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Poeme : Casanova, Histoire De Ma Vie



Casanova, Histoire De Ma Vie

Ce fut un vrai plaisir de cultiver mes sens :
Voilà, dans ma vie, ma principale affaire.
J’ai toujours voulu prouver mon existence
En me laissant vivre, baigné de lumière.
Oui, me sentant né pour le sexe différent,
Je l’ai toujours aimé, et je m’en fis
Aimer tant que j’ai pu. Sans
Elles, je n’étais rien ; et c’est par pur défi,
Aimable bonté, que je les ai conquise,
Les traitant en Reine, en Princesse, en Marquise !
J’ai aussi aimé les hauts mets avec transport,
Les plateaux argentés et les cuillères d’or !
Droit, je suis un homme fin de délicatesse,
Je l’admets, charmeur, poussant à l’adultère…
Mais je fus aimé de toutes mes maîtresses !
J’ai chéri, passionnément, tous les objets faits
Pour exciter ma curiosité. En effet,
Je n’ai qu’une loi : aimer, et être Libre.
Puissé-je, lecteur, mes vers vous faire vivre…

Oui, « ne quicquam sapit qui sibi non sapit »
Je vous livre, Ô Lecteur, la clé de mon mérite.
« Inutile Sagesse, si l’on n’est pour soi-même ! »
Voici mon histoire : celle de l’homme qui aime.
Et tout ce que j’ai fait de bon ou de mauvais,
Bien sûr d’avoir mérité et démérité,
Ayant bravé la mort sans cesse pour vivre,
Lors, par conséquent, je dois me croire : Libre.
Fi de toutes ces stoïciennes doctrines,
Et de toute autre secte sur la force du Destin !
Cette chimère infâme que le monde imagine !
Je déclare haut et fort que je suis bon et sain !
Ma philosophie, - qui n’a jamais rien gâté -
Me permit de voyager en mille contrées.

L’existence d’un Dieu, immatériel auteur,
Maître de toutes les formes, de tous les coeurs,
Douce Providence en laquelle je prie
À l’heure où le Soleil rencontre la Nuit,
A su maintes fois secourir mes détresses
Et, toujours exaucé, vécus peu de tristesses…

La prière fait disparaître le désespoir
Morbide. Après, l’homme confiant agit
Soigné de ce tourment qu’il ne cessait de voir.
La Poésie, L’Humour, le Sacré m’assagit.
Par quel stratagème, l’ Être des êtres
Est-il parvenu à protéger mon être ?
Comment m’a-t-il sauvé de malheurs imminents ?
Cela est au-dessus de mon entendement !
Mais puisque, toujours, toujours, ma vie fut sauvée
Je ne puis que le croire, ne puis que l’adorer !
Vie ! les vrais heureux sont ceux qui te chérissent !
Qui, pour rien au monde, la donne en sacrifice !

Il faut donc prier et obtenir grâce,
Et, quand bien même ne l’ayant pas obtenue
La Gratitude est le meilleur des saluts !
Car on obtient tout sous une autre apparence.
Pour ce qui regarde la posture du corps :
« Con le ginocchia della mente inchine »
« Il faut que les genoux de l’âme soients ployés »
Afin de laver son âme de tous ses torts

L’homme est libre ! mais ne l’est pas s’il le veut ;
Le Dieu, en sa clémence, exauce tous ses voeux
Car, plus il octroie de force à sa Destinée,
Alors, tout était convenu lorsqu’il fut né !

Pour ma part, libertin, je choisis la raison
Et préfère mourir que n’être sans passion !
Si humble ! nous ne pouvons que plaire
Aux âmes croisées dans cette vie éphémère.
Nous ne pouvons que plaire, qu’obéir à ce don
D’un Dieu « inexistant » et demander : « Pardon !
De vouloir, toujours, pleurer d’affliction ! »
Avancer sans guide, c’est une punition.

