Poeme : Nous… Les Poètes

Nous les bizarres, les ivrognes et les cons…
Ces visages incompris, comme les cris d’un enfant…
Nous ces poètes minables, inconnus, misérables…
Ces rébus de l’humain, ces ratés formidables…

Alcooliques habitués, suicidaire dans l’alcool…
Nous les dits attristés, ces hommes qu’on juge à tort…
Ces yeux secs et stériles : juste des sources épuisées…
Des Carl Brouard dans la foule, ces esprits évités…

Nous, hommes maigres et si frêles mais ces cerveaux puissants…
Ces colonnes vertébrales, verticales, cette mission…
Jamais courber l’échine seulement en écrivant…
Nous, cadavres prochainement, à cause de notre vision…

Nous voleurs dans le temps, comme un François Villon…
Nous : personne, nous : des mots écrits sur papier blanc…
Nous, chevalier des mots, des rêveurs, vous le dîtes…
Nous qui mourrons poètes, ce fut notre coupe maudite…

nu lε bizaʁə, lεz- ivʁɔɲəz- e lε kɔ̃…
sε vizaʒəz- ɛ̃kɔ̃pʁi, kɔmə lε kʁi dœ̃n- ɑ̃fɑ̃…
nu sε pɔεtə minablə, ɛ̃kɔnys, mizeʁablə…
sε ʁebys də lymɛ̃, sε ʁate fɔʁmidablə…

alkɔlik-abitye, sɥisidεʁə dɑ̃ lalkɔl…
nu lε diz- atʁiste, sεz- ɔmə kɔ̃ ʒyʒə a tɔʁ…
sεz- iø sεkz- e steʁilə : ʒystə dε suʁsəz- epɥize…
dε kaʁl bʁuaʁ dɑ̃ la fulə, sεz- εspʁiz- evite…

nu, ɔmə mεɡʁəz- e si fʁεlə mε sε sεʁvo pɥisɑ̃…
sε kɔlɔnə vεʁtebʁalə, vεʁtikalə, sεtə misjɔ̃…
ʒamε kuʁbe leʃinə sələmɑ̃ ɑ̃n- ekʁivɑ̃…
nu, kadavʁə- pʁoʃεnəmɑ̃, a kozə də nɔtʁə vizjɔ̃…

nu vɔlœʁ dɑ̃ lə tɑ̃, kɔmə œ̃ fʁɑ̃swa vilɔ̃…
nu : pεʁsɔnə, nu : dε moz- ekʁi syʁ papje blɑ̃…
nu, ʃəvalje dε mo, dε ʁεvœʁ, vu lə ditə…
nu ki muʁʁɔ̃ pɔεtə, sə fy nɔtʁə kupə moditə…