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Poeme : Effacements



A Propos

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Effacements

1
Herbier cassant du souvenir
De ce qui s’est enfui à peine si l’herbier
Cassant du souvenir nous restitue l’offrande,
Pâle rose ternie, inodore lavande,
Comme ténu l’écho d’un pas sur l’herbe sèche.

2
Ces bouquets asséchés par hier arrosés
Ces mots que tu me dis les nommerai silence
Car les yeux de l’oubli sont prêts à se poser
Sur ton visage aimé et déjà sans défense

3
Le deuil était dedans l’accueil
Comme la rime dans le ver
Et le chagrin feuille après feuille
Peint la victoire de l’hiver
4
Palais pâlis voix enrouées
Photos jaunies cartes postales
Charrette à bras femme au rouet
Vagues figées larmes séchées
Que reste-t-il de ces amants
Que reste-t-il de leurs amours
Pas un frisson pas un tourment
Qu’ils sont légers tous les toujours
5
L’absence de regard des soldats
Pétrifiés de l’empereur de Chine
La mer déjà mange tes pas
Elle s’échine
Sur toute chose sonne le glas
Mais je devine
Encore
Là sous l’effacement
De tes lèvres la trace ainsi qu’effleurement
6
C’est à l’effacement que toute chose aspire.
Ne te hérisse pas, interroge plutôt
Ces trop brefs instants d’ivresses ou d’extase…
Ta mémoire infidèle a peine à te les dire ?
Nos riches heures sont comme vécues sans nous.
On s’échappe, on s’oublie, on jouit sans plus savoir
Qui du tien et du mien s’enlace et se renoue
- Et l’on s’embrase enfin dan un infini noir.
Nous cherchons à nous perdre, à poser le fardeau
De la lucidité, du chagrin, du savoir,
De l’impensable fin qui blanchira nos os.
- Pousse toujours la mauvaise herbe de l’espoir.
Nous lisons, nous rêvons, plongeons dans l’aventure,
Fuyant ce triste habit d’un quotidien soucieux.
Nous nous disons hantés, de cul, d’amour, d’azur !
Et nous croyons, enfants ! ensemencer les cieux…
S’échapper par le haut, s’échapper par le bas,
Voilà le résumé de la vie de tout homme.
Bêtement s’occuper, dans l’ennui morne et las,
Ou chercher ce qui vibre- dans nos vides résonne,
C’est le sexe et la marche et la mer, l’art, le sang !
Mais à l’Oubli total nous n’osons pas songer.
Au bord du gouffre, alors, un vertige nous prend,
Le léger se fait lourd, nous ne pouvons plonger.
L’extrême est ce qu’on aime et qui nous dépossède
Alors, de sa voix d’or, peut chanter le poète
Et ses mots affolés sont autant d’alouettes
Volant vers après vers ce qui toujours excède
7
Tout tend vers l’effacement
Tous nos vers tous nos serments
Maigres bonheurs ou tourments
Le mot toujours toujours noue
Ment
8
On dit : « la » vague à la vague succède
Mais c’est toujours une vague une
Sous l’œil jaune de la lune
Une vague qui va- et puis décède
9
L’abandon, bien plus que la paresse…
A quoi bon - quand la vie est tristesse
Ontique, existentielle détresse
Que n’étanche plus aucune ivresse.
10
Mélancolie.
Accroché, pitoyable, au radeau de ma feuille,
Je sens, visqueux, le poids de toute vie qui meurt.
De tous mes doigts tendus, je plonge mais n’y cueille
Qu’amertume et grisaille escortées de douleurs.
Que m’importent l’azur ou toutes les splendeurs
Vaines d’un monde en trompe l’œil ?
L’Ombre s’est abattue, cette ombre floue du deuil,
(Peut-être dévoilée, ) abrasion des couleurs.
Que m’importe Bouddha, tout est vallée de pleurs,
Que m’importe Jésus, la fin n’est pas un seuil,
Que m’importent l’amour, les factices bonheurs,
Ce qui s’efface est nul. -Qu’y a-t-il que je veuille ?
11
Te souviens-tu de ce jour où
Je t’avais pris la main
Ce n’était rien mais c’était doux
L’imparfait tue les lendemains
Te souviens-tu de ce jour-là
Où tu m’avais donné la main
Dans la tiédeur de mes jours las
Je me réchauffe de ce vin
Il est passé, mais son bouquet
Bouquet de doigts de nos deux mains
A conservé pâle parfum
Le triste et chaud de nos étés
12
(Le temps est un rideur de gestes)
(Le temps est un videur de sens)

13
Tracer du doigt dans la poussière,
Des cœurs, qui ne l’a fait ? ou sur la buée.
Le doigt sera aussi poussière
Et nos amours vite effacées.
Comme on le sait, on dit : « Et puis après ? »
Puis après rien. Sur cette vitre, un rai.
On voudrait croire à la mémoire
De la buée.
14
Oh je voudrais qu’infiniment
La vague à la vague succède
Mais par mes mots médiocrement
Je l’aplatis et la rends laide
15
… La barque glisse au fil de la rivière
Ni les joncs, les roseaux, les algues ni les ponts,
Ne savent retenir, s’effaçant comme lierre,
La barque s’en allant sans supporter de nom.
