Poeme : Muse
Muse
Ce silence affectueux qu’enveloppe votre épaule
Caresse, ainsi que le feraient les branches d’un saule :
Elles glissent, s’entrelacent, flottent lentement,
Découvrent votre visage, plus douces que le vent !
Ainsi songé-je, vous voyant, immobile et l’oeil clair,
D’un regard insondable qui jette des éclairs :
Vie, Mort, Beauté, mes trois tourments, – ô triptyque,
Tournoyez et dansez en son sein angélique !
Vous semblez rétorquer, plein de charme et de ruse :
Pourquoi cet air tragique ? Allez va, il m’amuse !
Votre sourire me touche, je ne vous en tiens grief,
Mon nom est Muse ; et je suis l’as de trèfle…
02 Novembre 2020
Dans l’encre chaleureuse de lèvres purpurines,
Se dessine la terre meuble de songes idéaux.
La mer coule en langueur des larmes de ruisseaux,
Et l’ombre clameur bruisse la lune opaline.
J’ai vu dans vos yeux songeurs l’étranglement
Sinueux d’un vœux épuisé. Je me lève,
Et verse dans vos mains la fraîcheur des sèves
De roseaux dormeurs. J’aime tant
Vos troubles voluptueux. Accouche,
Ô, tonnerre de brume ! la fièvre d’un front en sueur !
Accouche, – je touche, d’une main brûlante,
Des cheveux dormeurs dénoués qui se livrent
En bataille sur mon épaule. Je vous délivre
De tous ses cauchemars, de ces voix qui vous hantent !
Mon torse et ma peau frissonnent. Je savoure
La douceur éternelle d’une éclipse d’un jour
Votre respiration s’allège, j’aime votre nez
Qui s’agite par palpitations raffinées !
J’aime vos seins qui touchent mon corps blême,
Vos mains campées près de mon cou,
Votre dos cambré, vos jambes à genoux,
Je vous entoure en cocon, jusqu’à la mort, jusqu’à l’anathème !
Aussi chaud que le lait qu’une dent tète et étire,
Aussi doux que l’eau d’une vague salée soulevée,
Aussi passionnée qu’un souffle râle-mourir,
Je vous enveloppe de mes bras étirés.
Incantations secrètes d’un fou adoubé,
Mes yeux psalmodient notre bouclier.
Jamais plus, m’entendez-vous ? Jamais plus
Vous ne serez livrée aux torrents infernaux,
Aux gouffres de la morosité, aux monstres hallucinés
Aux idées funestes de vide et de ciguë…
A Lui qui veut vous prendre, je grince : vade retro !
Aux visions et tourments, fascinés
Je rugis, les dévore, les taille en pièces – arrachés
Les démons, déchiquetés, les folies !
Je bus pour vous la coupe jusqu’à la lie,
Et garde pour vous ces reflets lointains
D’un verre sublimé, malgré tout, cristallin !
Absolu d’ivresse, enivrement de dentelles,
Je garde en moi l’infortune étincelle
La danse double de jambes sur talons,
Le déhanchement lascif, l’affront du menton,
Les sourcils levés, farouches, sans jamais dire pardon,
Le corps qui tourne, mêlant lumière et son,
Ses yeux ! Enfin, ses yeux infinis !
Ce regard vacillant que jamais l’on oublie !
Absolu liberté, absolu sensibilité,
Cette peau caressée par un doigt hésitant,
Cette eau, cette goutte au creux de la nuque,
Ce parfum de fleur et musc exhalés,
Ces cordes de musique, terriblement impudiques
Cette voix si belle, innocente, foudroyante et sensuelle,
Ces regards évités, ces rendez-vous manqués,
Ce fantasme né pour narguer la réalité.
Ma dame, j’ai rencontré votre âme
Elle était merveilleusement caressante,
Touchante, quelque peu effarouchée.
Elle semblait si bouillonnante, elle pulsait
Des rayons d’étoile du Nord,
Elle voyageait et fusait, comète
Têtue, chantant et dansant à tue-tête,
Gigotant, sans jamais savoir où aller.
Ecoutez ! jamais plus vous ne vous perdrez
Dans les univers désenchantés,
Plus jamais l’ancre de ferraille rouillée
N’entraînera votre jambe au fond de l’océan
Je vous porterai, lutterai, nageant à perdre haleine,
Et nos cheveux mouillés s’entrelaceront,
Nos bouches boiront l’air de nos deux poumons
Nous flotterons, malgré les vagues et la tempête,
Légers, légers, nous flotterons dans la nuit entre ciel et mer
Au centre de la terre, aux confins des univers,
Je vous hisserai, plus loin, à petits efforts,
Les petites joies crépiteront d’étincelles d’artifices
Et ces simplicités seront pour vous des enchantements.
