Poeme : Le Bourreau De La Démocratie
Le Bourreau De La Démocratie
(Place de la révolution, vingt-et-un janvier mille sept-cent quatre-vingt-treize)
Tout Paris attendait ce moment jouissif
Et dans toutes les rues retentissait poussif
L’énorme voix commune à la brûlante haleine
Qui chantait d’une teinte ivre, et ardente, et pleine
Quand sur la grande place où Paris fourmillait
S’arrêta la voiture où le roi gentillet
Étais assis derrière et contemplait la foule,
Un peu peureux du bruit, tel celui d’une houle,
Que son peuple faisait mécontent, furieux,
Qui réclamait sa mort en ce jour glorieux.
Puis quand Santerre ouvrit la porte du cortège
Et que le condamné descendit de son siège
Le tiers-monde pris des pierres et les lança
Avec force sur le roi déchu, le forçat.
Calme, le traître ôta sa redingote brune
Toujours sous la huée et l’injure commune
On coupa ses cheveux et découpa son col
Et comme sous la forte emprise de l’alcool
Le captif assommé et de plus en plus pâle
Avançait doucement vers l’échafaud très sale
Et quand il fut dessus, d’un ton fort fracassant
Le roi hurla aux gens :
« – Je meurs en innocent !
Je suis innocent de tout ce dont on m’accuse ! »
Mais l’ample raillerie générale et profuse
Résonna de plus belle à ce pauvre discours
À cet engagement, à ce dernier recours.
Le bourreau pris le roi et lui dit :
« – Vois, observe,
Ton peuple, ces gens-là, cette foule s’énerve.
Ils désirent ta tête, ils attendent ta mort. »
Et serrant dans sa main la tête encor plus fort
« – Regarde-les bien tous, ces hommes en colère
Que tu voles chaque an tout le pain de leur terre
Ô mon si pauvre roi, le peuple est affamé.
La révolution qu’on a tant proclamé
Sera sous peu finie, vive la république !
Elle naîtra bientôt, après ta mort publique.
Ô sire, ça gargouille ici, c’est un foutoir !
Car ils attendent tous quand sur le grand trottoir
Ils pourront marteler ta tête pitoyable
D’horribles coups de pieds, ô mon roi misérable.
Sire, vois-tu, vois-tu ces gens sur le pavé
Qui t’insulte sans cesse et t’ont fort dépravé
Ces paysans, ces gueux, toute la populace
Qui meurt, qui meurt de faim ô sire, dans la crasse
Qui chante : » – ah, ça ira, ça ira… « Tout le jour,
Et marche de l’avant au bruit d’un gros tambour.
Oh ! chaque homme et son fils, chaque femme et sa fille
Oh ! ceux-là, l’ont brûlé, ô mon roi, ta bastille !
Et puis quoi tu croyais être apte à t’en sortir
Et dire que c’est toi le saint, le grand martyr !
Mais quand tu te vautrais dans ta belle demeure
Des enfants, des bébés crevaient de faim chaque heure. »
Le roi qui devenait blanc et plein de sueurs
Épiait de ses yeux craintifs et sans lueurs
La foule gigantesque, angoissante, effroyable,
L’insulter. Le bourreau de sa main incroyable
Désigna le public impatient :
« – Tu vois,
Le cri du peuple est le plus fort. Entends, sa voix
Qui demande vengeance et quémande ta tête
Pour l’observer gésir et que ce soit la fête.
Et si les anciens rois s’offusquent, tralala !
Ah ! n’est-ce pas, vous tous ? Mort à ces marauds-là !
L’entends-tu, l’entends-tu, sire, c’est la crapule
Grouillante dans les rues, les estomacs qui brûlent
La tronche ensevelie de gros pustules noirs
Dehors vis et s’accroît loin de tes grands manoirs,
Sous la pluie, dans la peste, et les flaques de boues
Pendant que vous goinfrez de pain vos grosses joues,
La crapule dehors se tortille de faim
Et comme un affreux ver, elle rampe sans fin.
Mais croyais-tu vraiment t’échapper de la France
Et délaisser ainsi tout ton peuple en souffrance ?
Tu croyais pouvoir prendre encor tout notre pain
Te voilà maintenant fait ainsi qu’un lapin.
Et nous avons repris nos dues aux tuileries,
Mais aussi dépouillé toutes boulangeries.
