Poeme : Le Love Fait Fuir
Le Love Fait Fuir
Avec ou sans valise
J’come te chope
J’galope ma promise !
L’extase évase les occases
Et si t’a hâte de l’tester
Joins-toi sous l’ciel turquoise
Pour que j’te fasse kiffer
Quittons cette banlieue !
En balançant ces bordels
De nos souks fiévreux
Loin des détentes aux motels
Plus d’blème de cash
Le bendo fait no crédit
Toujours en match
Pour des sacs blanchis
Mais sans notre appui
Qu’en dis-tu bébé ?
Faisons ça aujourd’hui
Laisse tout tomber !
Vas-y dans mes bras
Dit quedal aux parents
À part : hasta la vista !
Ou bien l’bon vent !
PostScriptum
Ce poème modernise le topos de l'enlèvement amoureux par une immersion brute dans le langage de la rue, nécessitant un décodage pour en saisir la portée sociale : le narrateur presse sa compagne de fuir le « bendo » (terme désignant le quartier ou le point de trafic) et ses « souks » (métaphore du désordre urbain et de la confusion), pour s'arracher à une réalité où le « blème » (problème) d'argent est constant. En tournant le dos aux « sacs blanchis » (référence explicite au blanchiment d'argent sale ainsi que de la drogue) et à la dureté d'un milieu qui ne fait « no crédit », il propose une rupture radicale avec la criminalité et la pression du « match » quotidien ; une fuite éperdue où, en disant « quedal » (rien) à leurs attaches familiales, ils choisissent de « kiffer » (aimer/profiter de) l'inconnu plutôt que de subir la fatalité du lieu.
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Poème en Phonétique
avεk u sɑ̃ valizə
ʒkɔmə tə ʃɔpə
ʒɡalɔpə ma pʁɔmizə !
lεkstazə evazə lεz- ɔkazə
e si ta atə də ltεste
ʒwɛ̃ twa su lsjεl tyʁkwazə
puʁ kə ʒtə fasə kife
kitɔ̃ sεtə bɑ̃ljø !
ɑ̃ balɑ̃sɑ̃ sε bɔʁdεl
də no suk fjevʁø
lwɛ̃ dε detɑ̃təz- o mɔtεl
plys dblεmə də kaʃ
lə bɑ̃do fε no kʁedi
tuʒuʁz- ɑ̃ matʃ
puʁ dε sak blɑ̃ʃi
mε sɑ̃ nɔtʁə apɥi
kɑ̃ di ty bebe ?
fəzɔ̃ sa oʒuʁdɥi
lεsə tu tɔ̃be !
va i dɑ̃ mε bʁa
di kədal o paʁɑ̃
a paʁ : asta la vista !
u bjɛ̃ lbɔ̃ vɑ̃ !