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Poeme : Grand Écart !



A Propos

poème hommage à Villon
et à sa BALLADE DU CONCOURS DE BLOIS

Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Chauld comme feu, et tremble dent à dent,
En mon païs suis en terre loingtaine ;
Lez un brazier friçonne tout ardent ;
Nu comme ung ver, vestu en president ;
Je ris en pleurs, et attens sans espoir ;
Confort reprens en triste desespoir ;
Je m’esjouys et n’ay plaisir aucun ;
Puissant je suis sans force et sans povoir,
Bien recueilly, debouté de chascun.

Rien ne m’est seur que la chose incertaine,
Obscur, fors ce qui est tout evident ;
Doubte ne fais, fors en chose certaine ;
Science tiens à soudain accident ;
Je gaigne tout, et demeure perdent ;
Au point du jour, diz : « Dieu vous doint bon soir ! »
Gisant envers, j’ay grant paour de cheoir ;
J’ay bien de quoy, et si n’en ay pas un ;
Eschoicte attens, et d’homme ne suis hoir,
Bien recueilly, debouté de chascun.

De riens n’ay soing, si metz toute ma paine
D’acquerir biens, et n’y suis pretendant ;
Qui mieulx me dit, c’est cil qui plus m’attaine,
Et qui plus vray, lors plus me va bourdant ;
Mon ami est qui me fait entendant
D’ung cygne blanc que c’est ung corbeau noir ;
Et qui me nuyst croy qu’il m’aide à povoir.
Verité, bourde, aujourd’uy m’est tout un.
Je retiens tout ; riens ne sçay concepvoir,
Bien recueilly, debouté de chascun.

Prince clement, or vous plaise savoir
Que j’entens moult, et n’ay sens ne sçavoir ;
Parcial suis, à toutes lois commun.
Que fais−je plus ? Quoy ? Les gaiges ravoir,
Bien recueilly, debouté de chascun.

Grand Écart !

Si je fais tout pour ne rien faire
Je me souviens de mon oubli
À peine levé déjà à terre
Je présuppose tout accompli ;

J’ignore pourquoi ce que je sais
N’a aucun sens mais l’essentiel
Demeure obscure si bien que c’est
Ma seule raison de démentiel ;

Je suis à jeun entre deux plats
Tâtez les os de mes rondeurs
Le gros bidon d’un ventre plat
C’est de grossir toute sa maigreur ;

Je hais toujours tout en aimant
À moindre dose de confiance
Pour être avare de sentiments
J’accorde à tous nulle méfiance ;

Et de la vie viendra ma mort
En m’endormant elle me réveille
Plein de regrets sans un remords
La laissant faire, je la surveille…
Zeugme

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Poème en Phonétique

si ʒə fε tu puʁ nə ʁjɛ̃ fεʁə
ʒə mə suvjɛ̃ də mɔ̃n- ubli
a pεnə ləve deʒa a teʁə
ʒə pʁezypozə tut- akɔ̃pli,

ʒiɲɔʁə puʁkwa sə kə ʒə sε
na okœ̃ sɑ̃s mε lesɑ̃sjεl
dəməʁə ɔpskyʁə si bjɛ̃ kə sε
ma sələ ʁεzɔ̃ də demɑ̃sjεl,

ʒə sɥiz- a ʒən ɑ̃tʁə dø pla
tate lεz- os də mε ʁɔ̃dœʁ
lə ɡʁo bidɔ̃ dœ̃ vɑ̃tʁə pla
sε də ɡʁɔsiʁ tutə sa mεɡʁœʁ,

ʒə-ε tuʒuʁ tut- ɑ̃n- εmɑ̃
a mwɛ̃dʁə dozə də kɔ̃fjɑ̃sə
puʁ εtʁə avaʁə də sɑ̃timɑ̃
ʒakɔʁdə a tus nylə mefjɑ̃sə,

e də la vi vjɛ̃dʁa ma mɔʁ
ɑ̃ mɑ̃dɔʁmɑ̃ εllə mə ʁevεjə
plɛ̃ də ʁəɡʁε sɑ̃z- œ̃ ʁəmɔʁd
la lεsɑ̃ fεʁə, ʒə la syʁvεjə…