Poème:Anaphorique Prophète Oublié

Ils diront que la mort est l’écluse des rêves
Que je me suis sauvé par la voie des poissons
Que dévoré d’orgueil j’ai choisi la vie brève
Et que ma fin du moins leur servit de leçon

Ils tairont ces tourments qui hantent leurs paupières
La tendresse l’amour la jouissance l’azur
Ils diront trop de mots manquant de ligatures
Croyant fonder demain en arrachant du lierre

Ils diront que la mort est une autre prière
Moi qui ne détenais comme bien que mon rire
Je n’aspirais pourtant pas encore à partir
Moi qui n’avais jeté dans l’eau que quelques pierres

Ils diront qu’au silence un silence répond
Qu’une parole vive assèche les déserts
Qu’ils n’ont rien retenu ont oublié mon nom
Depuis que les vautours y ont plongé leurs serres

Ils diront que savoir est un trop lourd fardeau
Que toute connaissance exige un prix amer
Qu’il était hasardeux quand s’endeuillent les flots
Le tonnerre rugit de défier la mer

Ils diront que le jour finira par renaître
Que l’espoir à nouveau réveillera leur sève
Qu’il suffira bientôt d’entrouvrir les fenêtres
Et que s’effacera tout ce qui nous endêve

Recherchant dans l’instant fragile la fracture
Où l’être à l’être enfin se donne infiniment
Où se brûlent les yeux aux soleils des fêlures
Allant par raccourcis gambades sauts d’enfant

Moi je n’étais pourtant que simple tisserand
Associant par les mots les sons l’autre le même
Dans l’espace et le temps limpides transparents

Toujours l’homme et le vent effacent ce qu’on sème