Etre homme libre n’est pas être licencieux,
Ni rien faire si ce n’est contempler les cieux,
Une passion vive peut l’aliéner ;
Perdrait-il son sang-froid qu’il s’annihilerait.
Ceci requiert Force, Calme et Sagesse,
Ténacité, Patience face à sa détresse !
Ô Lecteur ! Toi qui aimes à penser, tu liras
Dans mes mémoires, la Vie de Casanova !

Je n’ai jamais su viser à un point fixe.
Mes aventures et déboires sont prolixes.
Le seul système que j’eus, s’il en est un,
Fut de laisser le vent guider mes lendemains.
Vicissitudes de mon indépendance !
Mes infortunes, également que mes bonheurs,
M’ont fort démontré combien j’eus de chance,
Combien l’Univers m’accorda sa clémence
De cadeaux, d’aides, de soutiens dans mon malheur,
Que dans ce monde, tant physique que moral,
Le bien sort du mal, comme du bien le mal.
Egaré, j’allais par des chemins contraires ;
Pour seul flambeau, le Soleil, sa lumière !
Oui, il ne s’agit que d’avoir du courage !
Car force sans confiance ne sert à rien.
Ma circonspection m’évita maints faux-pas,
Et maints accablements, maints dangers, maints trépas !
Bien qu’intrépide, j’ai souvent trouvé Bonheur
A suivre, sans faillir, les chemins de mon coeur,
Et, quoiqu’en me blâmant, je me suis remercié
D’avoir su aller vite sans me précipiter !
Quoique dans ma conduite je fus mesuré
Quelque malheur fâcheux sur moi précipité
Par la sagesse ! Cela m’a humilié…
Mais, sûr d’avoir raison, je m’en suis consolé.
Je fus, toute ma vie, victime de mes sens,
De mes erreurs. Je me suis plus à m’égarer.
J’ai continuellement vécu passionné
De suivre mon instinct et mes divins principes.

Aussi, par cette raison, j’espère, Lecteur
Que vous puissiez souffrir l’impudente jactance
D’une confession qui frise la démence !
Oui ! jugez, par ces vers, l’état de son auteur !
Trinquons ensemble mes mille et une hardiesse !
Et buvons, buvons… aux folies de Jeunesse !
Rions, rions, rions ! Ayons donc de l’humour
En repensant aux pires, aux meilleurs de nos jours !

Il m’arriva d’escroquer des fripons,
Des sots, des étourdis, ai déguisé mon Nom,
Je l’ai fait, je l’ai fait, oui, sans aucun scrupule !
Ne point en profiter eut été ridicule !
Je suis d’un naturel filou, - je provoque !
Quant aux femmes ! Ah… ma foi… ce fut sexciproque !
Car quand l’Amour s’en mêle, on est d’ordinaire
Ou bien, dupe de quelqu’un, ou bien, adultère !
Quant aux sots ! ah ! je m’en félicite toujours,
Toujours, que d’en savoir jouer mille et un tours !
Car ils sont insolents, et bien présomptueux
A défier l’esprit, à se prendre pour Dieu !
Enfin, je vous le dis, - et je pèse mes mots :
On venge justement lorsque l’on trompe un sot.
Et c’est un exploit digne d’un homme d’esprit.
Vous choqué-je, Lecteur ? Vous voilà bien surpris !
Depuis que j’existe, j’eus une haine invincible
Contre cette engeance, et la choisis pour cible !
Différents des bêtes de peu d’éducation
Que j’aime assez, et écoute avec compassion !
J’en ai trouvé de fort honnête caractère
D’une sorte d’esprit qui finit par me plaire
Mais comment donc savoir si moi-même j’en suis ?
Afin de me connaître, écoutez ce qui suit…

Suis-je sage de conter, à toi, qui me lis,
A toi qui m’écoute, ma vie et mes folies ?
Non. Mais puisque j’aime rire de moi-même,
Alors, pourquoi m’abstiendrais-je de le faire ?
Rire de moi est un de mes meilleurs caractères !
Digne ou indigne, ma vie est ma matière,
Ma matière est ma vie, et fut celui de plaire !
Précepte aussi beau
Qu’un diamant de première eau
Brillanté en Angleterre !
Cette année est celle de mes soixante-douze ans ;
Et pourtant, je me sens comme si j’avais vingt ans !
Souvenirs des plaisirs que je renouvelle,
De mes peines, des Femmes qui furent Belle !
C’est que j’ai vécu et aimé éternellement
Dans ce temps bénit qu’on appelle : le Présent !
En qualité de Philosophe, l’Intelligence
Me fit parler souvent… et garder le silence.

