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Poeme : Deception De Jeanne. Nouvelle.



Deception De Jeanne. Nouvelle.

Jeanne après cinquante années revient dans sa ville, elle y avait vécu à neuf ans, ses parents y ayant habité deux ans. Ils logeaient près du château, elle accompagnait sa maman qui y travaillait parfois. Femme de ménage ou serveuse, à cette époque ces châtelains employaient beaucoup de personnes à leurs services.

Où est sa maison ? Elle regarde, tout est récent, triste béton. Se retourne, le château, derrière les grands arbres la rassurent, son regard se lève sur un ciel bleu-myosotis pale.
Des nuages se meurent en filaments de coton, le chant mélodieux des petits oiseaux se mêle, hélas, au tintamarre des voitures vitres baissées, d’où s’échappent en cacophonie désagréable du rock, du rap et même du musette, ho ! Monde de folie virtuelle…

Plus de propriétaires, la grande demeure sert à y accrocher des tableaux, pas seulement des œuvres impressionnistes, glorifiant cette si merveilleuse nature, non des croutes, des peintures abstraites, un enfant ferait de même ! Où sont les nymphéas, les chemins qui se perdent dans les bois, les champs de coquelicots éclatants, submergeant le jaune des blés murs, les ponts japonais croulant sous les glycines ?
Non, des couleurs violentes, appliquées, plutôt jetées au hasard, ha oui ! Mais un artiste reconnu, elle sourit…
Ce parc avant si beau, un peu sauvage, où fleurs et plantes vivaces s’entremêlaient dans un désordre naturel. Ce chien, un immense Danois arlequin, gardien vigilant à la gueule mousseuse, montrant ses crocs puissants, mort depuis longtemps, le temps fuit, ses maîtres l’ont rejoins. Dans le cimetière, leur sépulture s’est manifestée, elle pensait à eux, se tourne à sa gauche, pas possible ! Elle voit leur nom inscrit en jolies lettres dorées, Dieu, elle en est persuadée est intervenu. Elle a prié sur leur caveau.

Que c’était beau chez eux, des tapis d’Orient, porcelaines chinoises, tableaux de maîtres, meubles en marquèterie, incrustés d’ivoire et d’écailles de tortues aux reflets d’arc en ciel, de cuir… Ses souvenirs lui reviennent intacts. Des bois d’ébène, d’acajou, de ronce de noyer, de frêne, ho ces senteurs puissantes. Les trophées du comte, de ses ancêtres, ours, tigres, lions, loups, les chasses lointaines…
Maintenant ces pièces sont là, mais mortes, leur âme s’en est allée, rejoignant leurs propriétaires. Des cordes délimitent l’accès à ce qu’enfant elle touchait, sa maman essuyait, astiquait ces trésors avec grandes précautions et respect.
La vie s’y manifestait, ce petit caniche noir qu’elle adorait, jappait, jouait avec un rien, une mouche fuyante, un chiffon sentant la cire, ou ce vieil aspirateur balai, muni de son sac en tissu qu’il fallait vider, dans un brouillard opaque de poussière ! La vaisselle à la main avec le Mir rose sentant la pêche mêlée de rose. Une cuisinière alsacienne, comme ses plats étaient succulents, sa glace à la fraise maison, Jeanne en raffolait ! Le verger le potager et les parterres de plantes aromatiques, survolées d’abeilles papillons et mouches, là elle piochait ! Les poulets, canards, lapins de la ferme, le gibier chouchouté par le garde chasse… Une époque !

La ferme près de sa maison, chaque jour y allait chercher le lait encore tiède, et parfumé, sa maman le faisait bouillir, cette bonne crème au dessus surnageant, un plaisir inégalé. La laitière en aluminium d’une main, de l’autre la boîte à œufs, elle allait regardant ces fleurs constellées de nombreux papillons les courtisant, les simples des champs, petits mulots peureux s’enfuyaient dans les herbes hautes, souvent un gentil hérisson se mettait en boule piquante, coquelicots, bouton d’or, pâquerettes fourmillaient des deux côtés du petit chemin terreux. Son petit chien la suivait, jouant par ci par là le nez au vent. Des parfums de blé, de paille et de foin lui chatouillaient agréablement l’odorat. Son ami et confident de ses peines d’enfant partageait toutes ses découvertes et joies en bon toutou qu’il était.

