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Prose : Session Péripatéticienne (Attention Termes Violents)



Session Péripatéticienne (Attention Termes Violents)

Elle était la poupée favorite des contrebandiers de l’amour, postiche parfait des pin-up d’autres jours, jeune fille paumée aux allures angéliques, dont les yeux criaient « Donnes-moi de l’amour »… Entre deux piqûres de rappel, elle se prenait pour une héroïne, planant au dessus d’un monde où elle serait reine, et non pas une vulgaire « drague-queen ». Mais, chaque matin, dans son hôtel miteux de la nuit passée, elle lisait désemparée sur son front, l’inscription de sa vie entière : ’Made In Misère «. .

Ses yeux étaient d’un bleu monochrome et monotone.
Pour accueillir les clients, tous irrités et aphones.
Leurs mains sales baissaient la luminosité de son visage,
Pour mieux pouvoir pénétrer son corps d’objet sage. .

Elle n’avait pas de nom, pourquoi en aurait-elle eu un ? Elle qui n’était qu’une unité de plus dans la chaîne du désir. Comment avait-elle fait pour survivre jusque là ? Comment avait-elle pu cacher ses ecchymoses avec sa peau d’os ? Ses raisons étaient hors du business social, ça ne nous regardait pas de savoir qu’elle prostituait son corps pour vendre son âme…

Ils tapaient sur elle. . des commandes incompréhensibles,
Qui ne faisaient que la dérégler. . la rendre plus insensible. .
Ils lui demandaient combien leur coûteraient un sourire,
Mais telle une automate sans réponse, elle les laissait rire. .

Elle leur offrait chaque soir le menu pour démarrer et ils choisissaient un programme approprié à leurs désirs de dépravés. . Tous ses mouvements étaient devenus gestes répétitifs et calculés, pour donner le plaisir et recevoir la monnaie. C’était la même besogne chaque soir de suite, cette interminable manipulation grotesque qui n’avait rien de sensuel ou d’érotique…

Elle n’était qu’un vulgaire outil de satisfaction,
Qui répondait à chacune de leurs intimes effractions. .
Avec plaisir, ils l’obligeaient à moduler le son,
De ses cris étouffés, de ses pleurs, de ses émotions. .

Elle était prise dans un système d’exploitation, soumise à l’esclavage d’un Mac, Potentiellement Con et vendeur de misère sur pattes. . Elle qui n’avait voulu que se faire un peu d’argent, été maintenant assiégée par un cheval de Troie qui déchiquetait sa condition de femme pas à pas, trot pour trop. Elle était devenue aveugle de douleur mais voyante d’hypocrisie, de la nature abjecte de l’Homme, couard et sale. . Un nécromorphe1 qui cache ses yeux d’un bandeau noir, et son visage d’un masque banal. .

» Tu peux l’aimer si tu pais : tu l’auras toute la nuit «
Elle sera muette et une esclave adoucie ;
Elle sera froide comme le métal tranchant
De la lame d’acier plantée dans son cœur d’enfant. .

Elle haïssait le monde, ignoble lieu aux pantins de boue, debout à pisser sur les corps faibles et à bout. Eux, qui n’étaient que des consciences informatisées, réglées par leurs vies métro-boulot-dodo-tisées, prêts à payer pour se faire aimer d’une pauvre humaine à qui on retirait même le droit d’être mortelle. C’était une petite fille qu’on bâillonnait pour qu’elle se taise pendant que son corps de femme était vulgairement détruit par des anonymes avatars de son » espèce"…

Tous les soirs, elle jetait ses affaires salies à la corbeille,
Toutes ses images sauvegardées en elle,
Dans la mémoire, elle a gravé ses horreurs. .
Elle a désinstallé à jamais son programme de l’honneur.

Ce soir là en particulier, elle rentra brisée… Oui, ce soir, elle disjoncta et péta les plombs. Elle saccagea sa pièce de bonne. . à rien. . Elle s’écroulera parmi les verres brisés de ses années de malheurs. . Elle n’avait plus le courage de survivre dans cette existence de sous-Homme… Elle ouvrit la fenêtre de son bureau délabré et elle se déconnectera une ultime fois du serveur de sa vie désenchantée…

De sa vie, dont elle avait perdu le contrôle de décider,
Elle venait de trouver la touche pour s’échapper. .
Les lumières s’éteignent, le clapet tombe d’un coup sec. .
Ce soir, elle redémarrera sa vie en mode sans échec…
Melly-Mellow