Oh non, sire, Paris n’est plus une putain
Et elle arrive pour reprendre son butin
Que vous avez volé ; mais nous sommes, nous sommes
Devenu mon grand roi, devenu de vrais hommes !
Le peuple a déjà bien trop été violé !
Assez de la famine arpentant le volet.
Est bientôt votre tête errera toute seule
Elle sera coupée de votre corps si veule.
Sire, ça pue les rues, ça bave dans la nuit
Sire, la faim, la faim, brille jusqu’à minuit ! »
Le bourreau se tournant vers la foule hurlante
Cria :
« – Vox populi ! frères, l’aube est brûlante ! »
Puis il se retourna vers le gros roi pâlot
« – Je vais te découper la tête, grand salaud !
Je la couronnerai avec le bonnet rouge !
Et je la traînerai dans le plus sale bouge ! »
À ces mots le bourreau de sa main de titan
Empoigna fortement la corde. En un instant
Cessèrent les tambours et s’abattit la lame
Sur le roi très ventru qui suait tel une âme
Saoule, et perdit sa tête immonde qui tomba
Quand s’agita un vent au goût de vieux tabac
Et pendant un instant très court ces sans-culottes
Avaient flanché de peur et leurs têtes pâlottes,
Malades, regardaient, l’abominable horreur
Qui vivait devant eux, tressaillant de terreur
La ville, le ciel, l’air, le temps plus rien ne bouge !
Et quand l’ancien roi fut vêtu d’un bonnet rouge.
L’exécuteur le mis sur une pique et la
Voix portante gueula :
« – Merde à ces nobles-là !
Crapule, citoyen, peuple français, canaille
Cette vermine est morte ainsi qu’une volaille.
Regardez donc le ciel ! Il sent fort la gaieté
Allons, allons, français ! vive la liberté !
Et celui qui sera citoyen malhonnête
Ah, se retrouvera pareil à lui : sans tête ! »
Et agitant le pique il partit en chantant…
La vraie démocratie n’a qu’un seul prix : Le sang !
Tout Paris attendait ce moment jouissif
Et dans toutes les rues retentissait poussif
L’énorme voix commune à la brûlante haleine
Qui chantait d’une teinte ivre, et ardente, et pleine
Quand sur la grande place où Paris fourmillait
S’arrêta la voiture où le roi gentillet
Étais assis derrière et contemplait la foule,
Un peu peureux du bruit, tel celui d’une houle,
Que son peuple faisait mécontent, furieux,
Qui réclamait sa mort en ce jour glorieux.
Puis quand Santerre ouvrit la porte du cortège
Et que le condamné descendit de son siège
Le tiers-monde pris des pierres et les lança
Avec force sur le roi déchu, le forçat.
Calme, le traître ôta sa redingote brune
Toujours sous la huée et l’injure commune
On coupa ses cheveux et découpa son col
Et comme sous la forte emprise de l’alcool
Le captif assommé et de plus en plus pâle
Avançait doucement vers l’échafaud très sale
Et quand il fut dessus, d’un ton fort fracassant
Le roi hurla aux gens :
« – Je meurs en innocent !
Je suis innocent de tout ce dont on m’accuse ! »
Mais l’ample raillerie générale et profuse
Résonna de plus belle à ce pauvre discours
À cet engagement, à ce dernier recours.
Le bourreau pris le roi et lui dit :
« – Vois, observe,
Ton peuple, ces gens-là, cette foule s’énerve.
Ils désirent ta tête, ils attendent ta mort. »
Et serrant dans sa main la tête encor plus fort
« – Regarde-les bien tous, ces hommes en colère
Que tu voles chaque an tout le pain de leur terre
Ô mon si pauvre roi, le peuple est affamé.
La révolution qu’on a tant proclamé
Sera sous peu finie, vive la république !
Elle naîtra bientôt, après ta mort publique.
Ô sire, ça gargouille ici, c’est un foutoir !
Car ils attendent tous quand sur le grand trottoir
Ils pourront marteler ta tête pitoyable
D’horribles coups de pieds, ô mon roi misérable.
Sire, vois-tu, vois-tu ces gens sur le pavé
Qui t’insulte sans cesse et t’ont fort dépravé
Ces paysans, ces gueux, toute la populace
Qui meurt, qui meurt de faim ô sire, dans la crasse
Qui chante : » – ah, ça ira, ça ira… « Tout le jour,
Et marche de l’avant au bruit d’un gros tambour.
Oh ! chaque homme et son fils, chaque femme et sa fille
Oh ! ceux-là, l’ont brûlé, ô mon roi, ta bastille !
