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Poeme : Une Belle Aventure…



A Propos

Ou « La Tranchée »

Une Belle Aventure…

Ils nous avaient promis une campagne aux allures de vacances
Ils nous avaient promis une promenade, une belle aventure,
Ils nous avaient promis une campagne qui fleurerait bon l’été,
Ils nous avaient promis bière et histoires à raconter,
Ils nous avaient promis, mais ils nous avaient menti.

Une aventure, tu parles ! A vivre comme des forçats
Dans ces tranchées de combat de six pieds profondes :
Les vêtements couverts de boue et les cheveux de poux,
A chiquer le tabac pour tromper la faim ;
A chercher le combat pour trouver la fin.

Dans la campagne, dans les champs, nous semions des obus
Et les corps de nos camarades pour fermenter la terre,
Les sillons que nous creusions ? C’étaient des tranchées ;
Nous logions là, dans nos futiles quartiers,
Nous logions las, dans nos futurs charniers.

La seule fleuraison que nous avons vue a été les maladies ;
Les parfums, ceux de la poudre, des gaz et de la mort,
Des corps à demi putréfiés de nos frères morts.
Et les gémissements ininterrompus d’amputés laissés au front
Et les vomissements à la vue d’écervelés blessés au front…

D’une promenade nous avons vécu une marche forcée,
Les généraux sur leurs chevaux, le barda sur nos dos ;
Les bottes usées, ou les pieds nus, il fallait avancer !
A aller droit vers l’inconnu occupant la Somme perdue ;
A aller droit vers l’inconnu, nous nous sommes perdus.

Ils nous avaient promis bière et histoires à raconter,
Pour seules bières nous avons eu des cercueils
Et pour histoires, les cauchemars de mes nuits ;
Ils nous avaient promis, mais ils nous avaient menti :
J’ai perdu bien des amis et le plaisir de la vie.
An Braz

PostScriptum

Un texte original de An Braz © Tous droits réservés.


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Poème en Phonétique

il nuz- avε pʁɔmiz- ynə kɑ̃paɲə oz- alyʁə də vakɑ̃sə
il nuz- avε pʁɔmiz- ynə pʁɔmənadə, ynə bεllə avɑ̃tyʁə,
il nuz- avε pʁɔmiz- ynə kɑ̃paɲə ki fləʁəʁε bɔ̃ lete,
il nuz- avε pʁɔmi bjεʁə e istwaʁəz- a ʁakɔ̃te,
il nuz- avε pʁɔmi, mεz- il nuz- avε mɑ̃ti.

ynə avɑ̃tyʁə, ty paʁlə ! a vivʁə kɔmə dε fɔʁsa
dɑ̃ sε tʁɑ̃ʃe də kɔ̃ba də si- pje pʁɔfɔ̃də :
lε vεtəmɑ̃ kuvεʁ də bu e lε ʃəvø də pu,
a ʃike lə taba puʁ tʁɔ̃pe la fɛ̃,
a ʃεʁʃe lə kɔ̃ba puʁ tʁuve la fɛ̃.

dɑ̃ la kɑ̃paɲə, dɑ̃ lε ʃɑ̃, nu səmjɔ̃ dεz- ɔby
e lε kɔʁ də no kamaʁadə puʁ fεʁmɑ̃te la teʁə,
lε sijɔ̃ kə nu kʁøzjɔ̃ ? setε dε tʁɑ̃ʃe,
nu lɔʒjɔ̃ la, dɑ̃ no fytilə kaʁtje,
nu lɔʒjɔ̃ las, dɑ̃ no fytyʁ ʃaʁnje.

la sələ fləʁεzɔ̃ kə nuz- avɔ̃ vɥ a ete lε maladi,
lε paʁfœ̃, sø də la pudʁə, dε ɡaz e də la mɔʁ,
dε kɔʁz- a dəmi pytʁefje də no fʁεʁə mɔʁ.
e lε ʒemisəmɑ̃z- inɛ̃teʁɔ̃pys dɑ̃pyte lεsez- o fʁɔ̃
e lε vɔmisəmɑ̃z- a la vɥ desεʁvəle blesez- o fʁɔ̃…

dynə pʁɔmənadə nuz- avɔ̃ veky ynə maʁʃə fɔʁse,
lε ʒeneʁo syʁ lœʁ ʃəvo, lə baʁda syʁ no do,
lε bɔtəz- yze, u lε pje nys, il falε avɑ̃se !
a ale dʁwa vεʁ lɛ̃kɔny ɔkypɑ̃ la sɔmə pεʁdɥ,
a ale dʁwa vεʁ lɛ̃kɔny, nu nu sɔmə pεʁdys.

il nuz- avε pʁɔmi bjεʁə e istwaʁəz- a ʁakɔ̃te,
puʁ sələ bjεʁə nuz- avɔ̃z- y dε sεʁkɥεj
e puʁ istwaʁə, lε koʃəmaʁ də mε nɥi,
il nuz- avε pʁɔmi, mεz- il nuz- avε mɑ̃ti :
ʒε pεʁdy bjɛ̃ dεz- amiz- e lə plεziʁ də la vi.