J’ose, vélocité de doigts, caresser
Le creux de votre dos
Dessiner des soupirs retenus
Chaque frémissement, de justesse
Les rattraper au vol
Et puis ? et puis…
Par ruse, – et puis, parce que cela m’amuse,
Tresser vos cheveux pour mieux les dénouer
M’approcher, plus près, si près
Que vous vous évanouissez
Les paupières fermées, les joues rosies
Timides et enflammées – et puis ?
Et puis…
Un ventre blanc au goût d’oeuf à la neige,
Déhanché incessant, mes mains vous retiennent,
Et vous dansez en rond, vos pieds effleurant le sol,
Je suis votre soutien et votre parasol,
Chaque pas rebondit en tournoyant, opéra,
Votre dos, Chignon noué, vos bras fins
Sur la scène, je vous suis, vous porte, vous jette et vous rattrape,
Horizontale, vous volez, nos visages se poursuivent,
C’est un tourbillon musical de nos corps aimantés
Amants de l’idéal virevoltant, gestes éclatés,
Parcellaires, nœuds, racines et feuilles d’automnes,
Nos chants criés au silence d’écho qui tonne,
Au rythme de la nuit, projecteurs éphémères,
Nous nageons, riant, entre les roches escarpées,
Retenus par nos bras, accrochés par nos mains glacés,
Lèvres tremblantes, heureuses, vêtements trempés collants,
Les vagues enflent, nous soulèvent magiquement,
Le cœur levé vers le ciel, les cheveux bouclés de vent,
Je retiens, avide, vos lèvres entre mes dents,
Tandis que l’eau salée envahit nos bouches entrouvertes…
La langue claque au palais le sourire triomphant !
Ah, ah ! Nager et vous tenir, porter un coeur valsant,
Fou de joie, plus rien n’existe, si ce n’est l’horizon,
Tourbillon de trombes, vortex d’écumes blanchâtres, déraison !
Puisse l’eau nous voguer à jamais en désir…
Caresse, ainsi que le feraient les branches d’un saule :
Elles glissent, s’entrelacent, flottent lentement,
Découvrent votre visage, plus douces que le vent !
Ainsi songé-je, vous voyant, immobile et l’oeil clair,
D’un regard insondable qui jette des éclairs :
Vie, Mort, Beauté, mes trois tourments, – ô triptyque,
Tournoyez et dansez en son sein angélique !
Vous semblez rétorquer, plein de charme et de ruse :
Pourquoi cet air tragique ? Allez va, il m’amuse !
Votre sourire me touche, je ne vous en tiens grief,
Mon nom est Muse ; et je suis l’as de trèfle…
02 Novembre 2020
Dans l’encre chaleureuse de lèvres purpurines,
Se dessine la terre meuble de songes idéaux.
La mer coule en langueur des larmes de ruisseaux,
Et l’ombre clameur bruisse la lune opaline.
J’ai vu dans vos yeux songeurs l’étranglement
Sinueux d’un vœux épuisé. Je me lève,
Et verse dans vos mains la fraîcheur des sèves
De roseaux dormeurs. J’aime tant
Vos troubles voluptueux. Accouche,
Ô, tonnerre de brume ! la fièvre d’un front en sueur !
Accouche, – je touche, d’une main brûlante,
Des cheveux dormeurs dénoués qui se livrent
En bataille sur mon épaule. Je vous délivre
De tous ses cauchemars, de ces voix qui vous hantent !
Mon torse et ma peau frissonnent. Je savoure
La douceur éternelle d’une éclipse d’un jour
Votre respiration s’allège, j’aime votre nez
Qui s’agite par palpitations raffinées !
J’aime vos seins qui touchent mon corps blême,
Vos mains campées près de mon cou,
Votre dos cambré, vos jambes à genoux,
Je vous entoure en cocon, jusqu’à la mort, jusqu’à l’anathème !
Aussi chaud que le lait qu’une dent tète et étire,
Aussi doux que l’eau d’une vague salée soulevée,
Aussi passionnée qu’un souffle râle-mourir,
Je vous enveloppe de mes bras étirés.
Incantations secrètes d’un fou adoubé,
Mes yeux psalmodient notre bouclier.
Jamais plus, m’entendez-vous ? Jamais plus
Vous ne serez livrée aux torrents infernaux,
Aux gouffres de la morosité, aux monstres hallucinés
Aux idées funestes de vide et de ciguë…
A Lui qui veut vous prendre, je grince : vade retro !
Aux visions et tourments, fascinés
Je rugis, les dévore, les taille en pièces – arrachés
Les démons, déchiquetés, les folies !