Larmes amères, acides, s’échappent de ses yeux si tristes, sa ferme encore là, non son fantôme, une structure éducative toute rénovée, froide, impersonnelle, misère elle se sent défaillir… Jamais ô n’aurait dû revenir, ses rêves sont tués, elle s’y refuse, société monstrueuse, sans aucune marque, pourquoi cela ?
Un chat gris, là, perdu vient se blottir contre elle, il miaule compatissant à son chagrin, chaque jour il zigzague pour échapper à la mort, plus guère de cachettes tranquilles, et ces monstres qui parfois martyrisent… Pour le plaisir. Pauvres animaux qui avant jouissaient d’une vie tranquille, buvant dans les étables chaudes, odorantes et réconfortantes, le bon lait que les vaches donnaient, gentiment traites par des mains souvent aimantes et respectueuses, avec une bonne caresse, une tape affectueuse.

Voulant encore se faire souffrir un peu plus, elle s’en va dans la ville, son école ? Disparue elle aussi, partie plus loin dans des locaux modernes et moches. L’école Sainte Thérèse, que de souvenirs émouvants, sa maîtresse sœur Claire, si fine, toute douce avec ses petites lunettes, la sœur principale, vieille dame un peu ronde, une autorité juste.
L’hiver, les élèves chacun à leur tour prenaient le seau, descendaient à la cave le remplir de charbon, le poêle fonctionnait ainsi, haut, noir en fonte.

Le ciel s’est couvert, dans le lointain grondement, un orage prépare son grandiose spectacle, des fourmis volantes affolées apparaissent de partout, les guêpes semblent de mauvaise humeur, le ciel prend des tons orangés, de gros monstres noirs s’y incrustent illuminés d’éclairs zigzagants, force d’une nature dominatrice !
Perdue dans ses songes, se dirige vers l’église, à côté de son ancienne école, toutes les fêtes religieuses elle y allait avec sa copine de classe Claudine. La maman de celle-ci venait aider chez ses parents les jours de chasse, du beau monde y était convié, les rabatteurs avec leurs chiens mangeaient à part, eux aussi la même cuisine, des vins de haute qualité servi pour eux sans différence.
L’église, pareille, rien n’a changé. Juste à côté une petite librairie, où elle avait été attirée par une jolie médaille de la Vierge Marie, assortie d’une chaîne ouvragée très fine, sa maman avait craqué émue de sa demande incessante. Elle adorait les petites voitures, dans ce magasin, hors les livres, que de belles choses étaient exposées. Hé oui ! Une fillette aime aussi les jouets réservés aux garçons, et son petit livre Pif, ha ! Nostalgie… Plus de librairie, évaporée dans ses regrets.

Le vent se fait violent, des papiers s’envolent, tourbillonnant, comme le font ses idées moroses, son papa et sa maman partis, désormais seule, plus de famille, tous s’en sont allés, triste course du temps. Cruel, il efface, tue nos êtres tant adorés.

Elle repart au château, dans le parc s’assoit sur un banc repeint de neuf, le parfum pénétrant des tilleuls en fleur l’étourdit, sa petite enfance ressurgit, saveur miellée douce, si pénétrante… La chaleur de la journée les fait transpirer, les fleurs sont collantes, comme le sont ces images qui défilent.
Retour en arrière, souffrance certaine, elle se sent lourde, et vieille, cauchemar d’un lointain où tout s’est effacé, ne se sent plus en harmonie, tout a tant changé.
La télévision, deux chaînes en noir et blanc, le paradis ! Les familles se réunissaient après le souper, c’était merveilleux, à cette époque pas encore présente chez tout le monde, on se retrouvait, chacun apportant de quoi boire, où manger, suivant l’heure.
Puis après, discussion autour du film, de l’émission qu’ils avaient regardé, les enfants heureux d’êtres réunis.
Une goutte la frappe, froide et grosse, la grêle se déverse agressive, les oiseaux piaillent dans les branchages, un « pleupleu » lance son cri, puis un silence… Pesant, le vide, le rien.
Mouillée, dégoulinante elle fuit comme s’échappent et se perdent ses songes, sombrant dans un néant noir, profond opaque impénétrable. Ne jamais revivre son passé enterré, déceptions vous y attendent, identiques à cet orage libérant sa foudre, son immense colère, les mémoires de notre vécu se ravivent, là nous les vomissons !
Un chien passe près d’elle, il se secoue copieusement, s’auréolant de mille gouttelettes, explosion de brillants dans les rayons du soleil réapparaissant. Il lui lèche la main, affectueux il la laisse caresser ses poils ruisselants, un croisé berger allemand, qui pareil à elle divague seul, triste. Tout les deux continuent ensemble le même chemin, elle se rappelle ses braves toutous, compagnons d’une fidélité sans égal, de chien elle n’en a plus, habitant un charmant pavillon à la campagne, cerné d’un immense jardin, elle le pourrait. L’inspecte, pas de collier ni tatouage. Dans la ville, elle trouve un vétérinaire, lui demande de l’examiner, en bonne santé, bien que très amaigri. Il le vaccine sous sa demande, elle le prend en photo, et lui fait promettre de rechercher un propriétaire éventuel.