Où va-t-elle ?
Si ce n’est vers le fleuve et la mer…
A l’origine étaient la source et la cascade
Mais à la fin ? Quel port ? Rien ! Rien, ni baie, ni rade,
Mais le voyage encor, vers le fade et l’amer.
Plus de joncs, de roseaux, non plus de spectateurs.
Les flots rongent le bois, les vagues l’exaspèrent,
L’oubli tiède nivelle, désagrège la peur.
Tout se noie, se noiera avec elle : paysages,
Vols d’oiseaux, cris soudains, berges, pensées, images,
La barque glisse au fil de la rivière.
16
La mer est un instant étale
Là, l’éternité dans l’éphémère se mire
Et moi, copeau de bois, sachant déjà le pire
Face à elle cherchant ce bref instant létal
17
CREDO
Deux comètes se croisent et les cieux sont bénis
Le poème est ce lieu où la rencontre advient
Pied de nez au néant, à l’infernal déni
L’homme est dans le désert le seul agent du bien
18
C’est un vieux qui s’en va, pauvrement, dans son lit,
Sa main s’agrippe aux draps, ses yeux cherchent en vain
Qui l’accompagnerait jusqu’au bout de la nuit,
Encore lui tendrait, pour s’oublier, la main.
C’est l’ange leucémique, aux yeux noirs et blessés,
Tandis que ses parents, foudroyés de chagrin,
Se peignent un sourire à faire damner les saints
Qui meurt. Qui meurt ! qui meurt sans même avoir été.
Ce qu’on aime bientôt nous sera arraché
Et nous-mêmes marchons vers ce trop noir secret
19
Rimer le mal-être avec les peines
Prendre plaisir, pervers, au chagrin
Être frivole, accepter sans haine
De versifier le vil, le malsain…
Le non-être n’est pas. Il n’est rien
De dicible à son propos. Nul mot.
Rejeter l’acrobate au cerceau !
Ce bouffon qui, par ses pauvres vers,
Espérait obturer la lumière
Noire, atroce solution du lien.
20
Qui peut dire à quoi s’abreuvent
Les regrets des amours veuves
Tout s’effleure et puis s’englue
Ce qui est déjà n’est plus

21
Contre l’effacement la lutte est chose vaine.
Retourne-toi. Que reste-t-il ? Quelques fragments
Quelques tableaux figés que la mémoire à peine
Parvient à caresser de son aile qui pend.
De ce si court chemin qui vers la mort nous mène
Je n’aurai conservé, isolés, fulgurants
Que des cailloux épars, à ton front une veine
De l’aïeule un sourire, un bouquet de printemps…
S’entrecroisent ces fils, se nouent ces filaments
L’enfant dans son berceau, les Parques souveraines,
Nos amours, mon Hélène, ont le parfum des vents.
Aujourd’hui que demain s’enfuit à perdre haleine
Draper mon âme nue dans un regard d’enfant
A la fois me chavire à la fois me gangrène…
22
La mort est ce secret qui à jamais nous hante
Il nous remonte aux lèvres à nos lèvres d’enfants
Et nous le ravalons d’un geste triomphant
Taraudés par la honte comme chienne mendiante
La mort est ce possible que nous frôlons sans cesse
Se pourrait-il qu’en fin nous achevions en liesse
Ce long chemin de croix que le vinaigre aiguise
Que fusent vers l’éther nos pauvres tours de Pise
23
Ils ont aimé se sont aimés
C’est dire assez
Les mots gravés dedans la pierre
Vont s’effacer
Déjà ne reste plus d’hier
Qu’un espace et
Inscrit en creux dans la poussière
La cécité
24
Le vieux à ses enfants
Je veux croire qu’un jour
Le chant lourd de la pierre
Se posant sur hier
Réveillera l’amour
25
Un jour, je descendrai au paradis
L’âme légère, à tout jamais ravie.
Fasse qu’en fin, en m’allongeant, ma main
Rencontre et serre une autre main, amie,
Qu’alors la terre efface mon chemin
En paix, je descendrai au paradis
26
Les enfants de Ramsès II sont morts
Et leur père et leurs chats et leurs dieux
Mais leurs jouets nous regardent encore
De leurs yeux de lapis - leurs yeux bleus-.
27
Le trésor à l’huître n’échappe pas.
On le lui arrache, parfois ; rarement. Dans la plupart des cas, j’imagine, elle disparaît avec, malle à jamais fermée, trésor englouti, bouteille brisée, parole noyée.
Pourtant, nous autres, huîtres rêveuses de perles, (aux grossesses le plus souvent imaginaires, ) sommes gagnées parfois par ce sentiment d’évidement.
28
Défaillir…
Oui, sans doute, la défaillance est elle la marque de l’humain. Et c’est cette défaillance même que nous tentons de combler, de remplir, avec nos perles de pacotille, notre verroterie, nos mots-bibelots, nos éclats d’azur…
Et puis les flots, impavides, aveugles et sourds, les flots nous recouvrent, nous enterrent- et c’est fini.
