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Poeme : Mais Attends Tu Sais Pas



Mais Attends Tu Sais Pas

Que j’te raconte ma vie, y’en a des choses à dire

Que j’te dise qui je suis, y’a du bon comme du pire
On m’a vu naître en bas, dans le même lit qu’ma mère

Parle pas d’mon géniteur, tu vas m’mettre en colère
Petite sœur est arrivée, elle n’est pas loin derrière
Mayrig tendait ses bras, comme tu me manques Grand-Mère
La famille réunie, c’est l’amour qui m’accueille
L’univers me sourit, la Nature me fait d’l’oeil
Encore un peu j’grandi, j’noirci ma première feuille
J’kiffe trop fouiller là-d’dans, pourtant j’reste sur le seuil
A l’époque j’savais pas : la vie, fauteuil d’écueils
A l’époque j’savais pas : la mort, fauteuil de deuils
Ma mère a divorcé, ma mère s’est remariée
Elle a trouvé un homme qui a su nous aimer
A chaque vacances d’été, sur Marseille j’me rendais
Pour retrouver les zincs et l’ambiance du quartier
Chaque année des gros tripes, chaque année des mezzés
Chaque année j’le voyais… un été il m’a tué
Barbara l’a chanté et là t’as tout capté
J’avais presque quatorze, il m’a bien fait fumer
La weed m’a endormi, mes fringues il a viré
La suite j’la raconte pas, tu risques juste de gerber
Attends c’est pas fini, t’as que l’début mon gars
L’alcool fait des ravages, les grands font des faux-pas
J’suis trop jeune pour la rue, bien trop naïve pour ça
Elle m’a prise dans son sein mais moi j’en voulais pas
Elle m’a dit de survivre en me tuant de froid
Cette partie de ma vie m’a coûté cher tu vois
Tous ces chiens enragés ont reniflé la proie
Tous ces chiens affamés se sont rués sur moi
Porcelaine dans leurs griffes, ils m’ont brisé milles fois
A l’époque j’savais pas : c’est le début des voix
Fallait que j’LA rencontre, qu’Elle me présente à lui
Le syndrome de Stockholm, ouais j’l’ai connu aussi
Cet enculé cogne dur, j’sais même plus qui je suis
J’ressemble à ses pauv’chiennes qu’il laisse crever sans vie
Un animal de plus dans son zoo de zombies
Il me manque un tympan, j’ai les côtes affaiblies
J’ai peur chaque jour qui passe, je pense à ma famille
Puis des fois dans ma tête, j’me vois tuer c’pourri
Et j’tombe enceinte de celle qui fait que je respire
Et encore aujourd’hui, c’est mon bouquet de myrrhes
C’est le son de ma lyre mais ce que j’veux te dire
C’est qu’il la voulait morte ! ça, un père ? laisse-moi rire
Me jeter enceinte dans l’escalier, j’ai craint l’pire
Quand elle arrive enfin, il est loin d’s’adoucir
Il a posé sa main pour plus qu’elle ne respire
Une aut’ fois un coussin pour plus qu’elle ne respire
Il l’a laissé trempée sur le bord de l’évier
Ben moi j’ai paniqué, c’bâtard m’a éloigné
L’arracher de mon sein et dans l’lit la jeter
Elle a trois mois et d’mi quand je me suis barrée
Mais attends tu sais pas la meilleure de l’histoire
La justice le convoque, il avoue, j’ai d’l’espoir
Pis t’as un mec qui s’lève, qui balance au hasard
« De bonne volonté il a avoué, faut croire
Qu’on doive lui pardonner » Donnez-moi un crachoir !
« Allez faire du yoga. Madame, j’vous dis au r’voir »
Ma gorge en entonnoir, j’me suis r’trouvée dans l’noir
La confiance que j’lui faisais c’est un vrai dépotoir
Deux fois elle me trahie ? Justice de bas-trottoirs !