Fin d’après midi, accompagnée de Souvenir, ainsi elle le baptise, se dirige à sa voiture.
Ses neuf ans, loin pourtant, lui semblent là existants, un dernier regard sur sa maison d’enfance détruite, plus de traces. Enfouis le grand jardin, le verger où elle savourait les pêches mûres veloutées, qu’elle se disputait avec les abeilles gourmandes, les guêpes coléreuses, les petits oiseaux vexés qu’elle leur vole leurs beaux fruits convoités, tombés dans les grandes herbes. Là où coccinelles, faucheuses, ces araignées aux longues pattes si fines, fourmis s’activaient, travail incessant, courageuses, opiniâtres tenaces. Sa pêche juteuse, mais surprise ! Un petit timide vers s’y cachait, larve déposée pour tranquillement se développer. Ho saveurs sans pareil !

Les nombreux bâtiments, gamine elle les explorait, y découvrant tant de trésors. Le grenier rempli de livres, pour la plupart traitant de la dernière guerre mondiale, odeur puissante du vieux papier, inoubliable. Ces soirées, heureuse, après avoir fait ses devoirs, de regarder son trésor, la nouvelle télévision achetée par ses parents, Belle et Sébastien, Bonanza, les chanteurs de cette époque, Richard Anthony, Claude François, Sheila… Les années soixante quatre, se revoit assise sur sa chaise, avec ses chers parents, le repas du soir fini. Dehors, la nuit le silence, rompu par une voiture passant à vive allure, traversant la ville à quatre vingt kilomètres heure. Se souvient qu’une fois, sa maman avait accepté à contre cœur qu’elle aille faire quelques courses, il fallait qu’elle traverse, un camion garé à sa gauche, regarde de ce côté, à droite, et horreur traverse, une DS Citroën vient de sa gauche, elle roulait vite, trop… Freinage, les pneus couinent, assourdissant, des gens sortent de toute part, ouf indemne, arrêtée à temps, le conducteur affolé lui hurle des méchancetés.
Puis rentre chez elle, tait cette honte, le lendemain, on ne cause que de cela, double honte devant sa maman !

Tout défile, le retour est assez long, trois cent kilomètres environ, Souvenir couché sur la banquette arrière, son seul réconfort, de ce retour des ténèbres.
FIN.
Coco-Nini

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Poème en Phonétique

ʒanə apʁε sɛ̃kɑ̃tə ane ʁəvjɛ̃ dɑ̃ sa vilə, εllə i avε veky a nəv- ɑ̃, sε paʁɑ̃z- i εjɑ̃-abite døz- ɑ̃. il lɔʒε pʁε dy ʃato, εllə akɔ̃paɲε sa mamɑ̃ ki i tʁavajε paʁfwa. famə də menaʒə u sεʁvøzə, a sεtə epɔkə sε ʃatəlɛ̃z- ɑ̃plwajε boku də pεʁsɔnəz- a lœʁ sεʁvisə.

u ε sa mεzɔ̃ ? εllə ʁəɡaʁdə, tut- ε ʁesɑ̃, tʁistə betɔ̃. sə ʁətuʁnə, lə ʃato, dəʁjεʁə lε ɡʁɑ̃z- aʁbʁə- la ʁasyʁe, sɔ̃ ʁəɡaʁ sə lεvə syʁ œ̃ sjεl blø miozɔti palə.
dε nɥaʒə sə məʁe ɑ̃ filamɑ̃ də kɔtɔ̃, lə ʃɑ̃ melɔdjø dε pətiz- wazo sə mεlə, ela, o tɛ̃tamaʁə dε vwatyʁə vitʁə- bεse, du seʃape ɑ̃ kakɔfɔni dezaɡʁeablə dy ʁɔk, dy ʁap e mεmə dy myzεtə, o ! mɔ̃də də fɔli viʁtɥεllə…