Et puis quoi tu croyais être apte à t’en sortir
Et dire que c’est toi le saint, le grand martyr !
Mais quand tu te vautrais dans ta belle demeure
Des enfants, des bébés crevaient de faim chaque heure. »
Le roi qui devenait blanc et plein de sueurs
Épiait de ses yeux craintifs et sans lueurs
La foule gigantesque, angoissante, effroyable,
L’insulter. Le bourreau de sa main incroyable
Désigna le public impatient :
« – Tu vois,
Le cri du peuple est le plus fort. Entends, sa voix
Qui demande vengeance et quémande ta tête
Pour l’observer gésir et que ce soit la fête.
Et si les anciens rois s’offusquent, tralala !
Ah ! n’est-ce pas, vous tous ? Mort à ces marauds-là !
L’entends-tu, l’entends-tu, sire, c’est la crapule
Grouillante dans les rues, les estomacs qui brûlent
La tronche ensevelie de gros pustules noirs
Dehors vis et s’accroît loin de tes grands manoirs,
Sous la pluie, dans la peste, et les flaques de boues
Pendant que vous goinfrez de pain vos grosses joues,
La crapule dehors se tortille de faim
Et comme un affreux ver, elle rampe sans fin.
Mais croyais-tu vraiment t’échapper de la France
Et délaisser ainsi tout ton peuple en souffrance ?
Tu croyais pouvoir prendre encor tout notre pain
Te voilà maintenant fait ainsi qu’un lapin.
Et nous avons repris nos dues aux tuileries,
Mais aussi dépouillé toutes boulangeries.
Oh non, sire, Paris n’est plus une putain
Et elle arrive pour reprendre son butin
Que vous avez volé ; mais nous sommes, nous sommes
Devenu mon grand roi, devenu de vrais hommes !
Le peuple a déjà bien trop été violé !
Assez de la famine arpentant le volet.
Est bientôt votre tête errera toute seule
Elle sera coupée de votre corps si veule.
Sire, ça pue les rues, ça bave dans la nuit
Sire, la faim, la faim, brille jusqu’à minuit ! »
Le bourreau se tournant vers la foule hurlante
Cria :
« – Vox populi ! frères, l’aube est brûlante ! »
Puis il se retourna vers le gros roi pâlot
« – Je vais te découper la tête, grand salaud !
Je la couronnerai avec le bonnet rouge !
Et je la traînerai dans le plus sale bouge ! »
À ces mots le bourreau de sa main de titan
Empoigna fortement la corde. En un instant
Cessèrent les tambours et s’abattit la lame
Sur le roi très ventru qui suait tel une âme
Saoule, et perdit sa tête immonde qui tomba
Quand s’agita un vent au goût de vieux tabac
Et pendant un instant très court ces sans-culottes
Avaient flanché de peur et leurs têtes pâlottes,
Malades, regardaient, l’abominable horreur
Qui vivait devant eux, tressaillant de terreur
La ville, le ciel, l’air, le temps plus rien ne bouge !
Et quand l’ancien roi fut vêtu d’un bonnet rouge.
L’exécuteur le mis sur une pique et la
Voix portante gueula :
« – Merde à ces nobles-là !
Crapule, citoyen, peuple français, canaille
Cette vermine est morte ainsi qu’une volaille.
Regardez donc le ciel ! Il sent fort la gaieté
Allons, allons, français ! vive la liberté !
Et celui qui sera citoyen malhonnête
Ah, se retrouvera pareil à lui : sans tête ! »
Et agitant le pique il partit en chantant…
La vraie démocratie n’a qu’un seul prix : Le sang !
Guillaume Racidet
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Poème en Phonétique
(plasə də la ʁevɔlysjɔ̃, vɛ̃t- e tœ̃ ʒɑ̃vje milə sεt sɑ̃ katʁə vɛ̃- tʁεzə)
tu paʁiz- atɑ̃dε sə mɔmɑ̃ ʒuisif
e dɑ̃ tutə lε ʁy ʁətɑ̃tisε pusif
lenɔʁmə vwa kɔmynə a la bʁylɑ̃tə-alεnə
ki ʃɑ̃tε dynə tɛ̃tə ivʁə, e aʁdɑ̃tə, e plεnə
kɑ̃ syʁ la ɡʁɑ̃də plasə u paʁi fuʁmijε
saʁεta la vwatyʁə u lə ʁwa ʒɑ̃tijε
etεz- asi dəʁjεʁə e kɔ̃tɑ̃plε la fulə,
œ̃ pø pəʁø dy bʁɥi, tεl səlɥi dynə ulə,
kə sɔ̃ pəplə fəzε mekɔ̃tɑ̃, fyʁjø,
ki ʁeklamε sa mɔʁ ɑ̃ sə ʒuʁ ɡlɔʁjø.