PostScriptum

1 = le terme « nécromorphe » est un néologisme apparu grâce à la licence vidéo-ludique nommée Dead Space. . Les nécromorphes sont d’hideuses créatures dont le corps, à l’origine humain, à muter à cause d’un virus. . Ces créatures sont extrêmement violentes et dénuées de sentiments. Pour le héros, ce sont une forme de cauchemar. Référence : (ÂMES SENSIBLES S’ABSTENIR ! ! ) http : //fr. deadspace. wikia. com/wiki/N%C3%A9cromorphes

Donc voici, un texte sur une comparaison filée entre la prostitution et un ordinateur. . A vous de trouver tous les jeux de mots que j’ai glissé dans ce texte (et désolé pour le placement marketing avec les deux marques ^^’) . . Le message que j’ai voulu faire passer derrière ceci est assez simple à comprendre : la pauvre condition de ses femmes ne fait que malheureusement les apparenter à de vulgaires machines…
J’envoie mon soutien à ces nombreuses femmes, voici quelques chiffres que je souhaite vous faire partager =
Selon l’ONU, 80% de toute la traite des êtres humains est à des fins de prostitution.
Selon l’OCRTEH, 90% sont des étrangères contraintes à la prostitution par des réseaux contrebandiers. Ces réseaux violent, tuent, torturent, et menacent la famille de ses femmes restée dans leurs pays d’origine. L’escorte indépendante est l’exception à ce système, sinon tout l’argent est récupéré par le proxénète.


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Poème en Phonétique

εllə etε la pupe favɔʁitə dε kɔ̃tʁəbɑ̃dje də lamuʁ, pɔstiʃə paʁfε dε pɛ̃ yp dotʁə- ʒuʁ, ʒənə fijə pome oz- alyʁəz- ɑ̃ʒelik, dɔ̃ lεz- iø kʁjεɛ̃t « dɔnə mwa də lamuʁ »… ɑ̃tʁə dø pikyʁə də ʁapεl, εllə sə pʁənε puʁ ynə eʁɔinə, planɑ̃ o dəsy dœ̃ mɔ̃də u εllə səʁε ʁεnə, e nɔ̃ pa ynə vylɡεʁə « dʁaɡ kin ». mε, ʃakə matɛ̃, dɑ̃ sɔ̃n- otεl mitø də la nɥi pase, εllə lizε dezɑ̃paʁe syʁ sɔ̃ fʁɔ̃, lɛ̃skʁipsjɔ̃ də sa vi ɑ̃tjεʁə : madə ɛ̃ mizεʁə «.

sεz- iøz- etε dœ̃ blø monokʁɔmə e monotɔnə.
puʁ akœjiʁ lε kljɑ̃, tusz- iʁitez- e afɔnə.
lœʁ mɛ̃ salə bεsε la lyminozite də sɔ̃ vizaʒə,
puʁ mjø puvwaʁ penetʁe sɔ̃ kɔʁ dɔbʒε saʒə.

εllə navε pa də nɔ̃, puʁkwa ɑ̃n- oʁε tεllə y œ̃ ? εllə ki netε kynə ynite də plys dɑ̃ la ʃεnə dy deziʁ. kɔmɑ̃ avε tεllə fε puʁ syʁvivʁə ʒyskə la ? kɔmɑ̃ avε tεllə py kaʃe sεz- εkimozəz- avεk sa po dos ? sε ʁεzɔ̃z- etε ɔʁ dy byzinεs sɔsjal, sa nə nu ʁəɡaʁdε pa də savwaʁ kεllə pʁɔstitɥε sɔ̃ kɔʁ puʁ vɑ̃dʁə sɔ̃n- amə…

il tapε syʁ εllə. dε kɔmɑ̃dəz- ɛ̃kɔ̃pʁeɑ̃siblə,
ki nə fəzε kə la deʁeɡle. la ʁɑ̃dʁə plysz- ɛ̃sɑ̃siblə.
il lɥi dəmɑ̃dε kɔ̃bjɛ̃ lœʁ kutəʁε œ̃ suʁiʁə,
mε tεllə ynə otɔmatə sɑ̃ ʁepɔ̃sə, εllə lε lεsε ʁiʁə.

