Poeme : L’archéologue Du Feu
A Propos
Ce poème s’inscrit dans une tradition lyrique et philosophique, où la quête de l’origine, la métamorphose et le feu comme archétype jouent un rôle central. L’ensemble évoque à la fois la cosmogonie, la condition humaine et la puissance transformatrice du langage.
L’archéologue Du Feu
Semence d’univers aux racines stellaires.
L’âme y puise en secret son souffle initial,
Tandis qu’au fond des nuits, les forces tutélaires
Forgent dans les chaos leur métal nuptial.
L’homme porte en son sang cette braise mythique,
Vestige incandescent d’un soleil ancestral.
Son corps est un creuset, un antre énigmatique,
Où brûle sans repos l’élément viscéral
Qui nourrit sa fureur et sa quête mystique.
Quel oracle aujourd’hui, dans sa voix sidérale,
Dira les vieux tourments qui hantent nos esprits ?
La cendre de nos jours est la couche natale
D’où surgira demain, sous des cieux assombris,
L’ardente floraison d’une aube boréale.
Nous sommes les veilleurs des flammes oubliées,
Archéologues fouillant l’abîme du langage.
Les mots sont ces fragments de terres exilées
Qui gardent en leur sein, malgré les grandes rages,
L’empreinte des soleils aux splendeurs immolées.
Le verbe est un brasier où l’être se consume.
Il brûle, souverain, au cœur de nos déserts.
J’y plonge mes deux mains sans craindre l’amertume ;
Le feu purifie tout, même les maux soufferts,
Et transmue en clartés la plus sombre écume.
Conscience ! Feu sacré qui dévore et qui crée,
Qui enflamme l’erreur sans jamais s’épuiser !
J’offre à ta violence une chair ulcérée
Par tant de faux savoirs, parée à s’embraser
Pour renaître, lucide, aux sources éthérées.
Dans l’immense palais des chiffres et des signes
L’incendie du savoir fait craquer les piliers.
Les doutes meurent sous les feux qui étreignent
Les temples orgueilleux aux murs fortifiés,
Tandis que dans la nuit, des vérités s’éteignent.
Au seuil du grand brasier se tient notre mémoire,
Avec ses manuscrits, ses tables et ses lois.
Le feu qui la traverse en fait jaillir l’histoire,
Non comme un livre mort aux propos trop étroits,
Mais comme un chant vivant, brûlant et transitoire.
La pensée est ce phare où confluent les orages,
Ce foyer qui transforme et la nuit et le jour.
Elle tranche et féconde au cœur même des âges,
Elle éclaire la route au prix de son amour,
Et guide le navire au-delà des naufrages.
Je suis l’homme debout au milieu des flambeaux,
Sentinel éveillé quand l’aurore vacille.
Ma parole est ce feu qui dévore les maux
Et fait surgir du noir, comme autant de bastilles,
Les contours d’un destin plus juste et plus nouveau.
Fès, le : 09/05/2025
PostScriptum
« L’archéologue du feu » est un poème ambitieux, qui réussit à conjuguer profondeur philosophique, puissance imaginaire et rigueur formelle. Il s’inscrit dans une tradition exigeante, tout en proposant une voix singulière, portée par la conviction que le langage, la mémoire et la pensée sont des foyers où l’humanité se régénère. Sa lecture appelle une attention soutenue, mais elle récompense le lecteur par la richesse de ses résonances et la force de son appel à la lucidité et à la renaissance.
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Poème en Phonétique
səmɑ̃sə dynivez- o ʁasinə stεllεʁə.
lamə i pɥizə ɑ̃ sεkʁε sɔ̃ suflə inisjal,
tɑ̃di ko fɔ̃ dε nɥi, lε fɔʁsə- tytelεʁə
fɔʁʒe dɑ̃ lε ʃao lœʁ metal nypsjal.
lɔmə pɔʁtə ɑ̃ sɔ̃ sɑ̃ sεtə bʁεzə mitikə,
vεstiʒə ɛ̃kɑ̃desɑ̃ dœ̃ sɔlεj ɑ̃sεstʁal.