Et c’est enfin fini.
29
Pourquoi faut-il maille après maille
Qu’émail de nos amours s’en aille ?
30
Le grain de la peau
Une main sur un drap, une main sous la table
Une main qu’une main du bout des doigts appelle
Contact de deux peaux que n’usa pas le sable
Râpeux du sablier- Être ce grain rebelle.
31
Chansonnette
J’ai amassé dit la fourmi
Pour jouir plus tard de mon butin
Voici venu le bout d’ la vie
Je n’ai plus goût pour le festin
J’ai tant chanté, dit la cigale,
Que je m’en suis cassé la voix
Mais parvenu au bout d’ la voie
La fin me prend comme une fringale.
« J’ai toujours su mes chemins faux. »
Pauvre monnaie de l’après-coup,
Quand siffle au loin l’air de la faux.
Ainsi s’admire le vieux loup.
Je n’ai jamais douté de rien
Le bélier n’est pas un loup
Me voici au bout du chemin
Je n’y ai rien compris du tout.
32
Catalogue
La hyène qui attend, sournoise et volubile
Le bonhomme repu tout à sa digestion
L’imbécile arrogant que sa folie aveugle
L’honnête homme indigné devant lequel il meugle
Vers un même néant unis en procession
Socrate sur sa croix Jésus et sa ciguë
L’enfer et ses pavés le serpent et sa mue
Le crapaud que des mains mains blanches d’enfants tuent
La gamine vendue la bêtise qui pue
L’impossible salut qu’à tout prix on oublie
Le confort et ses morts quotidiennes qui lient
L’envie qui comme un cœur peu à peu s’amollit
33
La ferme faux qui vient, le doux sommeil des flots,
Oui, la mort, magnanime, offre à sa chacun son lot :
L’effacement complet ; laissant même à autrui
La chandelle veilleuse et l’œil au fond du puits.
34
Que reste-t-il -sinon les larmes
Moi que la vie a mis à nu
Très pauvrement je rends les armes
Face au néant qui tait qui tue
Je me souviens pourtant d’un charme
Qui me clouait au plus pointu
35
Sous le poids du comment le silence bavard
Inocule
Le poison des mots vains, l’oubli et le brouillard
Crédules.
Le Roi Pêcheur est mort. Éteintes les questions,
Sous les calculs.
L’origine noiseuse, ainsi qu’un horizon,
M’accule.
36
Nourrisson vagissant jeté en proie au monde
Enfançon ignorant du gouffre qui l’attend
Puis la compréhension soudaine que le temps
Qui régit nos destins se décompte en secondes
Alors l’oubli s’emploie à camoufler l’immonde
Sous le fard le vernis mais l’os déjà qui saille
Trahira le secret tendu comme une fronde
Sous la chair et le sang il n’est que vins de paille
37
Tu le sais, c’était- ce n’est plus
Et tout glisse ainsi que soleil
Aux jambes des filles
Oh l’herbe tendre sous la feuille
Le c’est n’était que du c’était
(Cœur à l’envers et cécité)
(Les eaux du Styx ou du Léthé)
Et moi qui suis déjà me tais
Demain couvert par une taie
Écrasant mes maigres étais
Tout ce qui est déjà c’était
Tout ce qui fut déjà n’est plus
Mais une plume vole au vent
Mais cet oiseau au ciel d’argent
Et ce qui est déjà m’entraîne
Loin du chant gourd tristes sirènes
38
Je suis l’enfant du sable et de chemins perdus.
Un jour, je chanterai la torpeur de l’absence,
Le gouffre blanc qui gît au cœur de la substance,
Un jour, le temps patient m’aura poncé à nu.
Quand ma voix sera pauvre et à demi éteinte,
L’adjectif inutile à qualifier la nuit,
Quand j’aurai épuisé l’artifice et la feinte,
Je raclerai le fond d’une soupe d’ennui.
Magnanime, le temps effacera, mémoire,
Ce qui m’engourdissait dans ma quête incertaine :
Que l’étoile ne soit, dans l’absolu du noir,
Que sous l’espèce rare et que tout m’y ramène.
Égaré, hésitant, je tendrai mes yeux secs
Vers ce si peu restant, ce cosmique brouet,
Espérant y trouver un sens ou une Mecque…
- Qu’une improbable extase épouse mon arrêt !
39
Pourquoi écrire écrire encore
Ces phrases qui toujours échouent
Qui n’atteignent jamais l’aurore
Ni l’improbable cœur d’un nous
Zenobi

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Poème en Phonétique

œ̃
εʁbje kasɑ̃ dy suvəniʁ
də sə ki sεt- ɑ̃fɥi a pεnə si lεʁbje
kasɑ̃ dy suvəniʁ nu ʁεstitɥ lɔfʁɑ̃də,
palə ʁozə tεʁni, inɔdɔʁə lavɑ̃də,
kɔmə teny leʃo dœ̃ pa syʁ lεʁbə sεʃə.