Mon histoire devant commencer par le fait
Le plus reculé dont je puis me rappeler :
Ce sera l’âge de huit ans et quatre mois.
Je parlerai de tout, je parlerai de moi,
Des premiers reflets que je vis au miroir
De tout ce dont souvient ma divine mémoire.
Pituiteux, sanguin, bilieux, mélancolique
Furent dans ma vie mes quatre tempéraments.
Je mangeais à ma faim, évitant les coliques,
Et fus, dès mon plus jeune âge, indépendant.

Aujourd’hui, vieux comme je suis, j’ai besoin
D’aimer mon corps, - temple de l’âme ! - avec soin.
Je suis fort sensible aux attraits des Voluptés
Joyeux, fut ingénieux à en inventer !
De mon tempérament vint mon inclination
A vivre de nouveauté et de Passion
A rencontrer, aimer, puis rompre sans raison,
Connaissant l’issue, jamais par légèreté,
Jugez, alors, si je suis bon, ou bien, mauvais !

Mais je crois pouvoir dire que je vais vous plaire,
Puisque la physionomie suit le caractère !
Voyez ! je me livre sans nul déguisement
Tel que je fus, et suis, à vos jugements !
Si l’espoir que j’ai de plaire me trompe,
Du moins verrai-je la Mort en fastes, et pompes !
Reconnaissant toujours pour cause principale
Toutes conséquences qui me firent mal,
Ma vie fut d’un éternel autodidacte
Et seul, avec Dieu, ai conclu mes pactes.
Elbaidieanul

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Poème en Phonétique

sə fy œ̃ vʁε plεziʁ də kyltive mε sɑ̃s :
vwala, dɑ̃ ma vi, ma pʁɛ̃sipalə afεʁə.
ʒε tuʒuʁ vuly pʁuve mɔ̃n- εɡzistɑ̃sə
ɑ̃ mə lεsɑ̃ vivʁə, bεɲe də lymjεʁə.
ui, mə sɑ̃tɑ̃ ne puʁ lə sεksə difeʁɑ̃,
ʒə lε tuʒuʁz- εme, e ʒə mɑ̃ fi
εme tɑ̃ kə ʒε py. sɑ̃
εllə, ʒə netε ʁjɛ̃, e sε paʁ pyʁ defi,
εmablə bɔ̃te, kə ʒə lεz- ε kɔ̃kizə,
lε tʁεtɑ̃ ɑ̃ ʁεnə, ɑ̃ pʁɛ̃sεsə, ɑ̃ maʁkizə !
ʒε osi εme lεz- o mεtz- avεk tʁɑ̃spɔʁ,
lε platoz- aʁʒɑ̃tez- e lε kɥjεʁə dɔʁ !
dʁwa, ʒə sɥiz- œ̃n- ɔmə fɛ̃ də delikatεsə,
ʒə ladmε, ʃaʁmœʁ, pusɑ̃ a ladyltεʁə…
mε ʒə fy εme də tutə mε mεtʁesə !
ʒε ʃeʁi, pasjɔnemɑ̃, tus lεz- ɔbʒε fε
puʁ εksite ma kyʁjozite. ɑ̃n- efε,
ʒə nε kynə lwa : εme, e εtʁə libʁə.
pɥise ʒə, lεktœʁ, mε vεʁ vu fεʁə vivʁə…