Et peu de temps après il a l’droit d’la revoir
Moi j’meurs d’angoisse mais cette fois j’me f’rai pas avoir
J’ai pris mes précautions, j’l’ai guetté d’mes trois yeux
Seulement Manon, mon cœur, mon ange affectueux
M’a senti horrifiée… elle a perdu ses ch’veux
C’était tellement injuste que ce coq coléreux
S’en sorte les couilles indemnes quand chez nous c’est pluvieux
Des « photos-bandanas », j’en n’ai pas fait des tas
« Regarde dans le miroir, tu es plus belle que moi
Regarde au fond de toi, tu es plus forte que ça »
En r’gardant dans l’mien, j’avais compris pourquoi
Ma meilleure insistait et me disait comme ça
Que la plus importante dans ma vie c’était moi
Et j’répondais « mais non ! Ce sont Eux tu vois pas ? »
Tu disais encore vrai, ma chère Alexandra
J’ai puisé dans ma force le courage d’apaiser
Les tourments que j’transpirais, tous ceux qu’elle sentait
Petite éponge à émotions, ton corps parlait
Maman apprend à t’écouter, à te calmer
Maman apprend la vie en t’observant bébé
Les gosses ça donne des l’çons, retiens ça peut t’aider
Manon s’en est sortie, quelque chose est restée
Une fusion incroyable que rien n’pourra briser
Pas même toi, viens, j’t’attends, viens donc essayer…
Remarque j’ai pas à craindre, ça fait bien trois années
Qu’elle t’attend chaque vacances, que t’en as rien à s’couer
Et c’est clair qu’c’est pas moi qui vais t’courir après
Elle règlera ses comptes, c’est toi qui vas pleurer…
Et puis j’l’ai remonté cette putain de pente raide
Un Big Up à tous ceux qui m’ont donné leur aide
J’me sentais si petite, si fragile et si laide
Si tu rentrais chez moi tu m’trouvais sous un plaid
On m’a dit « tiens le coup pour elle, jamais ne cède »
Pour elle je tiens, le paradis on y accède
Surtout quand le destin te fait un autre cadeau
Ton petit frère est là, pour nous c’est le plus beau
Il a les yeux d’son père, plus bleus qu’les profondes eaux
Et autour de vous deux, j’ai bâti un château
Entouré d’un grand parc plein du meilleur terreau
Dans vos cœurs un soleil qui brille et me donne chaud
Quand ils sont pas près d’moi, j’suis complètement paro
J’suis pas vraiment entière et j’deviens parano
Mais attends tu sais pas, bouge pas c’est pas fini
Tu t’rappelles ce tympan bousillé par l’autre truie ?
Ca m’a bien pris huit ans, au final j’ai choisi
La greffe pour leur apprendre à nager aux p’tits
Cette pute a débarqué, la coqueluche veut ma vie
La greffe n’a pas tenu, assommée dans mon lit
La toux me tue, ma côte se casse, j’suis abrutie
Par la fièvre, les médocs, Solange anéantie
Mes enfants ont peur de me perdre et restent unis
Autour de moi le doc’ s’affaire, j’ai bien maigri
Mon amie Zhor qui passe, qui pleure, qui me sourit
Elle m’a confié plus tard qu’elle me croyait fini
J’ai mis des mois à m’en remettre mais j’reste en vie
De c’passage de ma vie mes souvenirs restent gris
Après ces événements, vous comprendrez braves gens
Que j’me sois isolée, besoin de prendre mon temps
Essayer de comprendre le but de mon vivant
Je sais que je suis là d’abord pour mes enfants
Ils m’ont choisi pour être prév’nus du monde violent
Mon existence sur Terre, j’la comprends pas tout l’temps
La première d’mes missions, rester un bon parent
Et je sais que j’en ai d’autres et à certains moments
J’arrive à voir les signes surtout quand je m’étends
Je retrouve qui je suis : Solange Arzoumanian !
