Poeme : Le Torrent

Dans un pays de cocagne,
Sur un grand plateau,
Au pied d’une montagne,
S’écoule un filet d’eau.

Il naît entre deux pierres moussues,
Hésite, puis trouve sa route.
Il chemine, serpente, ténu.
Il chante sous la voûte.

Petit à petit, il grossit,
Dévale, saute les cailloux.
Prends de la force, puis s’élargit,
Alimenté par le redoux.

Ses eaux timides,
Caressent le gravier.
Elles coulent limpides,
Couchent les herbiers.

Elles s’engouffrent sous les roches.
Se cognent au fond pierreux,
Rebondissent, s’accrochent,
Aux racines des arbres noueux.

Tombent en cascades argentées,
Grondent puis se calment,
Glissent sur le radier,
Le silence fait place au vacarme.

Elles s’écoulent lentement, apaisées,
Traversent de nouveaux paysages.
Apportant la vie espérée,
A tous ceux des villages.

La route n’est pas finie,
Demain, aujourd’hui, comme hier,
Elles iront grossir la rivière,
Rejoindre la mer, puis l’infini.

dɑ̃z- œ̃ pεi də kɔkaɲə,
syʁ œ̃ ɡʁɑ̃ plato,
o pje dynə mɔ̃taɲə,
sekulə œ̃ filε do.

il nε ɑ̃tʁə dø pjeʁə- musɥ,
ezitə, pɥi tʁuvə sa ʁutə.
il ʃəminə, sεʁpɑ̃tə, teny.
il ʃɑ̃tə su la vutə.

pəti a pəti, il ɡʁɔsi,
devalə, sotə lε kaju.
pʁɑ̃ də la fɔʁsə, pɥi selaʁʒi,
alimɑ̃te paʁ lə ʁədu.

sεz- o timidə,
kaʁəse lə ɡʁavje.
εllə kule lɛ̃pidə,
kuʃe lεz- εʁbje.

εllə sɑ̃ɡufʁe su lε ʁoʃə.
sə kɔɲe o fɔ̃ pjeʁø,
ʁəbɔ̃dise, sakʁoʃe,
o ʁasinə dεz- aʁbʁə- nuø.

tɔ̃be ɑ̃ kaskadəz- aʁʒɑ̃te,
ɡʁɔ̃de pɥi sə kalme,
ɡlise syʁ lə ʁadje,
lə silɑ̃sə fε plasə o vakaʁmə.

εllə sekule lɑ̃təmɑ̃, apεze,
tʁavεʁse də nuvo pεizaʒə.
apɔʁtɑ̃ la vi εspeʁe,
a tus sø dε vilaʒə.

la ʁutə nε pa fini,
dəmɛ̃, oʒuʁdɥi, kɔmə jεʁ,
εlləz- iʁɔ̃ ɡʁɔsiʁ la ʁivjεʁə,
ʁəʒwɛ̃dʁə la mεʁ, pɥi lɛ̃fini.