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Slam : J’ai Tué Un Homme Aujourd’hui



J’ai Tué Un Homme Aujourd’hui

J’ai tué un Homme aujourd’hui,

Car je suis restée dans mon lit ;
Je tuerai un Homme demain,
Car je ne changerai rien.

C’est arrivé quelque part en centre-Afrique,
Une lapidation publique média-dramatique,
Les os de la mâchoire d’une femme,
Brisés avec une simple vague à l’âme.

C’est arrivé chez mes proches voisins,
Un pédophile jouant le sain en leur sein,
Menaçant le gamin de tuer ses parents,
Alors l’innocent s’est fait son « amant ».

J’ai tué un Homme aujourd’hui,
Car je suis restée dans mon lit ;
Je tuerai un Homme demain,
Car je ne changerai rien.

C’est arrivé dans les rues de Paris,
Un homme qui allait garer sa Ferrari,
S’est fait humilier et rouer de coups,
Sous des yeux aveuglés par le tabou.

C’est arrivé dans un des états d’Amérique,
Une histoire de harcèlement électronique,
Des commentaires acerbes sur ses photos,
Une jeune fille qui se coupe de leurs propos. .

J’ai tué un Homme aujourd’hui,
Car je suis restée dans mon lit ;
Je tuerai un Homme demain,
Car je ne changerai rien.

Tout est arrivé en un même laps de temps,
Sans que je le sente vraiment pour autant,
Je n’ai rien fait sauf accuser le coup en vain,
De la violence de l’Homme sur l’être humain.

J’ai tué un Homme aujourd’hui,
C’était un acte innocemment gratuit,
Et que j’en pleure ne changera rien,
Car un autre Homme mourra demain.
Melly-Mellow

PostScriptum

Slam contre la réalité des choses… La violence est partout, en même temps, et on ferme les yeux face à elle. . Il m’était impossible de citer toutes les formes de violence, mais il y en a beaucoup, de la simple insulte, à l’estocade farouche menée aux poings. . Et tous, nous regardons ces faits divers à la télévision, et nous nous sentons mal, nous commentons, nous jugeons, et nous éteignons la télévision.

Au lieu de participer à la mobilisation silencieuse face à la violence, quelle soit du côté de la « justice » ou des « citoyens », il nous faut agir même si la peur nous gagne. . Nous ne pourrons surement jamais empêcher l’Homme d’être violent, c’est dans sa nature, mais on peut au moins agir à son échelle. . Si vous êtes à l’école, et que quelqu’un est la cible des commérages, souriez lui, aidez le. . Si vous voyez quelqu’un se faire tabasser, appeler la police, tentez d’effrayer les agresseurs. . Si vous vous êtes fait agressé, ne restez pas dans le silence, parlez ! Ne vous dites pas que le silence est d’or. . Le silence fait se perpétuer la chaîne du malheur, soyez le maillon qui grince et fait dérayer la machine du désespoir !

Pour ce qui est des faits, ils sont « inventés ». . Disons que ils ont surement tous existé, mais je ne me suis pas inspirée d’un quelconque fait divers actuel. Pour la strophe 2, le « média-dramatique » illustre le fait que les médias (télévision) insurge une sorte de contexte autour des faits pour en quelle que sorte, accrochez le spectateur dès le début du JT (On connaît tous le fameux départ des JT : « Madame, Monsieur, Bonsoir. . Aujourd’hui, triste nouvelle, hécatombe au… Des centaines de morts. . » accompagnés d’images d’horreurs) . Je ne dis pas que ce n’est pas affreux, justement c’est ignoble, et cela fend le cœur. . Mais les médias s’en servent pour leur audience, en faisant par la suite des dizaines de reportages pour dire sensiblement la même chose mais pour combler 80% de leur temps d’antenne au lieu de parler de choses (pas aussi dramatiques) mais aussi importantes (en termes de vie sociétale) . . Je pense qu’on ne fait que faire peur, et qu’on ne permet pas assez aux gens de comprendre le pourquoi et de savoir le comment y remédier. C’est simplement une constatation brutale dont je pense qu’on peut se passer si elle n’apporte que de l’horreur à des yeux qui ne veulent pas la voir.

Je finirai sur ces quelques mots très connus pour tous vous inciter à vous insurgez. . Ou comme direz un certain bouquin que je conseille à tous : Indignez vous !

« Quand ils sont venus chercher les communistes,

je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n’ai rien dit, je n’étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester… »

Pasteur Martin Niemoller (1892-1984) , Dachau 1942


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Poème en Phonétique

ʒε tye œ̃n- ɔmə oʒuʁdɥi,

kaʁ ʒə sɥi ʁεste dɑ̃ mɔ̃ li,
ʒə tɥəʁε œ̃n- ɔmə dəmɛ̃,
kaʁ ʒə nə ʃɑ̃ʒəʁε ʁjɛ̃.

sεt- aʁive kεlkə paʁ ɑ̃ sɑ̃tʁə afʁikə,
ynə lapidasjɔ̃ pyblikə medja dʁamatikə,
lεz- os də la maʃwaʁə dynə famə,
bʁizez- avεk ynə sɛ̃plə vaɡ a lamə.

sεt- aʁive ʃe mε pʁoʃə vwazɛ̃,
œ̃ pedɔfilə ʒuɑ̃ lə sɛ̃ ɑ̃ lœʁ sɛ̃,
mənasɑ̃ lə ɡamɛ̃ də tɥe sε paʁɑ̃,
alɔʁ linɔse sε fε sɔn « amɑ̃t ».

ʒε tye œ̃n- ɔmə oʒuʁdɥi,
kaʁ ʒə sɥi ʁεste dɑ̃ mɔ̃ li,
ʒə tɥəʁε œ̃n- ɔmə dəmɛ̃,
kaʁ ʒə nə ʃɑ̃ʒəʁε ʁjɛ̃.

sεt- aʁive dɑ̃ lε ʁy də paʁi,
œ̃n- ɔmə ki alε ɡaʁe sa feʁaʁi,
sε fε ymilje e ʁue də ku,
su dεz- iøz- avøɡle paʁ lə tabu.

sεt- aʁive dɑ̃z- œ̃ dεz- eta dameʁikə,
ynə istwaʁə də-aʁsεləmɑ̃ elεktʁɔnikə,
dε kɔmɑ̃tεʁəz- asεʁbə- syʁ sε fɔto,
ynə ʒənə fijə ki sə kupə də lœʁ pʁɔpo.

ʒε tye œ̃n- ɔmə oʒuʁdɥi,
kaʁ ʒə sɥi ʁεste dɑ̃ mɔ̃ li,
ʒə tɥəʁε œ̃n- ɔmə dəmɛ̃,
kaʁ ʒə nə ʃɑ̃ʒəʁε ʁjɛ̃.

tut- εt- aʁive ɑ̃n- œ̃ mεmə lap də tɑ̃,
sɑ̃ kə ʒə lə sɑ̃tə vʁεmɑ̃ puʁ otɑ̃,
ʒə nε ʁjɛ̃ fε sof akyze lə ku ɑ̃ vɛ̃,
də la vjɔlɑ̃sə də lɔmə syʁ lεtʁə ymɛ̃.

ʒε tye œ̃n- ɔmə oʒuʁdɥi,
setε œ̃n- aktə inɔsamɑ̃ ɡʁatɥi,
e kə ʒɑ̃ plœʁə nə ʃɑ̃ʒəʁa ʁjɛ̃,
kaʁ œ̃n- otʁə ɔmə muʁʁa dəmɛ̃.