J’ai quand même eu besoin mon pote de changer d’air
J’ai cherché vers le sud, me rapprocher d’Grand-Mère
Au début d’mes recherches, putain comme j’ai les nerfs
J’me disais « ce serait bien que pour les fêtes d’hiver
J’fasse venir les copains à la neige mon pépère »
J’ai bien pensé à toi qui kifferai la Lozère
Mais juillet 2013, tu m’as quitté mon frère
Et tu nous as laissé une impuissance amère
Cette fois c’est bon j’me casse, je veux un coin perdu
De hautes montagnes, de belles forêts à pert’ de vue
Entourée, protégée, un abri continu
Février 2014, les deuils continuent
Mayrig est bien malade, la Faucheuse l’a tenu
Elle m’a laissé le temps pour elle, je suis venue
Elle voulait voir Manon, mais ça on n’a pas pu
On n’avait pas le droit, putain qu’ça m’a pas plu
Si tu savais Grand-Mère, et moi si j’avais su…
« Elle est la matrice de chacune de nos vies
Elle est le témoin de chacun de nos pas
Elle est Amour à l’état pur infini
Autant d’amour pour les siens ne s’invente pas
Mémé la Magnifique, merveilleuse Grand-Mère
Un sens de l’humour qui nous fait tellement rire
Une force de la Nature, un grand caractère
Une empathie plus forte que tous vos empires
Elle a l’esprit vif d’un détective privé
Un oeil de lynx derrière ses lunettes Dolce
Elle garde une part de chacun de nos secrets
En a fait un jardin qu’elle aime arroser
Le rayon de miel qui s’échappe de son four
La magie culinaire qui s’opère entre ses mains
Nous régale de bonnes odeurs tour à tour
Et s’impose au hasard d’une bouche de bambin
La fontaine d’eau claire dans le creux de sa main
Rafraîchie et lave souvent nos jeux d’enfants
Tous ces bobos soignés par l’infirmière d’antan
Ces consolations qui nous calment chacun autant
Sa façon de nous gronder avec ses yeux
Si un jour on se défie du droit chemin
Si par malheur l’un d’entre nous va trop loin
Elle ramène notre regard sur le bon Dieu
Le son de ta voix qui nous murmure toujours
Les plus beaux mots d’amour qui existent et riment
Dans tes langues avec preuve d’affection ultime
Nous vivons d’Amour depuis notre premier jour
Nous aimons tous nous blottir dans tes grands bras
Ta peau si douce à l’odeur si familière
Ton être entier est pour nous un don de toi
Personne n’aurait voulu une autre Grand-Mère
Tu es la racine de notre Arbre de Vie
Tes enfants dans ses branches ont tous bien grandi
Tes petits-enfants dans ses feuilles sont bénis
Tes arrières-petits-enfants dans ses bourgeons
Sont les signes du printemps où tu nous attends »
… Enfant Terre’Univers je suis devenue
En revenant d’exil, on m’a pas reconnu
Je savais pardonner, franchement qui l’aurait cru ?
J’avoue y’en a encore avec qui c’est tendu
Ce s’rai que moi j’leur rendrai pas leur con d’Salut
J’connais la vérité, ben j’y étais t’as vu
Toujours est-il qu’ça bouffe quand même d’avoir vécu
J’en ai écrit, mais attends tu sais pas l’plus beau
Depuis toutes ces années, j’couvais un truc plus gros
J’ai toujours mis sur l’ compte de cette vie de cabot
Mes souffrances, mes douleurs, ma fatigue, plein le dos
J’me disais c’est normal, j’traîne un boulet rétro
Je ne reconnais plus ni mon corps ni mes os
Très souvent ça harcèle mes pauv’ temps de repos
Repos est un grand mot, fallait que j’me lève tôt
Tout l’monde connait ce jeu : métro-boulot-dodo
Ben moi elle vient m’faire chier, cette connasse de fibro !
