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Poeme : La Terre Déshonorée



La Terre Déshonorée

Que la Terre se laisse déshonorée
Comme le fut jadis la jeune Florence¹ ;
Qu’elle pleure tout bas, en silence
Quand s’absentent ces démons excités,

Que plusieurs d’entre eux se couvrent le corps
Du manteau orangé d’Alexandre de Médicis²,
Où que tête baissée, elle leur dise : « Merci… »
Après qu’ils eussent humés son fior³ ;

Mais moi, Tebaldeo Freccia4,
Admirateur de la Divine Nature,
Comme eux je ne serai pas !
Je hais, en vérité, leurs souillures !

Ô Florence, qui a vu naître en nombre,
Ces rois apatrides5 aux mains de fer,
Ces messagers qui côtoient les Ombres,
Et qui deviennent anges quand brille lumière,

Jusqu’à quand cesseras-tu tes pleurs :
Tes pleurs qui les cieux inondent,
Et dont à la surface vagabondent
Des étoiles vêtues de mille couleurs ?

Jusqu’à quand, ô Mère Inconsolée,
Laisseras-tu brocarder, impunément
Ton honneur ; Celle que Destinée
Dans l’horizon, a livré serment ?

Regarde ! Une étoile traverse tes cieux,
Sa lumière divine tes larmes vient sécher,
Tiens-toi débout, et haut lèves les yeux :
-Vois, ainsi retentit l’heure de ta liberté !
Noumarks.kams.7

PostScriptum

1 : Dans les années 1600-1700, selon la ’’historia Florentina’’ de Varchy, l’Italie était divisée en Etats, et l’Etat de Florence est décrit comme une ville déshonorée, car la débauche et la corruption avaient ternies l’image de la ville.
2 : Alexandre de Médicis, Duc de Florence. L’histoire le décrit comme un débauché, un gouverneur indigne, qui ne pensait qu’à satisfaire ses pulsions sexuelles, en couchant avec
Les jeunes filles des familles de la cité. N’ayant aucun pouvoir, les familles, pour la plus part issues de la classe ouvrière, ne pouvaient refuser de donner l’honneur de leur fille à ce Duc ’’pédophile’’.
3 : Ici, son parfum.
4 : Tebaldeo de Freccia : Peintre et poète florentin, homme d’église, qui aimait sa cité qu’il appelait ’’ ma Mère’’. Ce peintre était le seul homme appartenant à la bourgeoisie ne s’étant pas adonner à leurs pratiques malsaines. Il symbolise ici l’espoir du peuple, et le libérateur de sa patrie. Sa moralité est tirée de l’œuvre théâtrale d’Alfred de Musset : ’’ Lorenzaccio’’.


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Poème en Phonétique

kə la teʁə sə lεsə dezonoʁe
kɔmə lə fy ʒadi la ʒənə flɔʁɑ̃sə,
kεllə plœʁə tu ba, ɑ̃ silɑ̃sə
kɑ̃ sabsɑ̃te sε demɔ̃z- εksite,

kə plyzjœʁ dɑ̃tʁə ø sə kuvʁe lə kɔʁ
dy mɑ̃to ɔʁɑ̃ʒe dalεksɑ̃dʁə də medisis,
u kə tεtə bεse, εllə lœʁ dizə : « mεʁsi… »
apʁε kilz- øse yme sɔ̃ fjɔʁ,

mε mwa, təbaldəo fʁεksja katʁə,
admiʁatœʁ də la divinə natyʁə,
kɔmə ø ʒə nə səʁε pa !
ʒə-ε, ɑ̃ veʁite, lœʁ sujyʁə !

o flɔʁɑ̃sə, ki a vy nεtʁə ɑ̃ nɔ̃bʁə,
sε ʁwaz- apatʁidə sɛ̃k o mɛ̃ də fεʁ,
sε mesaʒe ki kotwae lεz- ɔ̃bʁə,
e ki dəvjεne ɑ̃ʒə kɑ̃ bʁijə lymjεʁə,

ʒyska kɑ̃ sesəʁa ty tε plœʁ :
tε plœʁ ki lε sjøz- inɔ̃de,
e dɔ̃ a la syʁfasə vaɡabɔ̃de
dεz- etwalə vεtɥ də milə kulœʁ ?

ʒyska kɑ̃, o mεʁə ɛ̃kɔ̃sɔle,
lεsəʁa ty bʁɔkaʁde, ɛ̃pynemɑ̃
tɔ̃n- ɔnœʁ, sεllə kə dεstine
dɑ̃ lɔʁizɔ̃, a livʁe sεʁme ?

ʁəɡaʁdə ! ynə etwalə tʁavεʁsə tε sjø,
sa lymjεʁə divinə tε laʁmə- vjɛ̃ seʃe,
tjɛ̃ twa debu, e-o lεvə lεz- iø :
vwa, ɛ̃si ʁətɑ̃ti lœʁ də ta libεʁte !