plys də pʁɔpʁjetεʁə, la ɡʁɑ̃də dəməʁə sεʁ a i akʁoʃe dε tablo, pa sələmɑ̃ dεz- œvʁəz- ɛ̃pʁesjɔnistə, ɡlɔʁifjɑ̃ sεtə si mεʁvεjøzə natyʁə, nɔ̃ dε kʁutə, dε pɛ̃tyʁəz- abstʁεtə, œ̃n- ɑ̃fɑ̃ fəʁε də mεmə ! u sɔ̃ lε nɛ̃fea, lε ʃəmɛ̃ ki sə pεʁde dɑ̃ lε bwa, lε ʃɑ̃ də kɔkəlikoz- eklatɑ̃, sybmεʁʒɑ̃ lə ʒonə dε ble myʁ, lε pɔ̃ ʒapɔnε kʁulɑ̃ su lε ɡlisinə ?
nɔ̃, dε kulœʁ vjɔlɑ̃tə, aplike, plyto ʒətez- o-azaʁ, a ui ! mεz- œ̃n- aʁtistə ʁəkɔny, εllə suʁi…
sə paʁk avɑ̃ si bo, œ̃ pø sovaʒə, u flœʁz- e plɑ̃tə vivasə sɑ̃tʁəmεlε dɑ̃z- œ̃ dezɔʁdʁə natyʁεl. sə ʃjɛ̃, œ̃n- imɑ̃sə danwaz- aʁləkɛ̃, ɡaʁdjɛ̃ viʒilɑ̃ a la ɡələ musøzə, mɔ̃tʁɑ̃ sε kʁo pɥisɑ̃, mɔʁ dəpɥi lɔ̃tɑ̃, lə tɑ̃ fɥi, sε mεtʁə- lɔ̃ ʁəʒwɛ̃. dɑ̃ lə simətjεʁə, lœʁ sepyltyʁə sε manifεste, εllə pɑ̃sε a ø, sə tuʁnə a sa ɡoʃə, pa pɔsiblə ! εllə vwa lœʁ nɔ̃ ɛ̃skʁi ɑ̃ ʒɔli lεtʁə- dɔʁe, djø, εllə ɑ̃n- ε pεʁsɥade εt- ɛ̃tεʁvəny. εllə a pʁje syʁ lœʁ kavo.

kə setε bo ʃez- ø, dε tapi dɔʁje, pɔʁsəlεnə ʃinwazə, tablo də mεtʁə, məbləz- ɑ̃ maʁkεtəʁi, ɛ̃kʁyste divwaʁə e dekajə də tɔʁtɥz- o ʁəflε daʁk ɑ̃ sjεl, də kɥiʁ… sε suvəniʁ lɥi ʁəvjεne ɛ̃takt. dε bwa debεnə, dakaʒu, də ʁɔ̃sə də nwaje, də fʁεnə, o sε sɑ̃tœʁ pɥisɑ̃tə. lε tʁɔfe dy kɔmtə, də sεz- ɑ̃sεtʁə, uʁ, tiɡʁə, ljɔ̃, lu, lε ʃasə lwɛ̃tεnə…
mɛ̃tənɑ̃ sε pjεsə sɔ̃ la, mε mɔʁtə, lœʁ amə sɑ̃n- εt- ale, ʁəʒwaɲɑ̃ lœʁ pʁɔpʁjetεʁə. dε kɔʁdə- delimite laksεz- a sə kɑ̃fɑ̃ εllə tuʃε, sa mamɑ̃ esyiε, astikε sε tʁezɔʁz- avεk ɡʁɑ̃də pʁekosjɔ̃z- e ʁεspε.
la vi si manifεstε, sə pəti kaniʃə nwaʁ kεllə adɔʁε, ʒapε, ʒuε avεk œ̃ ʁjɛ̃, ynə muʃə fyiɑ̃tə, œ̃ ʃifɔ̃ sɑ̃tɑ̃ la siʁə, u sə vjεj aspiʁatœʁ balε, myni də sɔ̃ sak ɑ̃ tisy kil falε vide, dɑ̃z- œ̃ bʁujaʁ ɔpakə də pusjεʁə ! la vεsεllə a la mɛ̃ avεk lə miʁ ʁozə sɑ̃tɑ̃ la pεʃə mεle də ʁozə. ynə kɥizinjεʁə alsasjεnə, kɔmə sε plaz- etε sykylɑ̃, sa ɡlasə a la fʁεzə mεzɔ̃, ʒanə ɑ̃ ʁafɔlε ! lə vεʁʒe lə pɔtaʒe e lε paʁteʁə- də plɑ̃təz- aʁɔmatik, syʁvɔle dabεjə papijɔ̃z- e muʃə, la εllə pjoʃε ! lε pulε, kanaʁd, lapɛ̃ də la fεʁmə, lə ʒibje ʃuʃute paʁ lə ɡaʁdə ʃasə… ynə epɔkə !