Ce qu’elle fait supporter tous les jours à mes gosses
Ce qu’elle peut me faire mal quand j’conduis mon « carrosse »
Ce qu’elle peut m’fatiguer à chaque fois que je bosse
C’qui t’tue pas t’rend plus fort, pourquoi j’suis pas colosse ?
Ben ça y est j’ai compris, elle me met des coups d’crosse
J’en n’ai pas chié assez, faudra qu’K-far rendosse
Pour ceux qui n’comprennent pas mes états par moment
Je ne veux plus me taire, j’vais en parler maint’nant
C’est mon quotidien depuis un sacré bout d’ temps
Persécutée, je l’ai refoulé si souvent
J’veux pas changer et j’accepte pas facilement
Qu’on prenne mon corps en otage sans prév’nir avant
Mais attends tu sais pas comment j’fais pour être là
Nous avons tous en nous cette lumière, toi comme moi
Nous sommes tous frères et sœurs, nous sommes bien plus que ça
Oublie ta téquila, oublie tes tombolas
J’ai mal de tout c’que j’vois mais comme disait Zola
« Vérité est en marche et rien ne l’arrêt’ra »
J’ai, en moi, toutes ces marches à travers le désert
Ma mémoire ancestrale me rend forte et fière
Diaspora arménienne, j’suis bien rancunière mon frère
Diaspora sicilienne, j’suis d’la Vendetta mon frère
J’ai en moi l’envergure, j’finirai affranchi
Le Tao va m’aider, me donner du répit
L’Univers et ses plantes sont pour moi des amis
Je respire à nouveau, ils sont loin les ennuis
Mais attends tu sais pas, j’suis qu’au début d’cette Vie…
Solange

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Poème en Phonétique

kə ʒtə ʁakɔ̃tə ma vi, iɑ̃n- a dε ʃozəz- a diʁə

kə ʒtə dizə ki ʒə sɥi, ia dy bɔ̃ kɔmə dy piʁə
ɔ̃ ma vy nεtʁə ɑ̃ ba, dɑ̃ lə mεmə li kma mεʁə

paʁlə pa dmɔ̃ ʒenitœʁ, ty va mmεtʁə ɑ̃ kɔlεʁə
pətitə sœʁ εt- aʁive, εllə nε pa lwɛ̃ dəʁjεʁə
mεʁiɡ tɑ̃dε sε bʁa, kɔmə ty mə mɑ̃k ɡʁɑ̃ mεʁə
la famijə ʁeyni, sε lamuʁ ki makœjə
lynive mə suʁi, la natyʁə mə fε dlɔεj
ɑ̃kɔʁə œ̃ pø ʒɡʁɑ̃di, ʒnwaʁsi ma pʁəmjεʁə fœjə
ʒkifə tʁo fuje la ddɑ̃, puʁtɑ̃ ʒʁεstə syʁ lə səj
a lepɔkə ʒsavε pa : la vi, fotəj dekɥεj
a lepɔkə ʒsavε pa : la mɔʁ, fotəj də dəj