pɥi kɑ̃ sɑ̃teʁə uvʁi la pɔʁtə dy kɔʁtεʒə
e kə lə kɔ̃damne desɑ̃di də sɔ̃ sjεʒə
lə tjεʁ mɔ̃də pʁi dε pjeʁəz- e lε lɑ̃sa
avεk fɔʁsə syʁ lə ʁwa deʃy, lə fɔʁsa.
kalmə, lə tʁεtʁə ota sa ʁədɛ̃ɡɔtə bʁynə
tuʒuʁ su la ye e lɛ̃ʒyʁə kɔmynə
ɔ̃ kupa sε ʃəvøz- e dekupa sɔ̃ kɔl
e kɔmə su la fɔʁtə ɑ̃pʁizə də lalkɔl
lə kaptif asɔme e də plysz- ɑ̃ plys palə
avɑ̃sε dusəmɑ̃ vεʁ leʃafo tʁε salə
e kɑ̃t- il fy dəsy, dœ̃ tɔ̃ fɔʁ fʁakasɑ̃
lə ʁwa yʁla o ʒɑ̃ :
« ʒə mœʁz- ɑ̃n- inɔse !
ʒə sɥiz- inɔse də tu sə dɔ̃ ɔ̃ makyzə ! »
mε lɑ̃plə ʁajʁi ʒeneʁalə e pʁɔfyzə
ʁezɔna də plys bεllə a sə povʁə diskuʁ
a sεt ɑ̃ɡaʒəmɑ̃, a sə dεʁnje ʁəkuʁ.
lə buʁʁo pʁi lə ʁwa e lɥi di :
« vwa, ɔpsεʁvə,
tɔ̃ pəplə, sε ʒɑ̃ la, sεtə fulə senεʁvə.
il deziʁe ta tεtə, ilz- atɑ̃de ta mɔʁ. »
e seʁɑ̃ dɑ̃ sa mɛ̃ la tεtə ɑ̃kɔʁ plys fɔʁ
« ʁəɡaʁdə lε bjɛ̃ tus, sεz- ɔməz- ɑ̃ kɔlεʁə
kə ty vɔlə ʃakə ɑ̃ tu lə pɛ̃ də lœʁ teʁə
o mɔ̃ si povʁə ʁwa, lə pəplə εt- afame.
la ʁevɔlysjɔ̃ kɔ̃n- a tɑ̃ pʁɔklame
səʁa su pø fini, vivə la ʁepyblikə !
εllə nεtʁa bjɛ̃to, apʁε ta mɔʁ pyblikə.
o siʁə, sa ɡaʁɡujə isi, sεt- œ̃ futwaʁ !
kaʁ ilz- atɑ̃de tus kɑ̃ syʁ lə ɡʁɑ̃ tʁɔtwaʁ
il puʁʁɔ̃ maʁtəle ta tεtə pitwajablə
dɔʁiblə ku də pje, o mɔ̃ ʁwa mizeʁablə.
siʁə, vwa ty, vwa ty sε ʒɑ̃ syʁ lə pave
ki tɛ̃syltə sɑ̃ sεsə e tɔ̃ fɔʁ depʁave
sε pεizɑ̃, sε ɡø, tutə la pɔpylasə
ki məʁ, ki məʁ də fɛ̃ o siʁə, dɑ̃ la kʁasə
ki ʃɑ̃tə : » a, sa iʁa, sa iʁa… « tu lə ʒuʁ,
e maʁʃə də lavɑ̃ o bʁɥi dœ̃ ɡʁo tɑ̃buʁ.