ui, « nə kikam sapi ki sibi nɔ̃ sapit »
ʒə vu livʁə, o lεktœʁ, la kle də mɔ̃ meʁitə.
« inytilə saʒεsə, si lɔ̃ nε puʁ swa mεmə ! »
vwasi mɔ̃n- istwaʁə : sεllə də lɔmə ki εmə.
e tu sə kə ʒε fε də bɔ̃ u də movε,
bjɛ̃ syʁ davwaʁ meʁite e demeʁite,
εjɑ̃ bʁave la mɔʁ sɑ̃ sεsə puʁ vivʁə,
lɔʁ, paʁ kɔ̃seke, ʒə dwa mə kʁwaʁə : libʁə.
fi də tutə sε stɔisjεnə dɔktʁinə,
e də tutə otʁə sεktə syʁ la fɔʁsə dy dεstɛ̃ !
sεtə ʃimεʁə ɛ̃famə kə lə mɔ̃də imaʒinə !
ʒə deklaʁə-o e fɔʁ kə ʒə sɥi bɔ̃ e sɛ̃ !
ma filozɔfi, ki na ʒamε ʁjɛ̃ ɡate
mə pεʁmi də vwajaʒe ɑ̃ milə kɔ̃tʁe.

lεɡzistɑ̃sə dœ̃ djø, imateʁjεl otœʁ,
mεtʁə də tutə lε fɔʁmə, də tus lε kœʁ,
dusə pʁɔvidɑ̃sə ɑ̃ lakεllə ʒə pʁi
a lœʁ u lə sɔlεj ʁɑ̃kɔ̃tʁə la nɥi,
a sy mɛ̃tə fwa səkuʁiʁ mε detʁesə
e, tuʒuʁz- εɡzose, vekys pø də tʁistesə…

la pʁjεʁə fε dispaʁεtʁə lə dezεspwaʁ
mɔʁbidə. apʁε, lɔmə kɔ̃fjɑ̃ aʒi
swaɲe də sə tuʁme kil nə sesε də vwaʁ.
la pɔezi, lymuʁ, lə sakʁe masaʒi.
paʁ kεl stʁataʒεmə, lεtʁə dεz- εtʁə
εt- il paʁvəny a pʁɔteʒe mɔ̃n- εtʁə ?
kɔmɑ̃ ma til sove də malœʁz- iminɑ̃ ?
səla εt- o dəsy də mɔ̃n- ɑ̃tɑ̃dəmɑ̃ !
mε pɥiskə, tuʒuʁ, tuʒuʁ, ma vi fy sove
ʒə nə pɥi kə lə kʁwaʁə, nə pɥi kə ladɔʁe !
vi ! lε vʁεz- œʁø sɔ̃ sø ki tə ʃeʁise !
ki, puʁ ʁjɛ̃ o mɔ̃də, la dɔnə ɑ̃ sakʁifisə !

il fo dɔ̃k pʁje e ɔptəniʁ ɡʁasə,
e, kɑ̃ bjɛ̃ mεmə nə lεjɑ̃ pa ɔptənɥ
la ɡʁatitydə ε lə mεjœʁ dε saly !
kaʁ ɔ̃n- ɔptjɛ̃ tu suz- ynə otʁə apaʁɑ̃sə.
puʁ sə ki ʁəɡaʁdə la pɔstyʁə dy kɔʁ :
« kɔ̃ lə ʒinɔkja dεlla mɑ̃tə ɛ̃ʃinə »
« il fo kə lε ʒənu də lamə swaɑ̃ plwajes »
afɛ̃ də lave sɔ̃n- amə də tus sε tɔʁ

lɔmə ε libʁə ! mε nə lε pa sil lə vø,
lə djø, ɑ̃ sa klemɑ̃sə, εɡzosə tus sε vø
kaʁ, plysz- il ɔktʁwa də fɔʁsə a sa dεstine,
alɔʁ, tut- etε kɔ̃vəny lɔʁskil fy ne !