Je bus pour vous la coupe jusqu’à la lie,
Et garde pour vous ces reflets lointains
D’un verre sublimé, malgré tout, cristallin !
Absolu d’ivresse, enivrement de dentelles,
Je garde en moi l’infortune étincelle
La danse double de jambes sur talons,
Le déhanchement lascif, l’affront du menton,
Les sourcils levés, farouches, sans jamais dire pardon,
Le corps qui tourne, mêlant lumière et son,
Ses yeux ! Enfin, ses yeux infinis !
Ce regard vacillant que jamais l’on oublie !
Absolu liberté, absolu sensibilité,
Cette peau caressée par un doigt hésitant,
Cette eau, cette goutte au creux de la nuque,
Ce parfum de fleur et musc exhalés,
Ces cordes de musique, terriblement impudiques
Cette voix si belle, innocente, foudroyante et sensuelle,
Ces regards évités, ces rendez-vous manqués,
Ce fantasme né pour narguer la réalité.
Ma dame, j’ai rencontré votre âme
Elle était merveilleusement caressante,
Touchante, quelque peu effarouchée.
Elle semblait si bouillonnante, elle pulsait
Des rayons d’étoile du Nord,
Elle voyageait et fusait, comète
Têtue, chantant et dansant à tue-tête,
Gigotant, sans jamais savoir où aller.
Ecoutez ! jamais plus vous ne vous perdrez
Dans les univers désenchantés,
Plus jamais l’ancre de ferraille rouillée
N’entraînera votre jambe au fond de l’océan
Je vous porterai, lutterai, nageant à perdre haleine,
Et nos cheveux mouillés s’entrelaceront,
Nos bouches boiront l’air de nos deux poumons
Nous flotterons, malgré les vagues et la tempête,
Légers, légers, nous flotterons dans la nuit entre ciel et mer
Au centre de la terre, aux confins des univers,
Je vous hisserai, plus loin, à petits efforts,
Les petites joies crépiteront d’étincelles d’artifices
Et ces simplicités seront pour vous des enchantements.
J’ose, vélocité de doigts, caresser
Le creux de votre dos
Dessiner des soupirs retenus
Chaque frémissement, de justesse
Les rattraper au vol
Et puis ? et puis…
Par ruse, – et puis, parce que cela m’amuse,
Tresser vos cheveux pour mieux les dénouer
M’approcher, plus près, si près
Que vous vous évanouissez
Les paupières fermées, les joues rosies
Timides et enflammées – et puis ?
Et puis…
Un ventre blanc au goût d’oeuf à la neige,
Déhanché incessant, mes mains vous retiennent,
Et vous dansez en rond, vos pieds effleurant le sol,
Je suis votre soutien et votre parasol,
Chaque pas rebondit en tournoyant, opéra,
Votre dos, Chignon noué, vos bras fins
Sur la scène, je vous suis, vous porte, vous jette et vous rattrape,
Horizontale, vous volez, nos visages se poursuivent,
C’est un tourbillon musical de nos corps aimantés
Amants de l’idéal virevoltant, gestes éclatés,
Parcellaires, nœuds, racines et feuilles d’automnes,
Nos chants criés au silence d’écho qui tonne,
Au rythme de la nuit, projecteurs éphémères,
Nous nageons, riant, entre les roches escarpées,
Retenus par nos bras, accrochés par nos mains glacés,
Lèvres tremblantes, heureuses, vêtements trempés collants,
Les vagues enflent, nous soulèvent magiquement,
Le cœur levé vers le ciel, les cheveux bouclés de vent,
Je retiens, avide, vos lèvres entre mes dents,
Tandis que l’eau salée envahit nos bouches entrouvertes…
La langue claque au palais le sourire triomphant !
Ah, ah ! Nager et vous tenir, porter un coeur valsant,
Fou de joie, plus rien n’existe, si ce n’est l’horizon,
Tourbillon de trombes, vortex d’écumes blanchâtres, déraison !
Puisse l’eau nous voguer à jamais en désir…
Elbaidieanul
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Poème en Phonétique
sə silɑ̃sə afεktɥø kɑ̃vəlɔpə vɔtʁə epolə
kaʁεsə, ɛ̃si kə lə fəʁε lε bʁɑ̃ʃə dœ̃ solə :
εllə ɡlise, sɑ̃tʁəlase, flɔte lɑ̃təmɑ̃,
dekuvʁe vɔtʁə vizaʒə, plys dusə kə lə vɑ̃ !