sε bukεz- aseʃe paʁ jεʁ aʁoze
sε mo kə ty mə di lε nɔməʁε silɑ̃sə
kaʁ lεz- iø də lubli sɔ̃ pʁεz- a sə poze
syʁ tɔ̃ vizaʒə εme e deʒa sɑ̃ defɑ̃sə

tʁwa
lə dəj etε dədɑ̃ lakœj
kɔmə la ʁimə dɑ̃ lə vεʁ
e lə ʃaɡʁɛ̃ fœjə apʁε fœjə
pɛ̃ la viktwaʁə də livεʁ
katʁə
palε pali vwa ɑ̃ʁue
fɔto ʒoni kaʁtə- pɔstalə
ʃaʁεtə a bʁa famə o ʁuε
vaɡ fiʒe laʁmə- seʃe
kə ʁεstə til də sεz- amɑ̃
kə ʁεstə til də lœʁz- amuʁ
pa œ̃ fʁisɔ̃ pa œ̃ tuʁme
kil sɔ̃ leʒe tus lε tuʒuʁ
sɛ̃k
labsɑ̃sə də ʁəɡaʁ dε sɔlda
petʁifje də lɑ̃pəʁœʁ də ʃinə
la mεʁ deʒa mɑ̃ʒə tε pa
εllə seʃinə
syʁ tutə ʃozə sɔnə lə ɡla
mε ʒə dəvinə
ɑ̃kɔʁə
la su lefasəmɑ̃
də tε lεvʁə- la tʁasə ɛ̃si kefləʁəmɑ̃
sis
sεt- a lefasəmɑ̃ kə tutə ʃozə aspiʁə.
nə tə eʁisə pa, ɛ̃teʁɔʒə plyto
sε tʁo bʁεfz- ɛ̃stɑ̃ divʁesəz- u dεkstazə…
ta memwaʁə ɛ̃fidεlə a pεnə a tə lε diʁə ?
no ʁiʃəz- œʁ sɔ̃ kɔmə vekɥ sɑ̃ nu.
ɔ̃ seʃapə, ɔ̃ subli, ɔ̃ ʒui sɑ̃ plys savwaʁ
ki dy tjɛ̃ e dy mjɛ̃ sɑ̃lasə e sə ʁənu
e lɔ̃ sɑ̃bʁazə ɑ̃fɛ̃ dɑ̃ œ̃n- ɛ̃fini nwaʁ.
nu ʃεʁʃɔ̃z- a nu pεʁdʁə, a poze lə faʁdo
də la lysidite, dy ʃaɡʁɛ̃, dy savwaʁ,
də lɛ̃pɑ̃sablə fɛ̃ ki blɑ̃ʃiʁa noz- os.
pusə tuʒuʁ la movεzə εʁbə də lεspwaʁ.
nu lizɔ̃, nu ʁεvɔ̃, plɔ̃ʒɔ̃ dɑ̃ lavɑ̃tyʁə,
fyiɑ̃ sə tʁistə-abi dœ̃ kɔtidjɛ̃ susjø.
nu nu dizɔ̃-ɑ̃te, də kyl, damuʁ, dazyʁ !
e nu kʁwajɔ̃, ɑ̃fɑ̃ ! ɑ̃səmɑ̃se lε sjø…
seʃape paʁ lə-o, seʃape paʁ lə ba,
vwala lə ʁezyme də la vi də tu ɔmə.
bεtəmɑ̃ sɔkype, dɑ̃ lɑ̃nɥi mɔʁnə e las,
u ʃεʁʃe sə ki vibʁə dɑ̃ no vidə ʁezɔnə,
sε lə sεksə e la maʁʃə e la mεʁ, laʁ, lə sɑ̃ !
mεz- a lubli tɔtal nu nozɔ̃ pa sɔ̃ʒe.
o bɔʁ dy ɡufʁə, alɔʁ, œ̃ vεʁtiʒə nu pʁɑ̃,
lə leʒe sə fε luʁ, nu nə puvɔ̃ plɔ̃ʒe.
lεkstʁεmə ε sə kɔ̃n- εmə e ki nu depɔsεdə
alɔʁ, də sa vwa dɔʁ, pø ʃɑ̃te lə pɔεtə
e sε moz- afɔle sɔ̃t- otɑ̃ daluεtə
vɔlɑ̃ vεʁz- apʁε vεʁ sə ki tuʒuʁz- εksεdə
sεt
tu tɑ̃ vεʁ lefasəmɑ̃
tus no vεʁ tus no sεʁmɑ̃
mεɡʁə- bɔnœʁz- u tuʁmɑ̃
lə mo tuʒuʁ tuʒuʁ nu
mɑ̃
ɥit
ɔ̃ di : « la » vaɡ a la vaɡ syksεdə
mε sε tuʒuʁz- ynə vaɡ ynə
su lœj ʒonə də la lynə
ynə vaɡ ki va e pɥi desεdə
nəf
labɑ̃dɔ̃, bjɛ̃ plys kə la paʁεsə…
a kwa bɔ̃ kɑ̃ la vi ε tʁistεsə
ɔ̃tikə, εɡzistɑ̃sjεllə detʁεsə
kə netɑ̃ʃə plysz- okynə ivʁεsə.