puʁ ma paʁ, libεʁtɛ̃, ʒə ʃwazi la ʁεzɔ̃
e pʁefεʁə muʁiʁ kə nεtʁə sɑ̃ pasjɔ̃ !
si œ̃blə ! nu nə puvɔ̃ kə plεʁə
oz- amə kʁwaze dɑ̃ sεtə vi efemεʁə.
nu nə puvɔ̃ kə plεʁə, kɔbeiʁ a sə dɔ̃
dœ̃ djø « inεksistɑ̃t » εt dəmɑ̃de : « paʁdɔ̃ !
də vulwaʁ, tuʒuʁ, pləʁe dafliksjɔ̃ ! »
avɑ̃se sɑ̃ ɡidə, sεt- ynə pynisjɔ̃.

εtʁə ɔmə libʁə nε pa εtʁə lisɑ̃sjø,
ni ʁjɛ̃ fεʁə si sə nε kɔ̃tɑ̃ple lε sjø,
ynə pasjɔ̃ vivə pø laljene,
pεʁdʁε til sɔ̃ sɑ̃ fʁwa kil saniiləʁε.
səsi ʁəkjεʁ fɔʁsə, kalmə e saʒεsə,
tenasite, pasjɑ̃sə fasə a sa detʁεsə !
o lεktœʁ ! twa ki εməz- a pɑ̃se, ty liʁa
dɑ̃ mε memwaʁə, la vi də kazanɔva !

ʒə nε ʒamε sy vize a œ̃ pwɛ̃ fiksə.
mεz- avɑ̃tyʁəz- e debwaʁə sɔ̃ pʁɔliksə.
lə səl sistεmə kə ʒy, sil ɑ̃n- εt- œ̃,
fy də lεse lə vɑ̃ ɡide mε lɑ̃dəmɛ̃.
visisitydə də mɔ̃n- ɛ̃depɑ̃dɑ̃sə !
mεz- ɛ̃fɔʁtynə, eɡaləmɑ̃ kə mε bɔnœʁ,
mɔ̃ fɔʁ demɔ̃tʁe kɔ̃bjɛ̃ ʒy də ʃɑ̃sə,
kɔ̃bjɛ̃ lynive makɔʁda sa klemɑ̃sə
də kado, dεdə, də sutjɛ̃ dɑ̃ mɔ̃ malœʁ,
kə dɑ̃ sə mɔ̃də, tɑ̃ fizikə kə mɔʁal,
lə bjɛ̃ sɔʁ dy mal, kɔmə dy bjɛ̃ lə mal.
əɡaʁe, ʒalε paʁ dε ʃəmɛ̃ kɔ̃tʁεʁə,
puʁ səl flɑ̃bo, lə sɔlεj, sa lymjεʁə !
ui, il nə saʒi kə davwaʁ dy kuʁaʒə !
kaʁ fɔʁsə sɑ̃ kɔ̃fjɑ̃sə nə sεʁ a ʁjɛ̃.
ma siʁkɔ̃spεksjɔ̃ mevita mɛ̃ fo pa,
e mɛ̃z- akabləmɑ̃, mɛ̃ dɑ̃ʒe, mɛ̃ tʁepa !
bjɛ̃ kɛ̃tʁepidə, ʒε suvɑ̃ tʁuve bɔnœʁ
a sɥivʁə, sɑ̃ fajiʁ, lε ʃəmɛ̃ də mɔ̃ kœʁ,
e, kwakɑ̃ mə blamɑ̃, ʒə mə sɥi ʁəmεʁsje
davwaʁ sy ale vitə sɑ̃ mə pʁesipite !
kwakə dɑ̃ ma kɔ̃dɥitə ʒə fy məzyʁe
kεlkə malœʁ faʃø syʁ mwa pʁesipite
paʁ la saʒεsə ! səla ma ymilje…
mε, syʁ davwaʁ ʁεzɔ̃, ʒə mɑ̃ sɥi kɔ̃sɔle.
ʒə fy, tutə ma vi, viktimə də mε sɑ̃s,
də mεz- eʁœʁ. ʒə mə sɥi plysz- a meɡaʁe.
ʒε kɔ̃tinɥεllmɑ̃ veky pasjɔne
də sɥivʁə mɔ̃n- ɛ̃stɛ̃ e mε divɛ̃ pʁɛ̃sipə.

