d’au-delà du Temple
La prière te rend grâce de son aube recréée
14 - Evangile
La main du scribe
Danse
Densité du mot
Gorgé de sens
Et ses fibres s’entrelacent
Et l’offrande est si belle
Qu’elle donne regret
Aux étoiles analphabètes
De voguer davantage
La main du scribe
Chante
Joie du parler
Et du regard bleuté
De l’encre et de la soie
15 - Vendredi Saint
Et le temps dit à la mort :
Je t’invente à chaque instant.
Alors la mort sourit,
et retourna lentement
le sablier.
16 - Résurrection
le Christ est nu - son linceul à mes pieds…
un peu de salive à la commissure de ses lèvres…
Je pleure.
Les voix de l’éblouissement
me parviennent en cantilènes obscures.
Suis-je un moine ordinaire ?
Ne me donne pas ta main,
Ni le souhait de ta main,
Ni le souffle du contact de ta main.
Les voix de l’accomplissement
me parviennent en mélopées sinueuses.
Et au coeur du renoncement,
le soleil se nourrit de ma finitude.
Parfois j’entrevois en rêve
les colonnes abruptes du temple.
Elles ne se maintiennent que par le chant
des roses et de la croix.
2 - Getsémanie
Et la douleur
En sa brisure extrême
A la faille embaumée de la vie
S’agrippe
Et les mots ordinaires
Ne coulent plus dans ma gorge
L’infini me rassure
En sa courbure extrême
Par delà les miroirs
Du dedans de nos peurs
3 - Marie-Madeleine
Je suis le métier à tisser de ton corps
Je me glisse dans le fil et le coton
De tes parures odorantes
Et sur la soie transparente de mes jours
S’imprime la couleur de tes yeux
Ta peau en motifs ajourés me guide
Dans le scintillement du bonheur
Puis,
Dans l’atelier de l’absolu désir
Je tisse chaque jour
La dentelle de tes formes
4 - L’Esprit Saint
L’aube douce t’éveille parole engendrée
au creux de mon iris.
Et ta force toute empreinte de neige tassée
ruisselle.
Il t’importe la frayeur de l’enfant parole au regard
grand-ouvert.
Car la joie n’a de sillon que dans les âges.
Et le verbe semblable à la froidure monotone
du vent.
Se souvient du tracé de nos pas.
5 - L’incarnation
Immobile à la lisière de toi
Je guette dans l’orbe du temps
La brêche vivante d’un sourire
Alors t’ayant nommée clairière
Je longe la tendresse de ton corps
Comme le voyageur que la marée rejoint
Perdure l’instant d’entre-rives
Où se brise sur l’obscur
Le velours de nos gestes
6 - Au désert
Je m’éveille au silence
en de plus simples gestes
Et les mots attristés de leur propre miroir
désertent mon chemin
Silence
Tu es l’étrange demeure où vibre
l’attachement sanglant de l’oiseau et de l’arc
Peut être pourrais-je en toi rire
de mon propre espace et contempler debout
La flèche immuable du temps
7 - La dormition
La mère de Dieu
s’est repeinte sur l’icône, fatiguée du périple.
Elle a chatié les fragiles visiteurs que le monde expulse de l’horizon.
Magnanime, l’ange intérieur les conduit avec grâce au vide,
empli d’or et de lumière.
8 - Le combat de Jacob
Le coeur cogne fort
La hanche est douleur
Que mes yeux fassent volte-face
Car l’esprit observe toutes choses
De l’intérieur de mon ventre
Oui, j’ai vu Dieu face à face
Et j’ai eu la vie sauve
9 - Cantique des Cantiques
Maître de mes amours éparses
L’assemblance est ton pouvoir.
De jardin, je n’ai que ton souffle
Ta parole, ma seule ivresse.
10 - La Pentecôte
Ton absence
un ruisseau dans la plaine
Pas même un pont
pour franchir la distance
Ton absence
un pré dans la montagne
Pas même un arbre
pour guider ma souffrance
Ton absence
et le vent et la mer
Pas même une île
pour cacher tes silences
Ton absence
c’est ta nuit dans ma nuit
c’est ma nuit dans ma nuit
Et puis
sans bruit
Ton absence infinie scintille
dans la rosée, dans les jardins
et dans la brume soyeuse du matin
11 - La Toussaint
Tous les dimanches, la mort va à la messe.