ɛ̃si sɔ̃ʒe ʒə, vu vwajɑ̃, imɔbilə e lɔεj klεʁ,
dœ̃ ʁəɡaʁ ɛ̃sɔ̃dablə ki ʒεtə dεz- eklεʁ :
vi, mɔʁ, bote, mε tʁwa tuʁmɑ̃, o tʁiptikə,
tuʁnwajez- e dɑ̃sez- ɑ̃ sɔ̃ sɛ̃ ɑ̃ʒelikə !
vu sɑ̃ble ʁetɔʁke, plɛ̃ də ʃaʁmə e də ʁyzə :
puʁkwa sεt εʁ tʁaʒikə ? ale va, il mamyzə !
vɔtʁə suʁiʁə mə tuʃə, ʒə nə vuz- ɑ̃ tjɛ̃ ɡʁjεf,
mɔ̃ nɔ̃ ε myzə, e ʒə sɥi la də tʁεflə…
zeʁo dø nɔvɑ̃bʁə dø milə vɛ̃
dɑ̃ lɑ̃kʁə ʃaləʁøzə də lεvʁə- pyʁpyʁinə,
sə desinə la teʁə məblə də sɔ̃ʒəz- ideo.
la mεʁ kulə ɑ̃ lɑ̃ɡœʁ dε laʁmə- də ʁɥiso,
e lɔ̃bʁə klamœʁ bʁɥisə la lynə ɔpalinə.
ʒε vy dɑ̃ voz- iø sɔ̃ʒœʁ letʁɑ̃ɡləmɑ̃
sinɥø dœ̃ veyks epɥize. ʒə mə lεvə,
e vεʁsə dɑ̃ vo mɛ̃ la fʁεʃœʁ dε sεvə
də ʁozo dɔʁmœʁ. ʒεmə tɑ̃
vo tʁublə vɔlyptɥø. akuʃə,
o, tɔneʁə də bʁymə ! la fjεvʁə dœ̃ fʁɔ̃ ɑ̃ sɥœʁ !
akuʃə, ʒə tuʃə, dynə mɛ̃ bʁylɑ̃tə,
dε ʃəvø dɔʁmœʁ denue ki sə livʁe
ɑ̃ batajə syʁ mɔ̃n- epolə. ʒə vu delivʁə
də tus sε koʃəmaʁ, də sε vwa ki vu-ɑ̃te !
mɔ̃ tɔʁsə e ma po fʁisɔne. ʒə savuʁə
la dusœʁ etεʁnεllə dynə eklipsə dœ̃ ʒuʁ
vɔtʁə ʁεspiʁasjɔ̃ salεʒə, ʒεmə vɔtʁə ne
ki saʒitə paʁ palpitasjɔ̃ ʁafine !
ʒεmə vo sɛ̃ ki tuʃe mɔ̃ kɔʁ blεmə,
vo mɛ̃ kɑ̃pe pʁε də mɔ̃ ku,
vɔtʁə do kɑ̃bʁe, vo ʒɑ̃bəz- a ʒənu,
ʒə vuz- ɑ̃tuʁə ɑ̃ kɔkɔ̃, ʒyska la mɔʁ, ʒyska lanatεmə !
osi ʃo kə lə lε kynə dɑ̃ tεtə e etiʁə,
osi du kə lo dynə vaɡ sale suləve,
osi pasjɔne kœ̃ suflə ʁalə muʁiʁ,
ʒə vuz- ɑ̃vəlɔpə də mε bʁaz- etiʁe.
ɛ̃kɑ̃tasjɔ̃ sεkʁεtə dœ̃ fu adube,
mεz- iø psalmɔdje nɔtʁə buklje.
ʒamε plys, mɑ̃tɑ̃de vu ? ʒamε plys
vu nə səʁe livʁe o tɔʁɑ̃z- ɛ̃fεʁno,
o ɡufʁə- də la mɔʁozite, o mɔ̃stʁə- alysine
oz- ide fynεstə də vidə e də siɡy…
a lɥi ki vø vu pʁɑ̃dʁə, ʒə ɡʁɛ̃sə : vadə ʁətʁo !
o vizjɔ̃z- e tuʁmɑ̃, fasine
ʒə ʁyʒi, lε devɔʁə, lε tajə ɑ̃ pjεsə aʁaʃe
lε demɔ̃, deʃikəte, lε fɔli !