dis
melɑ̃kɔli.
akʁoʃe, pitwajablə, o ʁado də ma fœjə,
ʒə sɑ̃s, viskø, lə pwa də tutə vi ki məʁ.
də tus mε dwa tɑ̃dys, ʒə plɔ̃ʒə mε ni kœjə
kamεʁtymə e ɡʁizajə εskɔʁte də dulœʁ.
kə mɛ̃pɔʁte lazyʁ u tutə lε splɑ̃dœʁ
vεnə dœ̃ mɔ̃də ɑ̃ tʁɔ̃pə lœj ?
lɔ̃bʁə sεt- abatɥ, sεtə ɔ̃bʁə flu dy dəj,
(pø tεtʁə devwale, ) abʁazjɔ̃ dε kulœʁ.
kə mɛ̃pɔʁtə buda, tut- ε vale də plœʁ,
kə mɛ̃pɔʁtə ʒezys, la fɛ̃ nε pa œ̃ səj,
kə mɛ̃pɔʁte lamuʁ, lε faktisə bɔnœʁ,
sə ki sefasə ε nyl. ki a til kə ʒə vœjə ?
ɔ̃zə
tə suvjɛ̃ ty də sə ʒuʁ u
ʒə tavε pʁi la mɛ̃
sə netε ʁjɛ̃ mε setε du
lɛ̃paʁfε tɥ lε lɑ̃dəmɛ̃
tə suvjɛ̃ ty də sə ʒuʁ la
u ty mavε dɔne la mɛ̃
dɑ̃ la tjedœʁ də mε ʒuʁ las
ʒə mə ʁeʃofə də sə vɛ̃
il ε pase, mε sɔ̃ bukε
bukε də dwa də no dø mɛ̃
a kɔ̃sεʁve palə paʁfœ̃
lə tʁistə e ʃo də noz- ete
duzə
(lə tɑ̃z- εt- œ̃ ʁidœʁ də ʒεstəs)
(lə tɑ̃z- εt- œ̃ vidœʁ də sεns)

tʁεzə
tʁase dy dwa dɑ̃ la pusjεʁə,
dε kœʁ, ki nə la fε ? u syʁ la bye.
lə dwa səʁa osi pusjεʁə
e noz- amuʁ vitə efase.
kɔmə ɔ̃ lə sε, ɔ̃ di : « εt pɥiz- apʁε ? »
pɥiz- apʁε ʁjɛ̃. syʁ sεtə vitʁə, œ̃ ʁε.
ɔ̃ vudʁε kʁwaʁə a la memwaʁə
də la bye.
katɔʁzə
ɔ ʒə vudʁε kɛ̃finime
la vaɡ a la vaɡ syksεdə
mε paʁ mε mo medjɔkʁəmɑ̃
ʒə laplatiz- e la ʁɑ̃ lεdə
kɛ̃zə
… la baʁkə ɡlisə o fil də la ʁivjεʁə
ni lε ʒɔ̃k, lε ʁozo, lεz- alɡ ni lε pɔ̃,
nə save ʁətəniʁ, sefasɑ̃ kɔmə ljeʁə,
la baʁkə sɑ̃n- alɑ̃ sɑ̃ sypɔʁte də nɔ̃.
u va tεllə ?
si sə nε vεʁ lə fləvə e la mεʁ…
a lɔʁiʒinə etε la suʁsə e la kaskadə
mεz- a la fɛ̃ ? kεl pɔʁ ? ʁjɛ̃ ! ʁjɛ̃, ni bε, ni ʁadə,
mε lə vwajaʒə ɑ̃kɔʁ, vεʁ lə fadə e lame.
plys də ʒɔ̃k, də ʁozo, nɔ̃ plys də spεktatœʁ.
lε flo ʁɔ̃ʒe lə bwa, lε vaɡ lεɡzaspεʁe,
lubli tjεdə nivεllə, dezaɡʁεʒə la pœʁ.
tu sə nwa, sə nwaəʁa avεk εllə : pεizaʒə,
vɔl dwazo, kʁi sudɛ̃, bεʁʒə, pɑ̃se, imaʒə,
la baʁkə ɡlisə o fil də la ʁivjεʁə.
sεzə
la mεʁ εt- œ̃n- ɛ̃stɑ̃ etalə
la, letεʁnite dɑ̃ lefemεʁə sə miʁə
e mwa, kɔpo də bwa, saʃɑ̃ deʒa lə piʁə
fasə a εllə ʃεʁʃɑ̃ sə bʁεf ɛ̃stɑ̃ letal
di- sεt
kʁədo
dø kɔmεtə sə kʁwaze e lε sjø sɔ̃ beni
lə pɔεmə ε sə ljø u la ʁɑ̃kɔ̃tʁə advjɛ̃
pje də nez- o neɑ̃, a lɛ̃fεʁnal deni
lɔmə ε dɑ̃ lə dezεʁ lə səl aʒe dy bjɛ̃
diz- ɥit
sεt- œ̃ vjø ki sɑ̃ va, povʁəmɑ̃, dɑ̃ sɔ̃ li,
sa mɛ̃ saɡʁipə o dʁa, sεz- iø ʃεʁʃe ɑ̃ vɛ̃
ki lakɔ̃paɲəʁε ʒysko bu də la nɥi,
ɑ̃kɔʁə lɥi tɑ̃dʁε, puʁ sublje, la mɛ̃.