la fεʁmə pʁε də sa mεzɔ̃, ʃakə ʒuʁ i alε ʃεʁʃe lə lε ɑ̃kɔʁə tjεdə, e paʁfyme, sa mamɑ̃ lə fəzε buijiʁ, sεtə bɔnə kʁεmə o dəsy syʁnaʒɑ̃, œ̃ plεziʁ ineɡale. la lεtjεʁə ɑ̃n- alyminjɔm dynə mɛ̃, də lotʁə la bwatə a ø, εllə alε ʁəɡaʁdɑ̃ sε flœʁ kɔ̃stεlle də nɔ̃bʁø papijɔ̃ lε kuʁtizɑ̃, lε sɛ̃plə dε ʃɑ̃, pəti mylo pəʁø sɑ̃fyiε dɑ̃ lεz- εʁbə- otə, suvɑ̃ œ̃ ʒɑ̃til eʁisɔ̃ sə mεtε ɑ̃ bulə pikɑ̃tə, kɔkəliko, butɔ̃ dɔʁ, pakəʁεtə fuʁmijε dε dø kote dy pəti ʃəmɛ̃ teʁø. sɔ̃ pəti ʃjɛ̃ la sɥivε, ʒuɑ̃ paʁ si paʁ la lə nez- o vɑ̃. dε paʁfœ̃ də ble, də pajə e də fwɛ̃ lɥi ʃatujε aɡʁeabləmɑ̃ lɔdɔʁa. sɔ̃n- ami e kɔ̃fide də sε pεnə dɑ̃fɑ̃ paʁtaʒε tutə sε dekuvεʁtəz- e ʒwaz- ɑ̃ bɔ̃ tutu kil etε.

laʁməz- amεʁə, asidə, seʃape də sεz- iø si tʁistə, sa fεʁmə ɑ̃kɔʁə la, nɔ̃ sɔ̃ fɑ̃tomə, ynə stʁyktyʁə edykativə tutə ʁenɔve, fʁwadə, ɛ̃pεʁsɔnεllə, mizεʁə εllə sə sɑ̃ defajiʁ… ʒamεz- o noʁε dy ʁəvəniʁ, sε ʁεvə sɔ̃ tye, εllə si ʁəfyzə, sɔsjete mɔ̃stʁyøzə, sɑ̃z- okynə maʁkə, puʁkwa səla ?
œ̃ ʃa ɡʁi, la, pεʁdy vjɛ̃ sə blɔtiʁ kɔ̃tʁə εllə, il mjolə kɔ̃patisɑ̃ a sɔ̃ ʃaɡʁɛ̃, ʃakə ʒuʁ il ziɡzaɡ puʁ eʃape a la mɔʁ, plys ɡεʁə də kaʃεtə tʁɑ̃kjə, e sε mɔ̃stʁə- ki paʁfwa maʁtiʁize… puʁ lə plεziʁ. povʁəz- animo ki avɑ̃ ʒuisε dynə vi tʁɑ̃kjə, byvɑ̃ dɑ̃ lεz- etablə ʃodə, ɔdɔʁɑ̃təz- e ʁekɔ̃fɔʁtɑ̃tə, lə bɔ̃ lε kə lε vaʃə dɔnε, ʒɑ̃time tʁεtə paʁ dε mɛ̃ suvɑ̃ εmɑ̃təz- e ʁεspεktɥøzə, avεk ynə bɔnə kaʁεsə, ynə tapə afεktɥøzə.