ʒə bys puʁ vu la kupə ʒyska la li,
e ɡaʁdə puʁ vu sε ʁəflε lwɛ̃tɛ̃
dœ̃ veʁə syblime, malɡʁe tu, kʁistalɛ̃ !
absɔly divʁεsə, ɑ̃nivʁəmɑ̃ də dɑ̃tεllə,
ʒə ɡaʁdə ɑ̃ mwa lɛ̃fɔʁtynə etɛ̃sεllə
la dɑ̃sə dublə də ʒɑ̃bə syʁ talɔ̃,
lə deɑ̃ʃəmɑ̃ lasif, lafʁɔ̃ dy mɑ̃tɔ̃,
lε suʁsil ləve, faʁuʃə, sɑ̃ ʒamε diʁə paʁdɔ̃,
lə kɔʁ ki tuʁnə, mεlɑ̃ lymjεʁə e sɔ̃,
sεz- iø ! ɑ̃fɛ̃, sεz- iøz- ɛ̃fini !
sə ʁəɡaʁ vasijɑ̃ kə ʒamε lɔ̃n- ubli !
absɔly libεʁte, absɔly sɑ̃sibilite,
sεtə po kaʁese paʁ œ̃ dwa ezitɑ̃,
sεtə o, sεtə ɡutə o kʁø də la nykə,
sə paʁfœ̃ də flœʁ e mysk εɡzale,
sε kɔʁdə- də myzikə, teʁibləmɑ̃ ɛ̃pydik
sεtə vwa si bεllə, inɔsɑ̃tə, fudʁwajɑ̃tə e sɑ̃sɥεllə,
sε ʁəɡaʁdz- evite, sε ʁɑ̃de vu mɑ̃ke,
sə fɑ̃tasmə ne puʁ naʁɡe la ʁealite.
ma damə, ʒε ʁɑ̃kɔ̃tʁe vɔtʁə amə
εllə etε mεʁvεjøzəmɑ̃ kaʁesɑ̃tə,
tuʃɑ̃tə, kεlkə pø efaʁuʃe.
εllə sɑ̃blε si bujɔnɑ̃tə, εllə pylsε
dε ʁεjɔ̃ detwalə dy nɔʁ,
εllə vwajaʒε e fyzε, kɔmεtə
tεtɥ, ʃɑ̃tɑ̃ e dɑ̃sɑ̃ a tɥ tεtə,
ʒiɡɔtɑ̃, sɑ̃ ʒamε savwaʁ u ale.
əkute ! ʒamε plys vu nə vu pεʁdʁe
dɑ̃ lεz- ynive dezɑ̃ʃɑ̃te,
plys ʒamε lɑ̃kʁə də feʁajə ʁuje
nɑ̃tʁεnəʁa vɔtʁə ʒɑ̃bə o fɔ̃ də lɔseɑ̃
ʒə vu pɔʁtəʁε, lytəʁε, naʒɑ̃ a pεʁdʁə-alεnə,
e no ʃəvø muje sɑ̃tʁəlasəʁɔ̃,
no buʃə bwaʁɔ̃ lεʁ də no dø pumɔ̃
nu flɔtəʁɔ̃, malɡʁe lε vaɡz- e la tɑ̃pεtə,
leʒe, leʒe, nu flɔtəʁɔ̃ dɑ̃ la nɥi ɑ̃tʁə sjεl e mεʁ
o sɑ̃tʁə də la teʁə, o kɔ̃fɛ̃ dεz- ynive,
ʒə vuz- isəʁε, plys lwɛ̃, a pətiz- efɔʁ,
lε pətitə ʒwa kʁepitəʁɔ̃ detɛ̃sεllə daʁtifisə
e sε sɛ̃plisite səʁɔ̃ puʁ vu dεz- ɑ̃ʃɑ̃təmɑ̃.
ʒozə, velɔsite də dwa, kaʁese
lə kʁø də vɔtʁə do
desine dε supiʁ ʁətənys
ʃakə fʁemisəmɑ̃, də ʒystεsə
lε ʁatʁape o vɔl
e pɥi ? e pɥi…
paʁ ʁyzə, e pɥi, paʁsə kə səla mamyzə,
tʁese vo ʃəvø puʁ mjø lε denue
mapʁoʃe, plys pʁε, si pʁε
kə vu vuz- evanuise
lε popjεʁə fεʁme, lε ʒu ʁozi
timidəz- e ɑ̃flame e pɥi ?