Elle se met au fond pour ne pas gêner.
Alléluia, Alléluia répètent les bonnes consciences du premier rang.
Elles crient très fort pour chasser la mort loin de leurs arthrites,
Comme on crie au lion pour lui faire lâcher la petite fille
du zoo.
12 - L’absolution
Les regards des pêcheurs se distinguent aisément
dans la nuit.
Leurs fautes sont des lucioles, leurs repentirs
des voies lactées.
13 - Psaumes
Vitrail, verre de souffrance sous-tendue
Le souffleur n’a pas su que psaumes est son haleine
Vitrail, terre de patience mise à nue
L’espace te nomma béance arrachée à la terre
Vitrail, témoin de la lumière d’au-delà du Temple
La prière te rend grâce de son aube recréée
14 - Evangile
La main du scribe
Danse
Densité du mot
Gorgé de sens
Et ses fibres s’entrelacent
Et l’offrande est si belle
Qu’elle donne regret
Aux étoiles analphabètes
De voguer davantage
La main du scribe
Chante
Joie du parler
Et du regard bleuté
De l’encre et de la soie
15 - Vendredi Saint
Et le temps dit à la mort :
Je t’invente à chaque instant.
Alors la mort sourit,
et retourna lentement
le sablier.
16 - Résurrection
le Christ est nu - son linceul à mes pieds…
un peu de salive à la commissure de ses lèvres…
Je pleure.
Ciurlionis
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Poème en Phonétique
œ̃ kɔ̃vεʁsjɔ̃
lε vwa də lebluisəmɑ̃
mə paʁvjεne ɑ̃ kɑ̃tilεnəz- ɔpskyʁə.
sɥi ʒə œ̃ mwanə ɔʁdinεʁə ?
nə mə dɔnə pa ta mɛ̃,
ni lə suε də ta mɛ̃,
ni lə suflə dy kɔ̃takt də ta mɛ̃.
lε vwa də lakɔ̃plisəmɑ̃
mə paʁvjεne ɑ̃ melɔpe sinɥøzə.
e o kœʁ dy ʁənɔ̃səmɑ̃,
lə sɔlεj sə nuʁʁi də ma finitydə.
paʁfwa ʒɑ̃tʁəvwaz- ɑ̃ ʁεvə
lε kɔlɔnəz- abʁyptə dy tɑ̃plə.
εllə nə sə mɛ̃tjεne kə paʁ lə ʃɑ̃
dε ʁozəz- e də la kʁwa.
dø ʒεtsemani
e la dulœʁ
ɑ̃ sa bʁizyʁə εkstʁεmə
a la fajə ɑ̃bome də la vi
saɡʁipə
e lε moz- ɔʁdinεʁə
nə kule plys dɑ̃ ma ɡɔʁʒə
lɛ̃fini mə ʁasyʁə
ɑ̃ sa kuʁbyʁə εkstʁεmə
paʁ dəla lε miʁwaʁ
dy dədɑ̃ də no pœʁ
tʁwa maʁi madəlεnə
ʒə sɥi lə metje a tise də tɔ̃ kɔʁ
ʒə mə ɡlisə dɑ̃ lə fil e lə kɔtɔ̃
də tε paʁyʁəz- ɔdɔʁɑ̃tə
e syʁ la swa tʁɑ̃spaʁɑ̃tə də mε ʒuʁ
sɛ̃pʁimə la kulœʁ də tεz- iø
ta po ɑ̃ mɔtifz- aʒuʁe mə ɡidə
dɑ̃ lə sɛ̃tijmɑ̃ dy bɔnœʁ
pɥi,
dɑ̃ latəlje də labsɔly deziʁ
ʒə tisə ʃakə ʒuʁ
la dɑ̃tεllə də tε fɔʁmə
katʁə lεspʁi sɛ̃
lobə dusə tevεjə paʁɔlə ɑ̃ʒɑ̃dʁe
o kʁø də mɔ̃n- iʁi.
e ta fɔʁsə tutə ɑ̃pʁɛ̃tə də nεʒə tase
ʁɥisεllə.