sɔ̃ kɔʁz- εt- œ̃ kʁøzε, œ̃n- ɑ̃tʁə eniɡmatikə,
u bʁylə sɑ̃ ʁəpo lelemɑ̃ viseʁal
ki nuʁʁi sa fyʁœʁ e sa kεtə mistikə.
kεl ɔʁaklə oʒuʁdɥi, dɑ̃ sa vwa sideʁalə,
diʁa lε vjø tuʁmɑ̃ ki-ɑ̃te noz- εspʁi ?
la sɑ̃dʁə də no ʒuʁz- ε la kuʃə natalə
du syʁʒiʁa dəmɛ̃, su dε sjøz- asɔ̃bʁi,
laʁdɑ̃tə flɔʁεzɔ̃ dynə obə bɔʁealə.
nu sɔmə lε vεjœʁ dε flaməz- ublje,
aʁʃeɔlɔɡ fujɑ̃ labimə dy lɑ̃ɡaʒə.
lε mo sɔ̃ sε fʁaɡmɑ̃ də teʁəz- εɡzile
ki ɡaʁde ɑ̃ lœʁ sɛ̃, malɡʁe lε ɡʁɑ̃də ʁaʒə,
lɑ̃pʁɛ̃tə dε sɔlεjz- o splɑ̃dœʁz- imɔle.
lə vεʁbə εt- œ̃ bʁazje u lεtʁə sə kɔ̃symə.
il bʁylə, suvəʁɛ̃, o kœʁ də no dezεʁ.
ʒi plɔ̃ʒə mε dø mɛ̃ sɑ̃ kʁɛ̃dʁə lamεʁtymə,
lə fø pyʁifi tu, mεmə lε mo sufεʁ,
e tʁɑ̃smɥ ɑ̃ klaʁte la plys sɔ̃bʁə ekymə.
kɔ̃sjɑ̃sə ! fø sakʁe ki devɔʁə e ki kʁe,
ki ɑ̃flamə leʁœʁ sɑ̃ ʒamε sepɥize !
ʒɔfʁə a ta vjɔlɑ̃sə ynə ʃεʁ ylseʁe
paʁ tɑ̃ də fo savwaʁ, paʁe a sɑ̃bʁaze
puʁ ʁənεtʁə, lysidə, o suʁsəz- eteʁe.
dɑ̃ limɑ̃sə palε dε ʃifʁəz- e dε siɲə
lɛ̃sɑ̃di dy savwaʁ fε kʁake lε pilje.
lε dutə məʁe su lε fø ki etʁεɲe
lε tɑ̃pləz- ɔʁɡœjøz- o myʁ fɔʁtifje,
tɑ̃di kə dɑ̃ la nɥi, dε veʁite setεɲe.
o səj dy ɡʁɑ̃ bʁazje sə tjɛ̃ nɔtʁə memwaʁə,
avεk sε manyskʁi, sε tabləz- e sε lwa.
lə fø ki la tʁavεʁsə ɑ̃ fε ʒajiʁ listwaʁə,
nɔ̃ kɔmə œ̃ livʁə mɔʁ o pʁɔpo tʁo etʁwa,
mε kɔmə œ̃ ʃɑ̃ vivɑ̃, bʁylɑ̃ e tʁɑ̃zitwaʁə.
la pɑ̃se ε sə faʁə u kɔ̃flɥe lεz- ɔʁaʒə,
sə fwaje ki tʁɑ̃sfɔʁmə e la nɥi e lə ʒuʁ.
εllə tʁɑ̃ʃə e fekɔ̃də o kœʁ mεmə dεz- aʒə,
εllə eklεʁə la ʁutə o pʁi də sɔ̃n- amuʁ,
e ɡidə lə naviʁə o dəla dε nofʁaʒə.
ʒə sɥi lɔmə dəbu o miljø dε flɑ̃bo,
sɑ̃tinεl evεje kɑ̃ loʁɔʁə vasijə.
ma paʁɔlə ε sə fø ki devɔʁə lε mo
e fε syʁʒiʁ dy nwaʁ, kɔmə otɑ̃ də bastijə,
lε kɔ̃tuʁ dœ̃ dεstɛ̃ plys ʒystə e plys nuvo.
fεs, lə : zeʁo nəf slaʃ zeʁo sɛ̃k slaʃ dø milə vɛ̃t- sɛ̃k