sε lɑ̃ʒə løsemikə, oz- iø nwaʁz- e blese,
tɑ̃di kə sε paʁɑ̃, fudʁwaje də ʃaɡʁɛ̃,
sə pεɲe œ̃ suʁiʁə a fεʁə damne lε sɛ̃
ki məʁ. ki məʁ ! ki məʁ sɑ̃ mεmə avwaʁ ete.
sə kɔ̃n- εmə bjɛ̃to nu səʁa aʁaʃe
e nu mεmə maʁʃɔ̃ vεʁ sə tʁo nwaʁ sεkʁε
diz- nəf
ʁime lə mal εtʁə avεk lε pεnə
pʁɑ̃dʁə plεziʁ, pεʁve, o ʃaɡʁɛ̃
εtʁə fʁivɔlə, aksεpte sɑ̃-εnə
də vεʁsifje lə vil, lə malsɛ̃…
lə nɔ̃ εtʁə nε pa. il nε ʁjɛ̃
də disiblə a sɔ̃ pʁɔpo. nyl mo.
ʁəʒəte lakʁɔbatə o sεʁso !
sə bufɔ̃ ki, paʁ sε povʁə- vεʁ,
εspeʁε ɔptyʁe la lymjεʁə
nwaʁə, atʁɔsə sɔlysjɔ̃ dy ljɛ̃.
vɛ̃
ki pø diʁə a kwa sabʁəve
lε ʁəɡʁε dεz- amuʁ vəvə
tu seflœʁə e pɥi sɑ̃ɡlɥ
sə ki ε deʒa nε plys

vɛ̃t- e œ̃
kɔ̃tʁə lefasəmɑ̃ la lytə ε ʃozə vεnə.
ʁətuʁnə twa. kə ʁεstə til ? kεlk fʁaɡmɑ̃
kεlk tablo fiʒe kə la memwaʁə a pεnə
paʁvjɛ̃ a kaʁese də sɔ̃n- εlə ki pɑ̃.
də sə si kuʁ ʃəmɛ̃ ki vεʁ la mɔʁ nu mεnə
ʒə noʁε kɔ̃sεʁve, izɔle, fylɡyʁɑ̃
kə dε kajuz- epaʁ, a tɔ̃ fʁɔ̃ ynə vεnə
də lajələ œ̃ suʁiʁə, œ̃ bukε də pʁɛ̃tɑ̃…
sɑ̃tʁəkʁwaze sε fis, sə nue sε filamɑ̃
lɑ̃fɑ̃ dɑ̃ sɔ̃ bεʁso, lε paʁk suvəʁεnə,
noz- amuʁ, mɔ̃n- elεnə, ɔ̃ lə paʁfœ̃ dε vɑ̃.
oʒuʁdɥi kə dəmɛ̃ sɑ̃fɥi a pεʁdʁə-alεnə
dʁape mɔ̃n- amə nɥ dɑ̃z- œ̃ ʁəɡaʁ dɑ̃fɑ̃
a la fwa mə ʃaviʁə a la fwa mə ɡɑ̃ɡʁεnə…
vɛ̃t- dø
la mɔʁ ε sə sεkʁε ki a ʒamε nu-ɑ̃tə
il nu ʁəmɔ̃tə o lεvʁəz- a no lεvʁə- dɑ̃fɑ̃
e nu lə ʁavalɔ̃ dœ̃ ʒεstə tʁjɔ̃fɑ̃
taʁode paʁ la ɔ̃tə kɔmə ʃjεnə mɑ̃djɑ̃tə
la mɔʁ ε sə pɔsiblə kə nu fʁolɔ̃ sɑ̃ sεsə
sə puʁʁε til kɑ̃ fɛ̃ nuz- aʃəvjɔ̃z- ɑ̃ ljεsə
sə lɔ̃ ʃəmɛ̃ də kʁwa kə lə vinεɡʁə εɡizə
kə fyze vεʁ letœʁ no povʁə- tuʁ də pizə
vɛ̃t- tʁwa
ilz- ɔ̃ εme sə sɔ̃t- εme
sε diʁə ase
lε mo ɡʁave dədɑ̃ la pjeʁə
vɔ̃ sefase
deʒa nə ʁεstə plys djεʁ
kœ̃n- εspasə e
ɛ̃skʁi ɑ̃ kʁø dɑ̃ la pusjεʁə
la sesite
vɛ̃t- katʁə
lə vjøz- a sεz- ɑ̃fɑ̃
ʒə vø kʁwaʁə kœ̃ ʒuʁ
lə ʃɑ̃ luʁ də la pjeʁə
sə pozɑ̃ syʁ jεʁ
ʁevεjʁa lamuʁ
vɛ̃t- sɛ̃k
œ̃ ʒuʁ, ʒə desɑ̃dʁε o paʁadi
lamə leʒεʁə, a tu ʒamε ʁavi.