εllə lœʁ ɔfʁε ʃakə swaʁ lə məny puʁ demaʁe e il ʃwazisε œ̃ pʁɔɡʁamə apʁɔpʁje a lœʁ deziʁ də depʁave. tus sε muvəmɑ̃z- etε dəvənys ʒεstə ʁepetitifz- e kalkyle, puʁ dɔne lə plεziʁ e ʁəsəvwaʁ la mɔnε. setε la mεmə bəzɔɲə ʃakə swaʁ də sɥitə, sεtə ɛ̃tεʁminablə manipylasjɔ̃ ɡʁɔtεskə ki navε ʁjɛ̃ də sɑ̃sɥεl u deʁɔtikə…

εllə netε kœ̃ vylɡεʁə uti də satisfaksjɔ̃,
ki ʁepɔ̃dε a ʃakynə də lœʁz- ɛ̃timəz- efʁaksjɔ̃.
avεk plεziʁ, il lɔbliʒε a mɔdyle lə sɔ̃,
də sε kʁiz- etufe, də sε plœʁ, də sεz- emɔsjɔ̃.

εllə etε pʁizə dɑ̃z- œ̃ sistεmə dεksplwatasjɔ̃, sumizə a lεsklavaʒə dœ̃ mak, pɔtɑ̃sjεllmɑ̃ kɔ̃ e vɑ̃dœʁ də mizεʁə syʁ patə. εllə ki navε vuly kə sə fεʁə œ̃ pø daʁʒe, ete mɛ̃tənɑ̃ asjeʒe paʁ œ̃ ʃəval də tʁwa ki deʃikətε sa kɔ̃disjɔ̃ də famə pa a pa, tʁo puʁ tʁo. εllə etε dəvənɥ avøɡlə də dulœʁ mε vwajɑ̃tə dipɔkʁizi, də la natyʁə abʒεktə də lɔmə, kuaʁ e salə. œ̃ nekʁomoʁfə œ̃ ki kaʃə sεz- iø dœ̃ bɑ̃do nwaʁ, e sɔ̃ vizaʒə dœ̃ maskə banal.

» ty pø lεme si ty pε : ty loʁa tutə la nɥit «
εllə səʁa mɥεtə e ynə εsklavə adusi,
εllə səʁa fʁwadə kɔmə lə metal tʁɑ̃ʃɑ̃
də la lamə dasje plɑ̃te dɑ̃ sɔ̃ kœʁ dɑ̃fɑ̃.

εllə-ajsε lə mɔ̃də, iɲɔblə ljø o pɑ̃tɛ̃ də bu, dəbu a pise syʁ lε kɔʁ fεbləz- e a bu. ø, ki netε kə dε kɔ̃sjɑ̃səz- ɛ̃fɔʁmatize, ʁeɡle paʁ lœʁ vi metʁo bulo dɔdo tize, pʁεz- a pεje puʁ sə fεʁə εme dynə povʁə ymεnə a ki ɔ̃ ʁətiʁε mεmə lə dʁwa dεtʁə mɔʁtεllə. setε ynə pətitə fijə kɔ̃ bajɔnε puʁ kεllə sə tεzə pɑ̃dɑ̃ kə sɔ̃ kɔʁ də famə etε vylɡεʁəmɑ̃ detʁɥi paʁ dεz- anɔniməz- avataʁ də sɔn » εspεsə ɡjmε…

tus lε swaʁ, εllə ʒətε sεz- afεʁə saliz- a la kɔʁbεjə,
tutə sεz- imaʒə sovɡaʁdez- ɑ̃n- εllə,
dɑ̃ la memwaʁə, εllə a ɡʁave sεz- ɔʁœʁ.
εllə a dezɛ̃stale a ʒamε sɔ̃ pʁɔɡʁamə də lɔnœʁ.

sə swaʁ la ɑ̃ paʁtikylje, εllə ʁɑ̃tʁa bʁize… ui, sə swaʁ, εllə dizʒɔ̃kta e peta lε plɔ̃b. εllə sakaʒa sa pjεsə də bɔnə. a ʁjɛ̃. εllə sekʁuləʁa paʁmi lε veʁə- bʁize də sεz- ane də malœʁ. εllə navε plys lə kuʁaʒə də syʁvivʁə dɑ̃ sεtə εɡzistɑ̃sə də suz- ɔmə… εllə uvʁi la fənεtʁə də sɔ̃ byʁo delabʁe e εllə sə dekɔnεktəʁa ynə yltimə fwa dy sεʁvœʁ də sa vi dezɑ̃ʃɑ̃te…

də sa vi, dɔ̃ εllə avε pεʁdy lə kɔ̃tʁolə də deside,
εllə vənε də tʁuve la tuʃə puʁ seʃape.
lε lymjεʁə setεɲe, lə klapε tɔ̃bə dœ̃ ku sεk.
sə swaʁ, εllə ʁədemaʁəʁa sa vi ɑ̃ mɔdə sɑ̃z- eʃεk…