il tɛ̃pɔʁtə la fʁεjœʁ də lɑ̃fɑ̃ paʁɔlə o ʁəɡaʁ
ɡʁɑ̃t- uvεʁ.
kaʁ la ʒwa na də sijɔ̃ kə dɑ̃ lεz- aʒə.
e lə vεʁbə sɑ̃blablə a la fʁwadyʁə monotɔnə
dy vɑ̃.
sə suvjɛ̃ dy tʁase də no pa.
sɛ̃k lɛ̃kaʁnasjɔ̃
imɔbilə a la lizjεʁə də twa
ʒə ɡεtə dɑ̃ lɔʁbə dy tɑ̃
la bʁεʃə vivɑ̃tə dœ̃ suʁiʁə
alɔʁ tεjɑ̃ nɔme klεʁjεʁə
ʒə lɔ̃ʒə la tɑ̃dʁεsə də tɔ̃ kɔʁ
kɔmə lə vwajaʒœʁ kə la maʁe ʁəʒwɛ̃
pεʁdyʁə lɛ̃stɑ̃ dɑ̃tʁə ʁivə
u sə bʁizə syʁ lɔpskyʁ
lə vəluʁ də no ʒεstə
siz- o dezεʁ
ʒə mevεjə o silɑ̃sə
ɑ̃ də plys sɛ̃plə ʒεstə
e lε moz- atʁiste də lœʁ pʁɔpʁə miʁwaʁ
dezεʁte mɔ̃ ʃəmɛ̃
silɑ̃sə
ty ε letʁɑ̃ʒə dəməʁə u vibʁə
lataʃəmɑ̃ sɑ̃ɡlɑ̃ də lwazo e də laʁk
pø εtʁə puʁʁε ʒə ɑ̃ twa ʁiʁə
də mɔ̃ pʁɔpʁə εspasə e kɔ̃tɑ̃ple dəbu
la flεʃə imɥablə dy tɑ̃
sεt la dɔʁmisjɔ̃
la mεʁə də djø
sε ʁəpɛ̃tə syʁ likonə, fatiɡe dy peʁiplə.
εllə a ʃatje lε fʁaʒilə vizitœʁ kə lə mɔ̃də εkspylsə də lɔʁizɔ̃.
maɲanimə, lɑ̃ʒə ɛ̃teʁjœʁ lε kɔ̃dɥi avεk ɡʁasə o vidə,
ɑ̃pli dɔʁ e də lymjεʁə.
ɥi lə kɔ̃ba də ʒakɔb
lə kœʁ kɔɲə fɔʁ
la-ɑ̃ʃə ε dulœʁ
kə mεz- iø fase vɔltə fasə
kaʁ lεspʁi ɔpsεʁvə tutə ʃozə
də lɛ̃teʁjœʁ də mɔ̃ vɑ̃tʁə
ui, ʒε vy djø fasə a fasə
e ʒε y la vi sovə
nəf kɑ̃tikə dε kɑ̃tik
mεtʁə də mεz- amuʁz- epaʁsə
lasɑ̃blɑ̃sə ε tɔ̃ puvwaʁ.
də ʒaʁdɛ̃, ʒə nε kə tɔ̃ suflə
ta paʁɔlə, ma sələ ivʁεsə.
di- la pɑ̃təkotə
tɔ̃n- absɑ̃sə
œ̃ ʁɥiso dɑ̃ la plεnə
pa mεmə œ̃ pɔ̃
puʁ fʁɑ̃ʃiʁ la distɑ̃sə
tɔ̃n- absɑ̃sə
œ̃ pʁe dɑ̃ la mɔ̃taɲə
pa mεmə œ̃n- aʁbʁə
puʁ ɡide ma sufʁɑ̃sə
tɔ̃n- absɑ̃sə
e lə vɑ̃ e la mεʁ
pa mεmə ynə ilə
puʁ kaʃe tε silɑ̃sə
tɔ̃n- absɑ̃sə
sε ta nɥi dɑ̃ ma nɥi
sε ma nɥi dɑ̃ ma nɥi
e pɥi
sɑ̃ bʁɥi
tɔ̃n- absɑ̃sə ɛ̃fini sɛ̃tijə
dɑ̃ la ʁoze, dɑ̃ lε ʒaʁdɛ̃
e dɑ̃ la bʁymə swajøzə dy matɛ̃
ɔ̃zə la tusɛ̃
tus lε dimɑ̃ʃə, la mɔʁ va a la mεsə.