ɔ ! ʃakə ɔmə e sɔ̃ fis, ʃakə famə e sa fijə
ɔ ! sø la, lɔ̃ bʁyle, o mɔ̃ ʁwa, ta bastijə !
e pɥi kwa ty kʁwajεz- εtʁə aptə a tɑ̃ sɔʁtiʁ
e diʁə kə sε twa lə sɛ̃, lə ɡʁɑ̃ maʁtiʁ !
mε kɑ̃ ty tə votʁε dɑ̃ ta bεllə dəməʁə
dεz- ɑ̃fɑ̃, dε bebe kʁəvε də fɛ̃ ʃakə œʁ. »
lə ʁwa ki dəvənε blɑ̃ e plɛ̃ də sɥœʁ
epjε də sεz- iø kʁɛ̃tifz- e sɑ̃ lɥœʁ
la fulə ʒiɡɑ̃tεskə, ɑ̃ɡwasɑ̃tə, efʁwajablə,
lɛ̃sylte. lə buʁʁo də sa mɛ̃ ɛ̃kʁwajablə
deziɲa lə pyblik ɛ̃pasjɑ̃ :
« ty vwa,
lə kʁi dy pəplə ε lə plys fɔʁ. ɑ̃tɑ̃, sa vwa
ki dəmɑ̃də vɑ̃ʒɑ̃sə e kemɑ̃də ta tεtə
puʁ lɔpsεʁve ʒeziʁ e kə sə swa la fεtə.
e si lεz- ɑ̃sjɛ̃ ʁwa sɔfyske, tʁalala !
a ! nε sə pa, vu tus ? mɔʁ a sε maʁo la !
lɑ̃tɑ̃ ty, lɑ̃tɑ̃ ty, siʁə, sε la kʁapylə
ɡʁujɑ̃tə dɑ̃ lε ʁy, lεz- εstɔmak ki bʁyle
la tʁɔ̃ʃə ɑ̃səvəli də ɡʁo pystylə nwaʁ
dəɔʁ vis e sakʁwa lwɛ̃ də tε ɡʁɑ̃ manwaʁ,
su la plɥi, dɑ̃ la pεstə, e lε flak də bu
pɑ̃dɑ̃ kə vu ɡwɛ̃fʁe də pɛ̃ vo ɡʁɔsə ʒu,
la kʁapylə dəɔʁ sə tɔʁtijə də fɛ̃
e kɔmə œ̃n- afʁø vεʁ, εllə ʁɑ̃pə sɑ̃ fɛ̃.
mε kʁwajε ty vʁεmɑ̃ teʃape də la fʁɑ̃sə
e delεse ɛ̃si tu tɔ̃ pəplə ɑ̃ sufʁɑ̃sə ?
ty kʁwajε puvwaʁ pʁɑ̃dʁə ɑ̃kɔʁ tu nɔtʁə pɛ̃
tə vwala mɛ̃tənɑ̃ fε ɛ̃si kœ̃ lapɛ̃.
e nuz- avɔ̃ ʁəpʁi no dɥz- o tɥiləʁi,
mεz- osi depuje tutə bulɑ̃ʒəʁi.
ɔ nɔ̃, siʁə, paʁi nε plysz- ynə pytɛ̃
e εllə aʁivə puʁ ʁəpʁɑ̃dʁə sɔ̃ bytɛ̃
kə vuz- ave vɔle, mε nu sɔmə, nu sɔmə
dəvəny mɔ̃ ɡʁɑ̃ ʁwa, dəvəny də vʁεz- ɔmə !
lə pəplə a deʒa bjɛ̃ tʁo ete vjɔle !
ase də la faminə aʁpɑ̃tɑ̃ lə vɔlε.
ε bjɛ̃to vɔtʁə tεtə eʁəʁa tutə sələ
εllə səʁa kupe də vɔtʁə kɔʁ si vələ.
siʁə, sa pɥ lε ʁy, sa bavə dɑ̃ la nɥi
siʁə, la fɛ̃, la fɛ̃, bʁijə ʒyska minɥi ! »
lə buʁʁo sə tuʁnɑ̃ vεʁ la fulə yʁlɑ̃tə
kʁja :
« vɔks pɔpyli ! fʁεʁə, lobə ε bʁylɑ̃tə ! »
pɥiz- il sə ʁətuʁna vεʁ lə ɡʁo ʁwa palo
« ʒə vε tə dekupe la tεtə, ɡʁɑ̃ salo !