vulɑ̃ ɑ̃kɔʁə sə fεʁə sufʁiʁ œ̃ pø plys, εllə sɑ̃ va dɑ̃ la vilə, sɔ̃n- ekɔlə ? dispaʁy εllə osi, paʁti plys lwɛ̃ dɑ̃ dε lɔko mɔdεʁnəz- e moʃə. lekɔlə sɛ̃tə teʁεzə, kə də suvəniʁz- emuvɑ̃, sa mεtʁεsə sœʁ klεʁə, si finə, tutə dusə avεk sε pətitə lynεtə, la sœʁ pʁɛ̃sipalə, vjεjə damə œ̃ pø ʁɔ̃də, ynə otɔʁite ʒystə.
livεʁ, lεz- elεvə ʃakœ̃ a lœʁ tuʁ pʁənε lə so, desɑ̃dε a la kavə lə ʁɑ̃pliʁ də ʃaʁbɔ̃, lə pwεlə fɔ̃ksjɔnε ɛ̃si, o, nwaʁ ɑ̃ fɔ̃tə.

lə sjεl sε kuvεʁ, dɑ̃ lə lwɛ̃tɛ̃ ɡʁɔ̃dəmɑ̃, œ̃n- ɔʁaʒə pʁepaʁə sɔ̃ ɡʁɑ̃djozə spεktaklə, dε fuʁmi vɔlɑ̃təz- afɔlez- apaʁεse də paʁtu, lε ɡεpə sɑ̃ble də movεzə ymœʁ, lə sjεl pʁɑ̃ dε tɔ̃z- ɔʁɑ̃ʒe, də ɡʁo mɔ̃stʁə- nwaʁ si ɛ̃kʁyste ilymine deklεʁ ziɡzaɡɑ̃, fɔʁsə dynə natyʁə dɔminatʁisə !
pεʁdɥ dɑ̃ sε sɔ̃ʒə, sə diʁiʒə vεʁ leɡlizə, a kote də sɔ̃n- ɑ̃sjεnə ekɔlə, tutə lε fεtə ʁəliʒjøzəz- εllə i alε avεk sa kɔpinə də klasə klodinə. la mamɑ̃ də sεllə si vənε εde ʃe sε paʁɑ̃ lε ʒuʁ də ʃasə, dy bo mɔ̃də i etε kɔ̃vje, lε ʁabatœʁz- avεk lœʁ ʃjɛ̃ mɑ̃ʒε a paʁ, øz- osi la mεmə kɥizinə, dε vɛ̃ də-otə kalite sεʁvi puʁ ø sɑ̃ difeʁɑ̃sə.
leɡlizə, paʁεjə, ʁjɛ̃ na ʃɑ̃ʒe. ʒystə a kote ynə pətitə libʁεʁi, u εllə avε ete atiʁe paʁ ynə ʒɔli medajə də la vjεʁʒə maʁi, asɔʁti dynə ʃεnə uvʁaʒe tʁε finə, sa mamɑ̃ avε kʁake emɥ də sa dəmɑ̃də ɛ̃sesɑ̃tə. εllə adɔʁε lε pətitə vwatyʁə, dɑ̃ sə maɡazɛ̃, ɔʁ lε livʁə, kə də bεllə ʃozəz- etε εkspoze. e ui ! ynə fijεtə εmə osi lε ʒuε ʁezεʁvez- o ɡaʁsɔ̃, e sɔ̃ pəti livʁə pif, a ! nɔstalʒi… plys də libʁεʁi, evapɔʁe dɑ̃ sε ʁəɡʁε.

lə vɑ̃ sə fε vjɔle, dε papje sɑ̃vɔle, tuʁbijɔnɑ̃, kɔmə lə fɔ̃ sεz- ide mɔʁozə, sɔ̃ papa e sa mamɑ̃ paʁti, dezɔʁmε sələ, plys də famijə, tus sɑ̃ sɔ̃t- ale, tʁistə kuʁsə dy tɑ̃. kʁyεl, il efasə, tɥ noz- εtʁə- tɑ̃ adɔʁe.