εllə sə mεt o fɔ̃ puʁ nə pa ʒεne.
alelɥja, alelɥja ʁepεte lε bɔnə kɔ̃sjɑ̃sə dy pʁəmje ʁɑ̃.
εllə kʁje tʁε fɔʁ puʁ ʃase la mɔʁ lwɛ̃ də lœʁz- aʁtʁitə,
kɔmə ɔ̃ kʁi o ljɔ̃ puʁ lɥi fεʁə laʃe la pətitə fijə
dy zo.
duzə labsɔlysjɔ̃
lε ʁəɡaʁd dε pεʃœʁ sə distɛ̃ɡe εzemɑ̃
dɑ̃ la nɥi.
lœʁ fotə sɔ̃ dε lysjɔlə, lœʁ ʁəpɑ̃tiʁ
dε vwa lakte.
tʁεzə psomə
vitʁaj, veʁə də sufʁɑ̃sə su tɑ̃dɥ
lə suflœʁ na pa sy kə psoməz- ε sɔ̃-alεnə
vitʁaj, teʁə də pasjɑ̃sə mizə a nɥ
lεspasə tə nɔma beɑ̃sə aʁaʃe a la teʁə
vitʁaj, temwɛ̃ də la lymjεʁə do dəla dy tɑ̃plə
la pʁjεʁə tə ʁɑ̃ ɡʁasə də sɔ̃n- obə ʁəkʁee
katɔʁzə əvɑ̃ʒilə
la mɛ̃ dy skʁibə
dɑ̃sə
dɑ̃site dy mo
ɡɔʁʒe də sɑ̃s
e sε fibʁə- sɑ̃tʁəlase
e lɔfʁɑ̃də ε si bεllə
kεllə dɔnə ʁəɡʁε
oz- etwaləz- analfabεtə
də vɔɡe davɑ̃taʒə
la mɛ̃ dy skʁibə
ʃɑ̃tə
ʒwa dy paʁle
e dy ʁəɡaʁ bløte
də lɑ̃kʁə e də la swa
kɛ̃zə vɑ̃dʁədi sɛ̃
e lə tɑ̃ di a la mɔʁ :
ʒə tɛ̃vɑ̃tə a ʃakə ɛ̃stɑ̃.
alɔʁ la mɔʁ suʁi,
e ʁətuʁna lɑ̃təmɑ̃
lə sablje.
sεzə ʁezyʁεksjɔ̃
lə kʁist ε ny sɔ̃ lɛ̃səl a mε pje…
œ̃ pø də salivə a la kɔmisyʁə də sε lεvʁə…
ʒə plœʁə.
lε vwa də lebluisəmɑ̃
mə paʁvjεne ɑ̃ kɑ̃tilεnəz- ɔpskyʁə.
sɥi ʒə œ̃ mwanə ɔʁdinεʁə ?
nə mə dɔnə pa ta mɛ̃,
ni lə suε də ta mɛ̃,
ni lə suflə dy kɔ̃takt də ta mɛ̃.
lε vwa də lakɔ̃plisəmɑ̃
mə paʁvjεne ɑ̃ melɔpe sinɥøzə.
e o kœʁ dy ʁənɔ̃səmɑ̃,
lə sɔlεj sə nuʁʁi də ma finitydə.
paʁfwa ʒɑ̃tʁəvwaz- ɑ̃ ʁεvə
lε kɔlɔnəz- abʁyptə dy tɑ̃plə.