ʒə la kuʁɔnəʁε avεk lə bɔnε ʁuʒə !
e ʒə la tʁεnəʁε dɑ̃ lə plys salə buʒə ! »
a sε mo lə buʁʁo də sa mɛ̃ də titɑ̃
ɑ̃pwaɲa fɔʁtəmɑ̃ la kɔʁdə. ɑ̃n- œ̃n- ɛ̃stɑ̃
sesεʁe lε tɑ̃buʁz- e sabati la lamə
syʁ lə ʁwa tʁε vɑ̃tʁy ki sɥε tεl ynə amə
saulə, e pεʁdi sa tεtə imɔ̃də ki tɔ̃ba
kɑ̃ saʒita œ̃ vɑ̃ o ɡu də vjø taba
e pɑ̃dɑ̃ œ̃n- ɛ̃stɑ̃ tʁε kuʁ sε sɑ̃ kylɔtə
avε flɑ̃ʃe də pœʁ e lœʁ tεtə palɔtə,
maladə, ʁəɡaʁdε, labɔminablə ɔʁœʁ
ki vivε dəvɑ̃ ø, tʁesajɑ̃ də teʁœʁ
la vilə, lə sjεl, lεʁ, lə tɑ̃ plys ʁjɛ̃ nə buʒə !
e kɑ̃ lɑ̃sjɛ̃ ʁwa fy vεty dœ̃ bɔnε ʁuʒə.
lεɡzekytœʁ lə mi syʁ ynə pikə e la
vwa pɔʁtɑ̃tə ɡəla :
« mεʁdə a sε nɔblə la !
kʁapylə, sitwajɛ̃, pəplə fʁɑ̃sε, kanajə
sεtə vεʁminə ε mɔʁtə ɛ̃si kynə vɔlajə.
ʁəɡaʁde dɔ̃k lə sjεl ! il sɑ̃ fɔʁ la ɡεəte
alɔ̃, alɔ̃, fʁɑ̃sε ! vivə la libεʁte !
e səlɥi ki səʁa sitwajɛ̃ malɔnεtə
a, sə ʁətʁuvəʁa paʁεj a lɥi : sɑ̃ tεtə ! »
e aʒitɑ̃ lə pikə il paʁti ɑ̃ ʃɑ̃tɑ̃…
la vʁε demɔkʁasi na kœ̃ səl pʁi : lə sɑ̃ !
tu paʁiz- atɑ̃dε sə mɔmɑ̃ ʒuisif
e dɑ̃ tutə lε ʁy ʁətɑ̃tisε pusif
lenɔʁmə vwa kɔmynə a la bʁylɑ̃tə-alεnə
ki ʃɑ̃tε dynə tɛ̃tə ivʁə, e aʁdɑ̃tə, e plεnə
kɑ̃ syʁ la ɡʁɑ̃də plasə u paʁi fuʁmijε
saʁεta la vwatyʁə u lə ʁwa ʒɑ̃tijε
etεz- asi dəʁjεʁə e kɔ̃tɑ̃plε la fulə,
œ̃ pø pəʁø dy bʁɥi, tεl səlɥi dynə ulə,
kə sɔ̃ pəplə fəzε mekɔ̃tɑ̃, fyʁjø,
ki ʁeklamε sa mɔʁ ɑ̃ sə ʒuʁ ɡlɔʁjø.
pɥi kɑ̃ sɑ̃teʁə uvʁi la pɔʁtə dy kɔʁtεʒə
e kə lə kɔ̃damne desɑ̃di də sɔ̃ sjεʒə
lə tjεʁ mɔ̃də pʁi dε pjeʁəz- e lε lɑ̃sa
avεk fɔʁsə syʁ lə ʁwa deʃy, lə fɔʁsa.
kalmə, lə tʁεtʁə ota sa ʁədɛ̃ɡɔtə bʁynə
tuʒuʁ su la ye e lɛ̃ʒyʁə kɔmynə
ɔ̃ kupa sε ʃəvøz- e dekupa sɔ̃ kɔl
e kɔmə su la fɔʁtə ɑ̃pʁizə də lalkɔl
lə kaptif asɔme e də plysz- ɑ̃ plys palə
avɑ̃sε dusəmɑ̃ vεʁ leʃafo tʁε salə
e kɑ̃t- il fy dəsy, dœ̃ tɔ̃ fɔʁ fʁakasɑ̃
lə ʁwa yʁla o ʒɑ̃ :
« ʒə mœʁz- ɑ̃n- inɔse !
