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Poeme : Un Cadavre



Un Cadavre

Dans le silence et les vapeurs d’alcool,
Ou se dissolvent les trop fortes émotions,
La force des souvenirs s’étiole,
Pour un temps encore, garder nos illusions.
Abandonné par les passions risibles,
S’achève la transe des plaisirs éclectiques,
Cœur de pierre qui n’est plus une cible,
Loin de la danse des étreintes frénétiques.
Avant que nos esprits ne s’envolent,
Ainsi deviendrons-nous le jour ou le destin,
Nous laissant aux caprices d’Eole,
Viendra nous signifier le terme du chemin.
Délivré des passions monotones,
Voyageurs aux confins des limbes obscurs,
Qui peu à peu les cœurs emprisonnent,
Tremblants à l’unisson de ce certain futur.
Elle qui n’a plus besoin de personne,
Ignorant jusqu’aux tréfonds de sa nature,
Plus jamais ce corps là ne frissonne,
Qui suinte encore de toutes ses blessures.
La horde des légions nécrophages,
Désormais seule vie au sein de l’ordure,
Accompagne ce banal naufrage,
Bruissant en son cœur de son répugnant murmure.
Egérie d’une blancheur vespérale,
D’où émanent ces infâmes exhalaisons,
Passé décomposé d’une vestale,
Qui pourtant poussait les hommes à la déraison.
Evoquant toujours une vie divine,
Seules deux opales enchâssées dans de l’ivoire,
Cernées d’os et de chairs purpurines,
Y brillent encore d’un éclat dérisoire.
Autour du flot des liqueurs fétides,
La nimbe un mouvant halo de folles lucioles,
Qui, dansant dans cet enfer si putride,
Seront pour l’éternité sa seule auréole.
Le temps presse tant que s’en est insensé,
Passé le temps de la jeunesse, ne le sais-tu ?
Chaque instant compte désormais assez,
Pour que chaque heure blesse, et la dernière tue.
Des yeux vides fixent sans hésiter,
Mes mains qui s’animent, visibles sémaphores,
Montrant l’abîme des âmes brisées,
Et déjà de ma bouche, plus un son ne sort.

Le 02/03/08, Gouesnou
Patrice.truffot

PostScriptum

Bon, il parait que ce n’est pas un texte facile… alors petites explications liminaires :
Limbes : etat intermédiaire et flou, traditionenllement situés aux marges de l’enfer.
Nécrophages : qui se nourissent des cadavres lors de leur décomposition.
Vespérale : relatif au soir, au couchant. La blancheur vespérale est donc dans ce texte le reste tardif de la pâleur cadavérique.
Vestale : Prëtresse de la Rome antique, vouée à la chasteté.
Opale : Pierre précieuse de composition complexe et variable, d’où son registre de couleurs qui couvre (et même plus) toutes les couleurs connues des yeux humains. Sa structure donne parfois des iridescences. D’où son utilisation ici comme métaphore pour évoquer la couleur des yeux.
Purpurines : Colorant naturel de couleur rouge foncé, assez proche de la couleur du sang…
Lucioles : Insectes luminescents. Bon, je sais, ce ne sont pas des nécrophages, mais ça faisait joli, et je suis un fan des films de Miyazaki, dont ’Le tombeau des lucioles’.
Putride : en état de putréfaction. Vous n’allez tout de même pas me dire que vous ne connaissez pas la famille Adams ? ? ?


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Poème en Phonétique

dɑ̃ lə silɑ̃sə e lε vapœʁ dalkɔl,
u sə disɔlve lε tʁo fɔʁtəz- emɔsjɔ̃,
la fɔʁsə dε suvəniʁ sesjɔlə,
puʁ œ̃ tɑ̃z- ɑ̃kɔʁə, ɡaʁde noz- ilyzjɔ̃.
abɑ̃dɔne paʁ lε pasjɔ̃ ʁiziblə,
saʃεvə la tʁɑ̃zə dε plεziʁz- eklεktik,
kœʁ də pjeʁə ki nε plysz- ynə siblə,
lwɛ̃ də la dɑ̃sə dεz- etʁɛ̃tə fʁenetik.
avɑ̃ kə noz- εspʁi nə sɑ̃vɔle,
ɛ̃si dəvjɛ̃dʁɔ̃ nu lə ʒuʁ u lə dεstɛ̃,
nu lεsɑ̃ o kapʁisə dəɔlə,
vjɛ̃dʁa nu siɲifje lə tεʁmə dy ʃəmɛ̃.
delivʁe dε pasjɔ̃ monotɔnə,
vwajaʒœʁz- o kɔ̃fɛ̃ dε lɛ̃bəz- ɔpskyʁ,
ki pø a pø lε kœʁz- ɑ̃pʁizɔne,
tʁɑ̃blɑ̃z- a lynisɔ̃ də sə sεʁtɛ̃ fytyʁ.
εllə ki na plys bəzwɛ̃ də pεʁsɔnə,
iɲɔʁɑ̃ ʒysko tʁefɔ̃ də sa natyʁə,
plys ʒamε sə kɔʁ la nə fʁisɔnə,
ki sɥɛ̃tə ɑ̃kɔʁə də tutə sε blesyʁə.
la ɔʁdə dε leʒjɔ̃ nekʁɔfaʒə,
dezɔʁmε sələ vi o sɛ̃ də lɔʁdyʁə,
akɔ̃paɲə sə banal nofʁaʒə,
bʁɥisɑ̃ ɑ̃ sɔ̃ kœʁ də sɔ̃ ʁepyɲɑ̃ myʁmyʁə.
əʒeʁi dynə blɑ̃ʃœʁ vεspeʁalə,
du emane sεz- ɛ̃faməz- εɡzalεzɔ̃,
pase dekɔ̃poze dynə vεstalə,
ki puʁtɑ̃ pusε lεz- ɔməz- a la deʁεzɔ̃.
əvɔkɑ̃ tuʒuʁz- ynə vi divinə,
sələ døz- ɔpaləz- ɑ̃ʃase dɑ̃ də livwaʁə,
sεʁne dos e də ʃεʁ pyʁpyʁinə,
i bʁije ɑ̃kɔʁə dœ̃n- ekla deʁizwaʁə.
otuʁ dy flo dε likœʁ fetidə,
la nɛ̃bə œ̃ muvɑ̃-alo də fɔlə lysjɔlə,
ki, dɑ̃sɑ̃ dɑ̃ sεt ɑ̃fe si pytʁidə,
səʁɔ̃ puʁ letεʁnite sa sələ oʁeɔlə.
lə tɑ̃ pʁεsə tɑ̃ kə sɑ̃n- εt- ɛ̃sɑ̃se,
pase lə tɑ̃ də la ʒənεsə, nə lə sε ty ?
ʃakə ɛ̃stɑ̃ kɔ̃tə dezɔʁmεz- ase,
puʁ kə ʃakə œʁ blεsə, e la dεʁnjεʁə tɥ.
dεz- iø vidə fikse sɑ̃z- ezite,
mε mɛ̃ ki sanime, viziblə semafɔʁə,
mɔ̃tʁɑ̃ labimə dεz- amə bʁize,
e deʒa də ma buʃə, plysz- œ̃ sɔ̃ nə sɔʁ.

lə zeʁo dø slaʃ zeʁo tʁwa slaʃ zeʁo ɥit, ɡuεsnu