fasə kɑ̃ fɛ̃, ɑ̃ malɔ̃ʒɑ̃, ma mɛ̃
ʁɑ̃kɔ̃tʁə e seʁə ynə otʁə mɛ̃, ami,
kalɔʁ la teʁə efasə mɔ̃ ʃəmɛ̃
ɑ̃ pε, ʒə desɑ̃dʁε o paʁadi
vɛ̃t- sis
lεz- ɑ̃fɑ̃ də ʁamsεz- ji sɔ̃ mɔʁ
e lœʁ pεʁə e lœʁ ʃaz- e lœʁ djø
mε lœʁ ʒuε nu ʁəɡaʁde ɑ̃kɔʁə
də lœʁz- iø də lapi lœʁz- iø bløs.
vɛ̃t- sεt
lə tʁezɔʁ a lyitʁə neʃapə pa.
ɔ̃ lə lɥi aʁaʃə, paʁfwa, ʁaʁəmɑ̃. dɑ̃ la plypaʁ dε ka, ʒimaʒinə, εllə dispaʁε avεk, malə a ʒamε fεʁme, tʁezɔʁ ɑ̃ɡluti, butεjə bʁize, paʁɔlə nwaje.
puʁtɑ̃, nuz- otʁə, yitʁə- ʁεvøzə də pεʁlə, (o ɡʁɔsesə lə plys suvɑ̃ imaʒinεʁə, ) sɔmə ɡaɲe paʁfwa paʁ sə sɑ̃timɑ̃ devidəmɑ̃.
vɛ̃t- ɥit
defajiʁ…
ui, sɑ̃ dutə, la defajɑ̃sə εt- εllə la maʁkə də lymɛ̃. e sε sεtə defajɑ̃sə mεmə kə nu tɑ̃tɔ̃ də kɔ̃ble, də ʁɑ̃pliʁ, avεk no pεʁlə- də pakɔtijə, nɔtʁə veʁɔtəʁi, no mo bibəlo, noz- ekla dazyʁ…
e pɥi lε flo, ɛ̃pavidə, avøɡləz- e suʁd, lε flo nu ʁəkuvʁe, nuz- ɑ̃teʁe e sε fini.
e sεt- ɑ̃fɛ̃ fini.
vɛ̃t- nəf
puʁkwa fo til majə apʁε majə
kemaj də noz- amuʁ sɑ̃n- ajə ?
tʁɑ̃tə
lə ɡʁɛ̃ də la po
ynə mɛ̃ syʁ œ̃ dʁa, ynə mɛ̃ su la tablə
ynə mɛ̃ kynə mɛ̃ dy bu dε dwaz- apεllə
kɔ̃takt də dø po kə nyza pa lə sablə
ʁapø dy sablje εtʁə sə ɡʁɛ̃ ʁəbεllə.
tʁɑ̃tə e œ̃
ʃɑ̃sɔnεtə
ʒε amase di la fuʁmi
puʁ ʒuiʁ plys taʁ də mɔ̃ bytɛ̃
vwasi vəny lə bu dla vi
ʒə nε plys ɡu puʁ lə fεstɛ̃
ʒε tɑ̃ ʃɑ̃te, di la siɡalə,
kə ʒə mɑ̃ sɥi kase la vwa
mε paʁvəny o bu dla vwa
la fɛ̃ mə pʁɑ̃ kɔmə ynə fʁɛ̃ɡalə.
« ʒε tuʒuʁ sy mε ʃəmɛ̃ fo. »
povʁə mɔnε də lapʁε ku,
kɑ̃ siflə o lwɛ̃ lεʁ də la fo.
ɛ̃si sadmiʁə lə vjø lu.
ʒə nε ʒamε dute də ʁjɛ̃
lə belje nε pa œ̃ lu
mə vwasi o bu dy ʃəmɛ̃
ʒə ni ε ʁjɛ̃ kɔ̃pʁi dy tu.
tʁɑ̃tə dø
katalɔɡ
la iεnə ki atɑ̃, suʁnwazə e vɔlybilə
lə bɔnɔmə ʁəpy tut- a sa diʒεstjɔ̃
lɛ̃besilə aʁɔɡɑ̃ kə sa fɔli avøɡlə
lɔnεtə ɔmə ɛ̃diɲe dəvɑ̃ ləkεl il møɡlə
vεʁz- œ̃ mεmə neɑ̃ yniz- ɑ̃ pʁɔsesjɔ̃
sɔkʁatə syʁ sa kʁwa ʒezysz- e sa siɡy
lɑ̃fe e sε pave lə sεʁpe e sa mɥ
lə kʁapo kə dε mɛ̃ mɛ̃ blɑ̃ʃə dɑ̃fɑ̃ tɥe
la ɡaminə vɑ̃dɥ la bεtizə ki pɥ
lɛ̃pɔsiblə saly ka tu pʁi ɔ̃n- ubli
lə kɔ̃fɔʁ e sε mɔʁ kɔtidjεnə ki lje
lɑ̃vi ki kɔmə œ̃ kœʁ pø a pø samɔli
tʁɑ̃tə tʁwa
la fεʁmə fo ki vjɛ̃, lə du sɔmεj dε flo,
ui, la mɔʁ, maɲanimə, ɔfʁə a sa ʃakœ̃ sɔ̃ lo :
lefasəmɑ̃ kɔ̃plε, lεsɑ̃ mεmə a otʁɥi
la ʃɑ̃dεllə vεjøzə e lœj o fɔ̃ dy pɥi.
