Poème-France.com

Poeme : Fêlures



Fêlures

Contenant ordinaire, identique à ses frères
Même bleuté, même reflet, même beauté…
Rien ne le distinguait, posé sur l’étagère,
Présent mais oublié dans l’uniformité.

Un standard que rien ne destinait à extraire,
Du lot collectif, rassemblé à ses côtés,
Nulle marque ni disposition étrangère,
Il résidait commun en toute conformité.

Malmené, tombé, brisé, il était proscrit.
Demeurer dans le lot lui était interdit.
Dés lors défiguré, à jamais tuméfié.

Fêlé mais réparé, unique et embelli,
Il s’expose, par la volonté de l’esprit,
Ses plaies en cicatrices d’or, l’ont magnifié.
Df

PostScriptum

Brisé, réparé, marqué mais embelli par ces cicatrices, non pas cachées mais magnifiées, la vérité du travail nécessaire…
Un contenant… Il était ordinaire ses plaies l’ont rendu beau, différent, unique et précieux…
Une image qui me parle… Je regarde mes cicatrices… Témoins silencieux de mes expériences… de mon corps malmené… de la force de vie qu’il lui a fallu pour se ressouder ainsi… de l’esprit qui les a magnifiées…
Des plaies en cicatrice d’or… que le corps offre aux regards avec fierté… C’est de l’art…
Patrick BaudHier, à 11 : 26 ·

Au Japon, ils ont cet art qui s’appelle le Kintsugi. Ça consiste à réparer les poteries cassées avec de l’or. Au lieu d’essayer de cacher les cicatrices de l’objet, le but du Kintsugi est de les mettre en avant, pour montrer qu’elles font partie de son histoire, et qu’elles peuvent le rendre encore plus résistant, et plus beau. J’y pense à chaque fois. Ça me fait du bien. J’espère que ce sera le cas pour vous aussi.


Pour mettre un commentaire

Poème en Phonétique

kɔ̃tənɑ̃ ɔʁdinεʁə, idɑ̃tikə a sε fʁεʁə
mεmə bløte, mεmə ʁəflε, mεmə bote…
ʁjɛ̃ nə lə distɛ̃ɡε, poze syʁ letaʒεʁə,
pʁezɑ̃ mεz- ublje dɑ̃ lynifɔʁmite.

œ̃ stɑ̃daʁ kə ʁjɛ̃ nə dεstinε a εkstʁεʁə,
dy lo kɔlεktif, ʁasɑ̃ble a sε kote,
nylə maʁkə ni dispozisjɔ̃ etʁɑ̃ʒεʁə,
il ʁezidε kɔmœ̃ ɑ̃ tutə kɔ̃fɔʁmite.

malməne, tɔ̃be, bʁize, il etε pʁɔskʁi.
dəməʁe dɑ̃ lə lo lɥi etε ɛ̃tεʁdi.
des lɔʁ defiɡyʁe, a ʒamε tymefje.

fεle mε ʁepaʁe, ynikə e ɑ̃bεlli,
il sεkspozə, paʁ la vɔlɔ̃te də lεspʁi,
sε plεz- ɑ̃ sikatʁisə dɔʁ, lɔ̃ maɲifje.