εllə nə sə mɛ̃tjεne kə paʁ lə ʃɑ̃
dε ʁozəz- e də la kʁwa.
dø ʒεtsemani
e la dulœʁ
ɑ̃ sa bʁizyʁə εkstʁεmə
a la fajə ɑ̃bome də la vi
saɡʁipə
e lε moz- ɔʁdinεʁə
nə kule plys dɑ̃ ma ɡɔʁʒə
lɛ̃fini mə ʁasyʁə
ɑ̃ sa kuʁbyʁə εkstʁεmə
paʁ dəla lε miʁwaʁ
dy dədɑ̃ də no pœʁ
tʁwa maʁi madəlεnə
ʒə sɥi lə metje a tise də tɔ̃ kɔʁ
ʒə mə ɡlisə dɑ̃ lə fil e lə kɔtɔ̃
də tε paʁyʁəz- ɔdɔʁɑ̃tə
e syʁ la swa tʁɑ̃spaʁɑ̃tə də mε ʒuʁ
sɛ̃pʁimə la kulœʁ də tεz- iø
ta po ɑ̃ mɔtifz- aʒuʁe mə ɡidə
dɑ̃ lə sɛ̃tijmɑ̃ dy bɔnœʁ
pɥi,
dɑ̃ latəlje də labsɔly deziʁ
ʒə tisə ʃakə ʒuʁ
la dɑ̃tεllə də tε fɔʁmə
katʁə lεspʁi sɛ̃
lobə dusə tevεjə paʁɔlə ɑ̃ʒɑ̃dʁe
o kʁø də mɔ̃n- iʁi.
e ta fɔʁsə tutə ɑ̃pʁɛ̃tə də nεʒə tase
ʁɥisεllə.
il tɛ̃pɔʁtə la fʁεjœʁ də lɑ̃fɑ̃ paʁɔlə o ʁəɡaʁ
ɡʁɑ̃t- uvεʁ.
kaʁ la ʒwa na də sijɔ̃ kə dɑ̃ lεz- aʒə.
e lə vεʁbə sɑ̃blablə a la fʁwadyʁə monotɔnə
dy vɑ̃.
sə suvjɛ̃ dy tʁase də no pa.
sɛ̃k lɛ̃kaʁnasjɔ̃
imɔbilə a la lizjεʁə də twa
ʒə ɡεtə dɑ̃ lɔʁbə dy tɑ̃
la bʁεʃə vivɑ̃tə dœ̃ suʁiʁə
alɔʁ tεjɑ̃ nɔme klεʁjεʁə
ʒə lɔ̃ʒə la tɑ̃dʁεsə də tɔ̃ kɔʁ
kɔmə lə vwajaʒœʁ kə la maʁe ʁəʒwɛ̃
pεʁdyʁə lɛ̃stɑ̃ dɑ̃tʁə ʁivə
u sə bʁizə syʁ lɔpskyʁ
lə vəluʁ də no ʒεstə
siz- o dezεʁ
ʒə mevεjə o silɑ̃sə
ɑ̃ də plys sɛ̃plə ʒεstə
e lε moz- atʁiste də lœʁ pʁɔpʁə miʁwaʁ
dezεʁte mɔ̃ ʃəmɛ̃
silɑ̃sə
ty ε letʁɑ̃ʒə dəməʁə u vibʁə
lataʃəmɑ̃ sɑ̃ɡlɑ̃ də lwazo e də laʁk
pø εtʁə puʁʁε ʒə ɑ̃ twa ʁiʁə
də mɔ̃ pʁɔpʁə εspasə e kɔ̃tɑ̃ple dəbu
la flεʃə imɥablə dy tɑ̃
sεt la dɔʁmisjɔ̃
la mεʁə də djø
sε ʁəpɛ̃tə syʁ likonə, fatiɡe dy peʁiplə.
εllə a ʃatje lε fʁaʒilə vizitœʁ kə lə mɔ̃də εkspylsə də lɔʁizɔ̃.
maɲanimə, lɑ̃ʒə ɛ̃teʁjœʁ lε kɔ̃dɥi avεk ɡʁasə o vidə,
ɑ̃pli dɔʁ e də lymjεʁə.