εllə ʁəpaʁ o ʃato, dɑ̃ lə paʁk saswa syʁ œ̃ bɑ̃ ʁəpɛ̃ də nəf, lə paʁfœ̃ penetʁɑ̃ dε tijəlz- ɑ̃ flœʁ letuʁdi, sa pətitə ɑ̃fɑ̃sə ʁesyʁʒi, savœʁ mjεlle dusə, si penetʁɑ̃tə… la ʃalœʁ də la ʒuʁne lε fε tʁɑ̃spiʁe, lε flœʁ sɔ̃ kɔlɑ̃tə, kɔmə lə sɔ̃ sεz- imaʒə ki defile.
ʁətuʁ ɑ̃n- aʁjεʁə, sufʁɑ̃sə sεʁtεnə, εllə sə sɑ̃ luʁdə, e vjεjə, koʃəmaʁ dœ̃ lwɛ̃tɛ̃ u tu sεt- efase, nə sə sɑ̃ plysz- ɑ̃-aʁmɔni, tut- a tɑ̃ ʃɑ̃ʒe.
la televizjɔ̃, dø ʃεnəz- ɑ̃ nwaʁ e blɑ̃, lə paʁadi ! lε famijə sə ʁeynisε apʁε lə supe, setε mεʁvεjø, a sεtə epɔkə pa ɑ̃kɔʁə pʁezɑ̃tə ʃe tu lə mɔ̃də, ɔ̃ sə ʁətʁuvε, ʃakœ̃ apɔʁtɑ̃ də kwa bwaʁə, u mɑ̃ʒe, sɥivɑ̃ lœʁ.
pɥiz- apʁε, diskysjɔ̃ otuʁ dy film, də lemisjɔ̃ kilz- avε ʁəɡaʁde, lεz- ɑ̃fɑ̃z- œʁø dεtʁə- ʁeyni.
ynə ɡutə la fʁapə, fʁwadə e ɡʁɔsə, la ɡʁεlə sə devεʁsə aɡʁesivə, lεz- wazo pjaje dɑ̃ lε bʁɑ̃ʃaʒə, yn « pləplø » lɑ̃sə sɔ̃ kʁi, pɥiz- œ̃ silɑ̃sə… pəzɑ̃, lə vidə, lə ʁjɛ̃.
muje, deɡulinɑ̃tə εllə fɥi kɔmə seʃape e sə pεʁde sε sɔ̃ʒə, sɔ̃bʁɑ̃ dɑ̃z- œ̃ neɑ̃ nwaʁ, pʁɔfɔ̃t- ɔpakə ɛ̃penetʁablə. nə ʒamε ʁəvivʁə sɔ̃ pase ɑ̃teʁe, desεpsjɔ̃ vuz- i atɑ̃de, idɑ̃tikz- a sεt ɔʁaʒə libeʁɑ̃ sa fudʁə, sɔ̃n- imɑ̃sə kɔlεʁə, lε memwaʁə də nɔtʁə veky sə ʁavive, la nu lε vɔmisɔ̃ !
œ̃ ʃjɛ̃ pasə pʁε dεllə, il sə səku kɔpjøzəmɑ̃, soʁeɔlɑ̃ də milə ɡutəlεtə, εksplozjɔ̃ də bʁijɑ̃ dɑ̃ lε ʁεjɔ̃ dy sɔlεj ʁeapaʁεsɑ̃. il lɥi lεʃə la mɛ̃, afεktɥøz- il la lεsə kaʁese sε pwal ʁɥisəlɑ̃, œ̃ kʁwaze bεʁʒe almɑ̃, ki paʁεj a εllə divaɡ səl, tʁistə. tu lε dø kɔ̃tinɥe ɑ̃sɑ̃blə lə mεmə ʃəmɛ̃, εllə sə ʁapεllə sε bʁavə tutus, kɔ̃paɲɔ̃ dynə fidelite sɑ̃z- eɡal, də ʃjɛ̃ εllə nɑ̃n- a plys, abitɑ̃ œ̃ ʃaʁmɑ̃ pavilɔ̃ a la kɑ̃paɲə, sεʁne dœ̃n- imɑ̃sə ʒaʁdɛ̃, εllə lə puʁʁε. lɛ̃spεktə, pa də kɔlje ni tatuaʒə. dɑ̃ la vilə, εllə tʁuvə œ̃ veteʁinεʁə, lɥi dəmɑ̃də də lεɡzamine, ɑ̃ bɔnə sɑ̃te, bjɛ̃ kə tʁεz- amεɡʁi. il lə vaksinə su sa dəmɑ̃də, εllə lə pʁɑ̃t- ɑ̃ fɔto, e lɥi fε pʁɔmεtʁə də ʁəʃεʁʃe œ̃ pʁɔpʁjetεʁə evɑ̃tɥεl.