e pɥi…
œ̃ vɑ̃tʁə blɑ̃ o ɡu dœf a la nεʒə,
deɑ̃ʃe ɛ̃sesɑ̃, mε mɛ̃ vu ʁətjεne,
e vu dɑ̃sez- ɑ̃ ʁɔ̃, vo pjez- efləʁɑ̃ lə sɔl,
ʒə sɥi vɔtʁə sutjɛ̃ e vɔtʁə paʁazɔl,
ʃakə pa ʁəbɔ̃di ɑ̃ tuʁnwajɑ̃, ɔpeʁa,
vɔtʁə do, ʃiɲɔ̃ nue, vo bʁa fɛ̃
syʁ la sεnə, ʒə vu sɥi, vu pɔʁtə, vu ʒεtə e vu ʁatʁapə,
ɔʁizɔ̃talə, vu vɔle, no vizaʒə sə puʁsɥive,
sεt- œ̃ tuʁbijɔ̃ myzikal də no kɔʁz- εmɑ̃te
amɑ̃ də lideal viʁəvɔltɑ̃, ʒεstəz- eklate,
paʁsεllεʁə, neyd, ʁasinəz- e fœjə dotɔmnə,
no ʃɑ̃ kʁjez- o silɑ̃sə deʃo ki tɔnə,
o ʁitmə də la nɥi, pʁɔʒεktœʁz- efemεʁə,
nu naʒɔ̃, ʁjɑ̃, ɑ̃tʁə lε ʁoʃəz- εskaʁpe,
ʁətənys paʁ no bʁa, akʁoʃe paʁ no mɛ̃ ɡlase,
lεvʁə- tʁɑ̃blɑ̃tə, œʁøzə, vεtəmɑ̃ tʁɑ̃pe kɔlɑ̃,
lε vaɡz- ɑ̃fle, nu sulεve maʒikəmɑ̃,
lə kœʁ ləve vεʁ lə sjεl, lε ʃəvø bukle də vɑ̃,
ʒə ʁətjɛ̃, avidə, vo lεvʁəz- ɑ̃tʁə mε dɑ̃,
tɑ̃di kə lo sale ɑ̃vai no buʃəz- ɑ̃tʁuvεʁtə…
la lɑ̃ɡ klakə o palε lə suʁiʁə tʁjɔ̃fɑ̃ !
a, a ! naʒe e vu təniʁ, pɔʁte œ̃ kœʁ valsɑ̃,
fu də ʒwa, plys ʁjɛ̃ nεɡzistə, si sə nε lɔʁizɔ̃,
tuʁbijɔ̃ də tʁɔ̃bə, vɔʁtεks dekymə blɑ̃ʃatʁə, deʁεzɔ̃ !
pɥisə lo nu vɔɡe a ʒamεz- ɑ̃ deziʁ…
kaʁεsə, ɛ̃si kə lə fəʁε lε bʁɑ̃ʃə dœ̃ solə :
εllə ɡlise, sɑ̃tʁəlase, flɔte lɑ̃təmɑ̃,
dekuvʁe vɔtʁə vizaʒə, plys dusə kə lə vɑ̃ !
ɛ̃si sɔ̃ʒe ʒə, vu vwajɑ̃, imɔbilə e lɔεj klεʁ,
dœ̃ ʁəɡaʁ ɛ̃sɔ̃dablə ki ʒεtə dεz- eklεʁ :
vi, mɔʁ, bote, mε tʁwa tuʁmɑ̃, o tʁiptikə,
tuʁnwajez- e dɑ̃sez- ɑ̃ sɔ̃ sɛ̃ ɑ̃ʒelikə !
vu sɑ̃ble ʁetɔʁke, plɛ̃ də ʃaʁmə e də ʁyzə :
puʁkwa sεt εʁ tʁaʒikə ? ale va, il mamyzə !
vɔtʁə suʁiʁə mə tuʃə, ʒə nə vuz- ɑ̃ tjɛ̃ ɡʁjεf,
mɔ̃ nɔ̃ ε myzə, e ʒə sɥi la də tʁεflə…
zeʁo dø nɔvɑ̃bʁə dø milə vɛ̃
dɑ̃ lɑ̃kʁə ʃaləʁøzə də lεvʁə- pyʁpyʁinə,
sə desinə la teʁə məblə də sɔ̃ʒəz- ideo.
la mεʁ kulə ɑ̃ lɑ̃ɡœʁ dε laʁmə- də ʁɥiso,
e lɔ̃bʁə klamœʁ bʁɥisə la lynə ɔpalinə.
ʒε vy dɑ̃ voz- iø sɔ̃ʒœʁ letʁɑ̃ɡləmɑ̃
sinɥø dœ̃ veyks epɥize. ʒə mə lεvə,
e vεʁsə dɑ̃ vo mɛ̃ la fʁεʃœʁ dε sεvə
də ʁozo dɔʁmœʁ. ʒεmə tɑ̃
vo tʁublə vɔlyptɥø. akuʃə,
o, tɔneʁə də bʁymə ! la fjεvʁə dœ̃ fʁɔ̃ ɑ̃ sɥœʁ !
akuʃə, ʒə tuʃə, dynə mɛ̃ bʁylɑ̃tə,
dε ʃəvø dɔʁmœʁ denue ki sə livʁe
ɑ̃ batajə syʁ mɔ̃n- epolə. ʒə vu delivʁə
də tus sε koʃəmaʁ, də sε vwa ki vu-ɑ̃te !
mɔ̃ tɔʁsə e ma po fʁisɔne. ʒə savuʁə
la dusœʁ etεʁnεllə dynə eklipsə dœ̃ ʒuʁ
vɔtʁə ʁεspiʁasjɔ̃ salεʒə, ʒεmə vɔtʁə ne
ki saʒitə paʁ palpitasjɔ̃ ʁafine !