ʒə sɥiz- inɔse də tu sə dɔ̃ ɔ̃ makyzə ! »
mε lɑ̃plə ʁajʁi ʒeneʁalə e pʁɔfyzə
ʁezɔna də plys bεllə a sə povʁə diskuʁ
a sεt ɑ̃ɡaʒəmɑ̃, a sə dεʁnje ʁəkuʁ.
lə buʁʁo pʁi lə ʁwa e lɥi di :
« vwa, ɔpsεʁvə,
tɔ̃ pəplə, sε ʒɑ̃ la, sεtə fulə senεʁvə.
il deziʁe ta tεtə, ilz- atɑ̃de ta mɔʁ. »
e seʁɑ̃ dɑ̃ sa mɛ̃ la tεtə ɑ̃kɔʁ plys fɔʁ
« ʁəɡaʁdə lε bjɛ̃ tus, sεz- ɔməz- ɑ̃ kɔlεʁə
kə ty vɔlə ʃakə ɑ̃ tu lə pɛ̃ də lœʁ teʁə
o mɔ̃ si povʁə ʁwa, lə pəplə εt- afame.
la ʁevɔlysjɔ̃ kɔ̃n- a tɑ̃ pʁɔklame
səʁa su pø fini, vivə la ʁepyblikə !
εllə nεtʁa bjɛ̃to, apʁε ta mɔʁ pyblikə.
o siʁə, sa ɡaʁɡujə isi, sεt- œ̃ futwaʁ !
kaʁ ilz- atɑ̃de tus kɑ̃ syʁ lə ɡʁɑ̃ tʁɔtwaʁ
il puʁʁɔ̃ maʁtəle ta tεtə pitwajablə
dɔʁiblə ku də pje, o mɔ̃ ʁwa mizeʁablə.
siʁə, vwa ty, vwa ty sε ʒɑ̃ syʁ lə pave
ki tɛ̃syltə sɑ̃ sεsə e tɔ̃ fɔʁ depʁave
sε pεizɑ̃, sε ɡø, tutə la pɔpylasə
ki məʁ, ki məʁ də fɛ̃ o siʁə, dɑ̃ la kʁasə
ki ʃɑ̃tə : » a, sa iʁa, sa iʁa… « tu lə ʒuʁ,
e maʁʃə də lavɑ̃ o bʁɥi dœ̃ ɡʁo tɑ̃buʁ.
ɔ ! ʃakə ɔmə e sɔ̃ fis, ʃakə famə e sa fijə
ɔ ! sø la, lɔ̃ bʁyle, o mɔ̃ ʁwa, ta bastijə !
e pɥi kwa ty kʁwajεz- εtʁə aptə a tɑ̃ sɔʁtiʁ
e diʁə kə sε twa lə sɛ̃, lə ɡʁɑ̃ maʁtiʁ !
mε kɑ̃ ty tə votʁε dɑ̃ ta bεllə dəməʁə
dεz- ɑ̃fɑ̃, dε bebe kʁəvε də fɛ̃ ʃakə œʁ. »
lə ʁwa ki dəvənε blɑ̃ e plɛ̃ də sɥœʁ
epjε də sεz- iø kʁɛ̃tifz- e sɑ̃ lɥœʁ
la fulə ʒiɡɑ̃tεskə, ɑ̃ɡwasɑ̃tə, efʁwajablə,
lɛ̃sylte. lə buʁʁo də sa mɛ̃ ɛ̃kʁwajablə
deziɲa lə pyblik ɛ̃pasjɑ̃ :
« ty vwa,
lə kʁi dy pəplə ε lə plys fɔʁ. ɑ̃tɑ̃, sa vwa
ki dəmɑ̃də vɑ̃ʒɑ̃sə e kemɑ̃də ta tεtə
puʁ lɔpsεʁve ʒeziʁ e kə sə swa la fεtə.
e si lεz- ɑ̃sjɛ̃ ʁwa sɔfyske, tʁalala !
a ! nε sə pa, vu tus ? mɔʁ a sε maʁo la !
lɑ̃tɑ̃ ty, lɑ̃tɑ̃ ty, siʁə, sε la kʁapylə
ɡʁujɑ̃tə dɑ̃ lε ʁy, lεz- εstɔmak ki bʁyle
la tʁɔ̃ʃə ɑ̃səvəli də ɡʁo pystylə nwaʁ
dəɔʁ vis e sakʁwa lwɛ̃ də tε ɡʁɑ̃ manwaʁ,
su la plɥi, dɑ̃ la pεstə, e lε flak də bu
pɑ̃dɑ̃ kə vu ɡwɛ̃fʁe də pɛ̃ vo ɡʁɔsə ʒu,
la kʁapylə dəɔʁ sə tɔʁtijə də fɛ̃
e kɔmə œ̃n- afʁø vεʁ, εllə ʁɑ̃pə sɑ̃ fɛ̃.