tʁɑ̃tə katʁə
kə ʁεstə til sinɔ̃ lε laʁmə
mwa kə la vi a miz- a ny
tʁε povʁəmɑ̃ ʒə ʁɑ̃ lεz- aʁmə
fasə o neɑ̃ ki tε ki tɥ
ʒə mə suvjɛ̃ puʁtɑ̃ dœ̃ ʃaʁmə
ki mə kluε o plys pwɛ̃ty
tʁɑ̃tə sɛ̃k
su lə pwa dy kɔmɑ̃ lə silɑ̃sə bavaʁ
inɔkylə
lə pwazɔ̃ dε mo vɛ̃, lubli e lə bʁujaʁ
kʁedylə.
lə ʁwa pεʃœʁ ε mɔʁ. etɛ̃tə lε kεstjɔ̃,
su lε kalkyl.
lɔʁiʒinə nwazøzə, ɛ̃si kœ̃n- ɔʁizɔ̃,
makylə.
tʁɑ̃tə sis
nuʁʁisɔ̃ vaʒisɑ̃ ʒəte ɑ̃ pʁwa o mɔ̃də
ɑ̃fɑ̃sɔ̃ iɲɔʁɑ̃ dy ɡufʁə ki latɑ̃
pɥi la kɔ̃pʁeɑ̃sjɔ̃ sudεnə kə lə tɑ̃
ki ʁeʒi no dεstɛ̃ sə dekɔ̃tə ɑ̃ səɡɔ̃də
alɔʁ lubli sɑ̃plwa a kamufle limɔ̃də
su lə faʁ lə vεʁni mε los deʒa ki sajə
tʁaiʁa lə sεkʁε tɑ̃dy kɔmə ynə fʁɔ̃də
su la ʃεʁ e lə sɑ̃ il nε kə vɛ̃ də pajə
tʁɑ̃tə sεt
ty lə sε, setε sə nε plys
e tu ɡlisə ɛ̃si kə sɔlεj
o ʒɑ̃bə dε fijə
ɔ lεʁbə tɑ̃dʁə su la fœjə
lə sε netε kə dy setε
(kœʁ a lɑ̃vεʁz- e sesite)
(ləs o dy stiks u dy lete)
e mwa ki sɥi deʒa mə tε
dəmɛ̃ kuvεʁ paʁ ynə tε
ekʁazɑ̃ mε mεɡʁəz- etε
tu sə ki ε deʒa setε
tu sə ki fy deʒa nε plys
mεz- ynə plymə vɔlə o vɑ̃
mε sεt wazo o sjεl daʁʒe
e sə ki ε deʒa mɑ̃tʁεnə
lwɛ̃ dy ʃɑ̃ ɡuʁ tʁistə siʁεnə
tʁɑ̃tə ɥit
ʒə sɥi lɑ̃fɑ̃ dy sablə e də ʃəmɛ̃ pεʁdys.
œ̃ ʒuʁ, ʒə ʃɑ̃təʁε la tɔʁpœʁ də labsɑ̃sə,
lə ɡufʁə blɑ̃ ki ʒit o kœʁ də la sybstɑ̃sə,
œ̃ ʒuʁ, lə tɑ̃ pasjɑ̃ moʁa pɔ̃se a ny.
kɑ̃ ma vwa səʁa povʁə e a dəmi etɛ̃tə,
ladʒεktif inytilə a kalifje la nɥi,
kɑ̃ ʒoʁε epɥize laʁtifisə e la fɛ̃tə,
ʒə ʁakləʁε lə fɔ̃ dynə supə dɑ̃nɥi.
maɲanimə, lə tɑ̃z- efasəʁa, memwaʁə,
sə ki mɑ̃ɡuʁdisε dɑ̃ ma kεtə ɛ̃sεʁtεnə :
kə letwalə nə swa, dɑ̃ labsɔly dy nwaʁ,
kə su lεspεsə ʁaʁə e kə tu mi ʁamεnə.
eɡaʁe, ezitɑ̃, ʒə tɑ̃dʁε mεz- iø sεk
vεʁ sə si pø ʁεstɑ̃, sə kɔsmikə bʁuε,
εspeʁɑ̃ i tʁuve œ̃ sɑ̃sz- u ynə mεk…
kynə ɛ̃pʁɔbablə εkstazə epuzə mɔ̃n- aʁε !
tʁɑ̃tə nəf
puʁkwa ekʁiʁə ekʁiʁə ɑ̃kɔʁə
sε fʁazə ki tuʒuʁz- eʃue
ki natεɲe ʒamε loʁɔʁə
ni lɛ̃pʁɔbablə kœʁ dœ̃ nu