ʒεmə vo sɛ̃ ki tuʃe mɔ̃ kɔʁ blεmə,
vo mɛ̃ kɑ̃pe pʁε də mɔ̃ ku,
vɔtʁə do kɑ̃bʁe, vo ʒɑ̃bəz- a ʒənu,
ʒə vuz- ɑ̃tuʁə ɑ̃ kɔkɔ̃, ʒyska la mɔʁ, ʒyska lanatεmə !
osi ʃo kə lə lε kynə dɑ̃ tεtə e etiʁə,
osi du kə lo dynə vaɡ sale suləve,
osi pasjɔne kœ̃ suflə ʁalə muʁiʁ,
ʒə vuz- ɑ̃vəlɔpə də mε bʁaz- etiʁe.
ɛ̃kɑ̃tasjɔ̃ sεkʁεtə dœ̃ fu adube,
mεz- iø psalmɔdje nɔtʁə buklje.
ʒamε plys, mɑ̃tɑ̃de vu ? ʒamε plys
vu nə səʁe livʁe o tɔʁɑ̃z- ɛ̃fεʁno,
o ɡufʁə- də la mɔʁozite, o mɔ̃stʁə- alysine
oz- ide fynεstə də vidə e də siɡy…
a lɥi ki vø vu pʁɑ̃dʁə, ʒə ɡʁɛ̃sə : vadə ʁətʁo !
o vizjɔ̃z- e tuʁmɑ̃, fasine
ʒə ʁyʒi, lε devɔʁə, lε tajə ɑ̃ pjεsə aʁaʃe
lε demɔ̃, deʃikəte, lε fɔli !
ʒə bys puʁ vu la kupə ʒyska la li,
e ɡaʁdə puʁ vu sε ʁəflε lwɛ̃tɛ̃
dœ̃ veʁə syblime, malɡʁe tu, kʁistalɛ̃ !
absɔly divʁεsə, ɑ̃nivʁəmɑ̃ də dɑ̃tεllə,
ʒə ɡaʁdə ɑ̃ mwa lɛ̃fɔʁtynə etɛ̃sεllə
la dɑ̃sə dublə də ʒɑ̃bə syʁ talɔ̃,
lə deɑ̃ʃəmɑ̃ lasif, lafʁɔ̃ dy mɑ̃tɔ̃,
lε suʁsil ləve, faʁuʃə, sɑ̃ ʒamε diʁə paʁdɔ̃,
lə kɔʁ ki tuʁnə, mεlɑ̃ lymjεʁə e sɔ̃,
sεz- iø ! ɑ̃fɛ̃, sεz- iøz- ɛ̃fini !
sə ʁəɡaʁ vasijɑ̃ kə ʒamε lɔ̃n- ubli !
absɔly libεʁte, absɔly sɑ̃sibilite,
sεtə po kaʁese paʁ œ̃ dwa ezitɑ̃,
sεtə o, sεtə ɡutə o kʁø də la nykə,
sə paʁfœ̃ də flœʁ e mysk εɡzale,
sε kɔʁdə- də myzikə, teʁibləmɑ̃ ɛ̃pydik
sεtə vwa si bεllə, inɔsɑ̃tə, fudʁwajɑ̃tə e sɑ̃sɥεllə,
sε ʁəɡaʁdz- evite, sε ʁɑ̃de vu mɑ̃ke,
sə fɑ̃tasmə ne puʁ naʁɡe la ʁealite.
ma damə, ʒε ʁɑ̃kɔ̃tʁe vɔtʁə amə
εllə etε mεʁvεjøzəmɑ̃ kaʁesɑ̃tə,
tuʃɑ̃tə, kεlkə pø efaʁuʃe.
εllə sɑ̃blε si bujɔnɑ̃tə, εllə pylsε
dε ʁεjɔ̃ detwalə dy nɔʁ,
εllə vwajaʒε e fyzε, kɔmεtə
tεtɥ, ʃɑ̃tɑ̃ e dɑ̃sɑ̃ a tɥ tεtə,
ʒiɡɔtɑ̃, sɑ̃ ʒamε savwaʁ u ale.