fɛ̃ dapʁε midi, akɔ̃paɲe də suvəniʁ, ɛ̃si εllə lə batizə, sə diʁiʒə a sa vwatyʁə.
sε nəv- ɑ̃, lwɛ̃ puʁtɑ̃, lɥi sɑ̃ble la εɡzistɑ̃, œ̃ dεʁnje ʁəɡaʁ syʁ sa mεzɔ̃ dɑ̃fɑ̃sə detʁɥitə, plys də tʁasə. ɑ̃fui lə ɡʁɑ̃ ʒaʁdɛ̃, lə vεʁʒe u εllə savuʁε lε pεʃə myʁə vəlute, kεllə sə dispytε avεk lεz- abεjə ɡuʁmɑ̃də, lε ɡεpə kɔleʁøzə, lε pətiz- wazo vεkse kεllə lœʁ vɔlə lœʁ bo fʁɥi kɔ̃vwate, tɔ̃be dɑ̃ lε ɡʁɑ̃dəz- εʁbə. la u kɔksinεllə, foʃøzə, sεz- aʁεɲez- o lɔ̃ɡ patə si finə, fuʁmi saktivε, tʁavaj ɛ̃sesɑ̃, kuʁaʒøzə, ɔpinjatʁə- tənasə. sa pεʃə ʒytøzə, mε syʁpʁizə ! œ̃ pəti timidə vεʁ si kaʃε, laʁvə depoze puʁ tʁɑ̃kjmɑ̃ sə devəlɔpe. o savœʁ sɑ̃ paʁεj !

lε nɔ̃bʁø ba=ti=mɑ̃, ɡaminə εllə lεz- εksplɔʁε, i dekuvʁɑ̃ tɑ̃ də tʁezɔʁ. lə ɡʁənje ʁɑ̃pli də livʁə, puʁ la plypaʁ tʁεtɑ̃ də la dεʁnjεʁə ɡeʁə mɔ̃djalə, ɔdœʁ pɥisɑ̃tə dy vjø papje, inubljablə. sε swaʁe, œʁøzə, apʁεz- avwaʁ fε sε dəvwaʁ, də ʁəɡaʁde sɔ̃ tʁezɔʁ, la nuvεllə televizjɔ̃ aʃəte paʁ sε paʁɑ̃, bεllə e sebastjɛ̃, bɔnɑ̃za, lε ʃɑ̃tœʁ də sεtə epɔkə, ʁiʃaʁ ɑ̃tɔni, klodə fʁɑ̃swa, ʃεila… lεz- ane swasɑ̃tə katʁə, sə ʁəvwa asizə syʁ sa ʃεzə, avεk sε ʃεʁ paʁɑ̃, lə ʁəpa dy swaʁ fini. dəɔʁ, la nɥi lə silɑ̃sə, ʁɔ̃py paʁ ynə vwatyʁə pasɑ̃ a vivə alyʁə, tʁavεʁsɑ̃ la vilə a katʁə vɛ̃- kilɔmεtʁə- œʁ. sə suvjɛ̃ kynə fwa, sa mamɑ̃ avε aksεpte a kɔ̃tʁə kœʁ kεllə ajə fεʁə kεlk kuʁsə, il falε kεllə tʁavεʁsə, œ̃ kamjɔ̃ ɡaʁe a sa ɡoʃə, ʁəɡaʁdə də sə kote, a dʁwatə, e ɔʁœʁ tʁavεʁsə, ynə de εs sitʁɔεn vjɛ̃ də sa ɡoʃə, εllə ʁulε vitə, tʁo… fʁεnaʒə, lε pnøs kuine, asuʁdisɑ̃, dε ʒɑ̃ sɔʁte də tutə paʁ, uf ɛ̃dεmnə, aʁεte a tɑ̃, lə kɔ̃dyktœʁ afɔle lɥi yʁlə dε meʃɑ̃səte.
pɥi ʁɑ̃tʁə ʃez- εllə, tε sεtə ɔ̃tə, lə lɑ̃dəmɛ̃, ɔ̃ nə kozə kə də səla, dublə ɔ̃tə dəvɑ̃ sa mamɑ̃ !

tu defilə, lə ʁətuʁ εt- ase lɔ̃, tʁwa sɑ̃ kilɔmεtʁəz- ɑ̃viʁɔ̃, suvəniʁ kuʃe syʁ la bɑ̃kεtə aʁjεʁə, sɔ̃ səl ʁekɔ̃fɔʁ, də sə ʁətuʁ dε tenεbʁə.
fɛ̃.