mε kʁwajε ty vʁεmɑ̃ teʃape də la fʁɑ̃sə
e delεse ɛ̃si tu tɔ̃ pəplə ɑ̃ sufʁɑ̃sə ?
ty kʁwajε puvwaʁ pʁɑ̃dʁə ɑ̃kɔʁ tu nɔtʁə pɛ̃
tə vwala mɛ̃tənɑ̃ fε ɛ̃si kœ̃ lapɛ̃.
e nuz- avɔ̃ ʁəpʁi no dɥz- o tɥiləʁi,
mεz- osi depuje tutə bulɑ̃ʒəʁi.
ɔ nɔ̃, siʁə, paʁi nε plysz- ynə pytɛ̃
e εllə aʁivə puʁ ʁəpʁɑ̃dʁə sɔ̃ bytɛ̃
kə vuz- ave vɔle, mε nu sɔmə, nu sɔmə
dəvəny mɔ̃ ɡʁɑ̃ ʁwa, dəvəny də vʁεz- ɔmə !
lə pəplə a deʒa bjɛ̃ tʁo ete vjɔle !
ase də la faminə aʁpɑ̃tɑ̃ lə vɔlε.
ε bjɛ̃to vɔtʁə tεtə eʁəʁa tutə sələ
εllə səʁa kupe də vɔtʁə kɔʁ si vələ.
siʁə, sa pɥ lε ʁy, sa bavə dɑ̃ la nɥi
siʁə, la fɛ̃, la fɛ̃, bʁijə ʒyska minɥi ! »
lə buʁʁo sə tuʁnɑ̃ vεʁ la fulə yʁlɑ̃tə
kʁja :
« vɔks pɔpyli ! fʁεʁə, lobə ε bʁylɑ̃tə ! »
pɥiz- il sə ʁətuʁna vεʁ lə ɡʁo ʁwa palo
« ʒə vε tə dekupe la tεtə, ɡʁɑ̃ salo !
ʒə la kuʁɔnəʁε avεk lə bɔnε ʁuʒə !
e ʒə la tʁεnəʁε dɑ̃ lə plys salə buʒə ! »
a sε mo lə buʁʁo də sa mɛ̃ də titɑ̃
ɑ̃pwaɲa fɔʁtəmɑ̃ la kɔʁdə. ɑ̃n- œ̃n- ɛ̃stɑ̃
sesεʁe lε tɑ̃buʁz- e sabati la lamə
syʁ lə ʁwa tʁε vɑ̃tʁy ki sɥε tεl ynə amə
saulə, e pεʁdi sa tεtə imɔ̃də ki tɔ̃ba
kɑ̃ saʒita œ̃ vɑ̃ o ɡu də vjø taba
e pɑ̃dɑ̃ œ̃n- ɛ̃stɑ̃ tʁε kuʁ sε sɑ̃ kylɔtə
avε flɑ̃ʃe də pœʁ e lœʁ tεtə palɔtə,
maladə, ʁəɡaʁdε, labɔminablə ɔʁœʁ
ki vivε dəvɑ̃ ø, tʁesajɑ̃ də teʁœʁ
la vilə, lə sjεl, lεʁ, lə tɑ̃ plys ʁjɛ̃ nə buʒə !
e kɑ̃ lɑ̃sjɛ̃ ʁwa fy vεty dœ̃ bɔnε ʁuʒə.
lεɡzekytœʁ lə mi syʁ ynə pikə e la
vwa pɔʁtɑ̃tə ɡəla :
« mεʁdə a sε nɔblə la !
kʁapylə, sitwajɛ̃, pəplə fʁɑ̃sε, kanajə
sεtə vεʁminə ε mɔʁtə ɛ̃si kynə vɔlajə.
ʁəɡaʁde dɔ̃k lə sjεl ! il sɑ̃ fɔʁ la ɡεəte
alɔ̃, alɔ̃, fʁɑ̃sε ! vivə la libεʁte !
e səlɥi ki səʁa sitwajɛ̃ malɔnεtə
a, sə ʁətʁuvəʁa paʁεj a lɥi : sɑ̃ tεtə ! »
e aʒitɑ̃ lə pikə il paʁti ɑ̃ ʃɑ̃tɑ̃…
la vʁε demɔkʁasi na kœ̃ səl pʁi : lə sɑ̃ !