osi, paʁ sεtə ʁεzɔ̃, ʒεspεʁə, lεktœʁ
kə vu pɥisje sufʁiʁ lɛ̃pydɑ̃tə ʒaktɑ̃sə
dynə kɔ̃fesjɔ̃ ki fʁizə la demɑ̃sə !
ui ! ʒyʒe, paʁ sε vεʁ, leta də sɔ̃n- otœʁ !
tʁɛ̃kɔ̃z- ɑ̃sɑ̃blə mε milə e ynə-aʁdjεsə !
e byvɔ̃, byvɔ̃… o fɔli də ʒənεsə !
ʁjɔ̃, ʁjɔ̃, ʁjɔ̃ ! εjɔ̃ dɔ̃k də lymuʁ
ɑ̃ ʁəpɑ̃sɑ̃ o piʁə, o mεjœʁ də no ʒuʁ !

il maʁiva dεskʁɔke dε fʁipɔ̃,
dε so, dεz- etuʁdi, ε deɡize mɔ̃ nɔ̃,
ʒə lε fε, ʒə lε fε, ui, sɑ̃z- okœ̃ skʁypylə !
nə pwɛ̃ ɑ̃ pʁɔfite y ete ʁidikylə !
ʒə sɥi dœ̃ natyʁεl filu, ʒə pʁɔvɔkə !
kɑ̃ o famə ! a… ma fwa… sə fy sεksipʁɔkə !
kaʁ kɑ̃ lamuʁ sɑ̃ mεlə, ɔ̃n- ε dɔʁdinεʁə
u bjɛ̃, dypə də kεlkœ̃, u bjɛ̃, adyltεʁə !
kɑ̃ o so ! a ! ʒə mɑ̃ felisitə tuʒuʁ,
tuʒuʁ, kə dɑ̃ savwaʁ ʒue milə e œ̃ tuʁ !
kaʁ il sɔ̃t- ɛ̃sɔlɑ̃, e bjɛ̃ pʁezɔ̃ptɥø
a defje lεspʁi, a sə pʁɑ̃dʁə puʁ djø !
ɑ̃fɛ̃, ʒə vu lə di, e ʒə pεzə mε mo :
ɔ̃ vɑ̃ʒə ʒystəmɑ̃ lɔʁskə lɔ̃ tʁɔ̃pə œ̃ so.
e sεt- œ̃n- εksplwa diɲə dœ̃n- ɔmə dεspʁi.
vu ʃɔke ʒə, lεktœʁ ? vu vwala bjɛ̃ syʁpʁi !
dəpɥi kə ʒεɡzistə, ʒy ynə-εnə ɛ̃vɛ̃siblə
kɔ̃tʁə sεtə ɑ̃ʒɑ̃sə, e la ʃwazi puʁ siblə !
difeʁɑ̃ dε bεtə də pø dedykasjɔ̃
kə ʒεmə ase, e ekutə avεk kɔ̃pasjɔ̃ !
ʒɑ̃n- ε tʁuve də fɔʁ ɔnεtə kaʁaktεʁə
dynə sɔʁtə dεspʁi ki fini paʁ mə plεʁə
mε kɔmɑ̃ dɔ̃k savwaʁ si mwa mεmə ʒɑ̃ sɥi ?
afɛ̃ də mə kɔnεtʁə, ekute sə ki sɥi…