ɥi lə kɔ̃ba də ʒakɔb
lə kœʁ kɔɲə fɔʁ
la-ɑ̃ʃə ε dulœʁ
kə mεz- iø fase vɔltə fasə
kaʁ lεspʁi ɔpsεʁvə tutə ʃozə
də lɛ̃teʁjœʁ də mɔ̃ vɑ̃tʁə
ui, ʒε vy djø fasə a fasə
e ʒε y la vi sovə
nəf kɑ̃tikə dε kɑ̃tik
mεtʁə də mεz- amuʁz- epaʁsə
lasɑ̃blɑ̃sə ε tɔ̃ puvwaʁ.
də ʒaʁdɛ̃, ʒə nε kə tɔ̃ suflə
ta paʁɔlə, ma sələ ivʁεsə.
di- la pɑ̃təkotə
tɔ̃n- absɑ̃sə
œ̃ ʁɥiso dɑ̃ la plεnə
pa mεmə œ̃ pɔ̃
puʁ fʁɑ̃ʃiʁ la distɑ̃sə
tɔ̃n- absɑ̃sə
œ̃ pʁe dɑ̃ la mɔ̃taɲə
pa mεmə œ̃n- aʁbʁə
puʁ ɡide ma sufʁɑ̃sə
tɔ̃n- absɑ̃sə
e lə vɑ̃ e la mεʁ
pa mεmə ynə ilə
puʁ kaʃe tε silɑ̃sə
tɔ̃n- absɑ̃sə
sε ta nɥi dɑ̃ ma nɥi
sε ma nɥi dɑ̃ ma nɥi
e pɥi
sɑ̃ bʁɥi
tɔ̃n- absɑ̃sə ɛ̃fini sɛ̃tijə
dɑ̃ la ʁoze, dɑ̃ lε ʒaʁdɛ̃
e dɑ̃ la bʁymə swajøzə dy matɛ̃
ɔ̃zə la tusɛ̃
tus lε dimɑ̃ʃə, la mɔʁ va a la mεsə.
εllə sə mεt o fɔ̃ puʁ nə pa ʒεne.
alelɥja, alelɥja ʁepεte lε bɔnə kɔ̃sjɑ̃sə dy pʁəmje ʁɑ̃.
εllə kʁje tʁε fɔʁ puʁ ʃase la mɔʁ lwɛ̃ də lœʁz- aʁtʁitə,
kɔmə ɔ̃ kʁi o ljɔ̃ puʁ lɥi fεʁə laʃe la pətitə fijə
dy zo.
duzə labsɔlysjɔ̃
lε ʁəɡaʁd dε pεʃœʁ sə distɛ̃ɡe εzemɑ̃
dɑ̃ la nɥi.
lœʁ fotə sɔ̃ dε lysjɔlə, lœʁ ʁəpɑ̃tiʁ
dε vwa lakte.
tʁεzə psomə
vitʁaj, veʁə də sufʁɑ̃sə su tɑ̃dɥ
lə suflœʁ na pa sy kə psoməz- ε sɔ̃-alεnə
vitʁaj, teʁə də pasjɑ̃sə mizə a nɥ
lεspasə tə nɔma beɑ̃sə aʁaʃe a la teʁə
vitʁaj, temwɛ̃ də la lymjεʁə do dəla dy tɑ̃plə
la pʁjεʁə tə ʁɑ̃ ɡʁasə də sɔ̃n- obə ʁəkʁee
katɔʁzə əvɑ̃ʒilə
la mɛ̃ dy skʁibə
dɑ̃sə
dɑ̃site dy mo
ɡɔʁʒe də sɑ̃s
e sε fibʁə- sɑ̃tʁəlase
e lɔfʁɑ̃də ε si bεllə
kεllə dɔnə ʁəɡʁε
oz- etwaləz- analfabεtə
də vɔɡe davɑ̃taʒə
la mɛ̃ dy skʁibə
ʃɑ̃tə
ʒwa dy paʁle
e dy ʁəɡaʁ bløte
də lɑ̃kʁə e də la swa
kɛ̃zə vɑ̃dʁədi sɛ̃
e lə tɑ̃ di a la mɔʁ :
ʒə tɛ̃vɑ̃tə a ʃakə ɛ̃stɑ̃.
alɔʁ la mɔʁ suʁi,
e ʁətuʁna lɑ̃təmɑ̃
lə sablje.
sεzə ʁezyʁεksjɔ̃
lə kʁist ε ny sɔ̃ lɛ̃səl a mε pje…
œ̃ pø də salivə a la kɔmisyʁə də sε lεvʁə…
ʒə plœʁə.