əkute ! ʒamε plys vu nə vu pεʁdʁe
dɑ̃ lεz- ynive dezɑ̃ʃɑ̃te,
plys ʒamε lɑ̃kʁə də feʁajə ʁuje
nɑ̃tʁεnəʁa vɔtʁə ʒɑ̃bə o fɔ̃ də lɔseɑ̃
ʒə vu pɔʁtəʁε, lytəʁε, naʒɑ̃ a pεʁdʁə-alεnə,
e no ʃəvø muje sɑ̃tʁəlasəʁɔ̃,
no buʃə bwaʁɔ̃ lεʁ də no dø pumɔ̃
nu flɔtəʁɔ̃, malɡʁe lε vaɡz- e la tɑ̃pεtə,
leʒe, leʒe, nu flɔtəʁɔ̃ dɑ̃ la nɥi ɑ̃tʁə sjεl e mεʁ
o sɑ̃tʁə də la teʁə, o kɔ̃fɛ̃ dεz- ynive,
ʒə vuz- isəʁε, plys lwɛ̃, a pətiz- efɔʁ,
lε pətitə ʒwa kʁepitəʁɔ̃ detɛ̃sεllə daʁtifisə
e sε sɛ̃plisite səʁɔ̃ puʁ vu dεz- ɑ̃ʃɑ̃təmɑ̃.
ʒozə, velɔsite də dwa, kaʁese
lə kʁø də vɔtʁə do
desine dε supiʁ ʁətənys
ʃakə fʁemisəmɑ̃, də ʒystεsə
lε ʁatʁape o vɔl
e pɥi ? e pɥi…
paʁ ʁyzə, e pɥi, paʁsə kə səla mamyzə,
tʁese vo ʃəvø puʁ mjø lε denue
mapʁoʃe, plys pʁε, si pʁε
kə vu vuz- evanuise
lε popjεʁə fεʁme, lε ʒu ʁozi
timidəz- e ɑ̃flame e pɥi ?
e pɥi…
œ̃ vɑ̃tʁə blɑ̃ o ɡu dœf a la nεʒə,
deɑ̃ʃe ɛ̃sesɑ̃, mε mɛ̃ vu ʁətjεne,
e vu dɑ̃sez- ɑ̃ ʁɔ̃, vo pjez- efləʁɑ̃ lə sɔl,
ʒə sɥi vɔtʁə sutjɛ̃ e vɔtʁə paʁazɔl,
ʃakə pa ʁəbɔ̃di ɑ̃ tuʁnwajɑ̃, ɔpeʁa,
vɔtʁə do, ʃiɲɔ̃ nue, vo bʁa fɛ̃
syʁ la sεnə, ʒə vu sɥi, vu pɔʁtə, vu ʒεtə e vu ʁatʁapə,
ɔʁizɔ̃talə, vu vɔle, no vizaʒə sə puʁsɥive,
sεt- œ̃ tuʁbijɔ̃ myzikal də no kɔʁz- εmɑ̃te
amɑ̃ də lideal viʁəvɔltɑ̃, ʒεstəz- eklate,
paʁsεllεʁə, neyd, ʁasinəz- e fœjə dotɔmnə,
no ʃɑ̃ kʁjez- o silɑ̃sə deʃo ki tɔnə,
o ʁitmə də la nɥi, pʁɔʒεktœʁz- efemεʁə,
nu naʒɔ̃, ʁjɑ̃, ɑ̃tʁə lε ʁoʃəz- εskaʁpe,
ʁətənys paʁ no bʁa, akʁoʃe paʁ no mɛ̃ ɡlase,
lεvʁə- tʁɑ̃blɑ̃tə, œʁøzə, vεtəmɑ̃ tʁɑ̃pe kɔlɑ̃,
lε vaɡz- ɑ̃fle, nu sulεve maʒikəmɑ̃,
lə kœʁ ləve vεʁ lə sjεl, lε ʃəvø bukle də vɑ̃,
ʒə ʁətjɛ̃, avidə, vo lεvʁəz- ɑ̃tʁə mε dɑ̃,
tɑ̃di kə lo sale ɑ̃vai no buʃəz- ɑ̃tʁuvεʁtə…
la lɑ̃ɡ klakə o palε lə suʁiʁə tʁjɔ̃fɑ̃ !
a, a ! naʒe e vu təniʁ, pɔʁte œ̃ kœʁ valsɑ̃,
fu də ʒwa, plys ʁjɛ̃ nεɡzistə, si sə nε lɔʁizɔ̃,
tuʁbijɔ̃ də tʁɔ̃bə, vɔʁtεks dekymə blɑ̃ʃatʁə, deʁεzɔ̃ !
pɥisə lo nu vɔɡe a ʒamεz- ɑ̃ deziʁ…