sɥi ʒə saʒə də kɔ̃te, a twa, ki mə li,
a twa ki mekutə, ma vi e mε fɔli ?
nɔ̃. mε pɥiskə ʒεmə ʁiʁə də mwa mεmə,
alɔʁ, puʁkwa mabstjɛ̃dʁε ʒə də lə fεʁə ?
ʁiʁə də mwa εt- œ̃ də mε mεjœʁ kaʁaktεʁə !
diɲə u ɛ̃diɲə, ma vi ε ma matjεʁə,
ma matjεʁə ε ma vi, e fy səlɥi də plεʁə !
pʁesεptə osi bo
kœ̃ djamɑ̃ də pʁəmjεʁə o
bʁijɑ̃te ɑ̃n- ɑ̃ɡləteʁə !
sεtə ane ε sεllə də mε swasɑ̃tə duzə ɑ̃,
e puʁtɑ̃, ʒə mə sɑ̃s kɔmə si ʒavε vɛ̃t- ɑ̃ !
suvəniʁ dε plεziʁ kə ʒə ʁənuvεllə,
də mε pεnə, dε famə ki fyʁe bεllə !
sε kə ʒε veky e εme etεʁnεllmɑ̃
dɑ̃ sə tɑ̃ beni kɔ̃n- apεllə : lə pʁezɑ̃ !
ɑ̃ kalite də filozɔfə, lɛ̃tεlliʒɑ̃sə
mə fi paʁle suvɑ̃… e ɡaʁde lə silɑ̃sə.

mɔ̃n- istwaʁə dəvɑ̃ kɔmɑ̃se paʁ lə fε
lə plys ʁəkyle dɔ̃ ʒə pɥi mə ʁapəle :
sə səʁa laʒə də ɥit ɑ̃ e katʁə mwa.
ʒə paʁləʁε də tu, ʒə paʁləʁε də mwa,
dε pʁəmje ʁəflε kə ʒə vis o miʁwaʁ
də tu sə dɔ̃ suvjɛ̃ ma divinə memwaʁə.
pitɥitø, sɑ̃ɡɛ̃, biljø, melɑ̃kɔlikə
fyʁe dɑ̃ ma vi mε katʁə tɑ̃peʁamɑ̃.
ʒə mɑ̃ʒεz- a ma fɛ̃, evitɑ̃ lε kɔlik,
e fy, dε mɔ̃ plys ʒənə aʒə, ɛ̃depɑ̃dɑ̃.

oʒuʁdɥi, vjø kɔmə ʒə sɥi, ʒε bəzwɛ̃
dεme mɔ̃ kɔʁ, tɑ̃plə də lamə ! avεk swɛ̃.
ʒə sɥi fɔʁ sɑ̃siblə oz- atʁε dε vɔlypte
ʒwajø, fy ɛ̃ʒenjøz- a ɑ̃n- ɛ̃vɑ̃te !
də mɔ̃ tɑ̃peʁame vɛ̃ mɔ̃n- ɛ̃klinasjɔ̃
a vivʁə də nuvote e də pasjɔ̃
a ʁɑ̃kɔ̃tʁe, εme, pɥi ʁɔ̃pʁə sɑ̃ ʁεzɔ̃,
kɔnεsɑ̃ lisɥ, ʒamε paʁ leʒεʁəte,
ʒyʒe, alɔʁ, si ʒə sɥi bɔ̃, u bjɛ̃, movε !

mε ʒə kʁwa puvwaʁ diʁə kə ʒə vε vu plεʁə,
pɥiskə la fizjonomi sɥi lə kaʁaktεʁə !
vwaje ! ʒə mə livʁə sɑ̃ nyl deɡizəmɑ̃
tεl kə ʒə fy, e sɥi, a vo ʒyʒəmɑ̃ !
si lεspwaʁ kə ʒε də plεʁə mə tʁɔ̃pə,
dy mwɛ̃ veʁε ʒə la mɔʁ ɑ̃ fastə, e pɔ̃pə !
ʁəkɔnεsɑ̃ tuʒuʁ puʁ kozə pʁɛ̃sipalə
tutə kɔ̃sekɑ̃sə ki mə fiʁe mal,
ma vi fy dœ̃n- etεʁnεl otɔdidaktə
e səl, avεk djø, ε kɔ̃kly mε paktə.