ma mεʁə a divɔʁse, ma mεʁə sε ʁəmaʁje
εllə a tʁuve œ̃n- ɔmə ki a sy nuz- εme
a ʃakə vakɑ̃sə dete, syʁ maʁsεjə ʒmə ʁɑ̃dε
puʁ ʁətʁuve lε zɛ̃kz- e lɑ̃bjɑ̃sə dy kaʁtje
ʃakə ane dε ɡʁo tʁipə, ʃakə ane dε mεze
ʃakə ane ʒlə vwajε… œ̃n- ete il ma tye
baʁbaʁa la ʃɑ̃te e la ta tu kapte
ʒavε pʁεskə katɔʁzə, il ma bjɛ̃ fε fyme
la wid ma ɑ̃dɔʁmi, mε fʁɛ̃ɡz- il a viʁe
la sɥitə ʒla ʁakɔ̃tə pa, ty ʁisk ʒystə də ʒεʁbe
atɑ̃ sε pa fini, ta kə ldeby mɔ̃ ɡaʁ
lalkɔl fε dε ʁavaʒə, lε ɡʁɑ̃ fɔ̃ dε fo pa
ʒsɥi tʁo ʒənə puʁ la ʁy, bjɛ̃ tʁo najvə puʁ sa
εllə ma pʁizə dɑ̃ sɔ̃ sɛ̃ mε mwa ʒɑ̃ vulε pa
εllə ma di də syʁvivʁə ɑ̃ mə tɥɑ̃ də fʁwa
sεtə paʁti də ma vi ma kute ʃεʁ ty vwa
tus sε ʃjɛ̃z- ɑ̃ʁaʒez- ɔ̃ ʁənifle la pʁwa
tus sε ʃjɛ̃z- afame sə sɔ̃ ʁye syʁ mwa
pɔʁsəlεnə dɑ̃ lœʁ ɡʁifə, il mɔ̃ bʁize milə fwa
a lepɔkə ʒsavε pa : sε lə deby dε vwa
falε kə ʒla ʁɑ̃kɔ̃tʁə, kεllə mə pʁezɑ̃tə a lɥi
lə sɛ̃dʁomə də stɔkɔlm, uε ʒlε kɔny osi
sεt ɑ̃kyle kɔɲə dyʁ, ʒsε mεmə plys ki ʒə sɥi
ʒʁəsɑ̃blə a sε povʃjεnə kil lεsə kʁəve sɑ̃ vi
œ̃n- animal də plys dɑ̃ sɔ̃ zo də zɔ̃bi
il mə mɑ̃kə œ̃ tɛ̃pɑ̃, ʒε lε kotəz- afεbli
ʒε pœʁ ʃakə ʒuʁ ki pasə, ʒə pɑ̃sə a ma famijə
pɥi dε fwa dɑ̃ ma tεtə, ʒmə vwa tɥe spuʁʁi
e ʒtɔ̃bə ɑ̃sɛ̃tə də sεllə ki fε kə ʒə ʁεspiʁə
e ɑ̃kɔʁə oʒuʁdɥi, sε mɔ̃ bukε də miʁə
sε lə sɔ̃ də ma liʁə mε sə kə ʒvø tə diʁə
sε kil la vulε mɔʁtə ! sa, œ̃ pεʁə ? lεsə mwa ʁiʁə
mə ʒəte ɑ̃sɛ̃tə dɑ̃ lεskalje, ʒε kʁɛ̃ lpiʁə
kɑ̃t- εllə aʁivə ɑ̃fɛ̃, il ε lwɛ̃ dsadusiʁ
il a poze sa mɛ̃ puʁ plys kεllə nə ʁεspiʁə
ynə otfwaz- œ̃ kusɛ̃ puʁ plys kεllə nə ʁεspiʁə
il la lεse tʁɑ̃pe syʁ lə bɔʁ də levje
bεn mwa ʒε panike, sbataʁ ma elwaɲe
laʁaʃe də mɔ̃ sɛ̃ e dɑ̃ lli la ʒəte
εllə a tʁwa mwaz- e dmi kɑ̃ ʒə mə sɥi baʁe
mεz- atɑ̃ ty sε pa la mεjəʁə də listwaʁə
la ʒystisə lə kɔ̃vɔkə, il avu, ʒε dlεspwaʁ
pi ta œ̃ mεk ki slεvə, ki balɑ̃sə o-azaʁ
« də bɔnə vɔlɔ̃te il a avue, fo kʁwaʁə
kɔ̃ dwavə lɥi paʁdɔnəʁ » dɔne mwa œ̃ kʁaʃwaʁ !
« ale fεʁə dy iɔɡa. madamə, ʒvu di o ʁvwaʁ »
ma ɡɔʁʒə ɑ̃n- ɑ̃tɔnwaʁ, ʒmə sɥi ʁtʁuve dɑ̃ lnwaʁ
la kɔ̃fjɑ̃sə kə ʒlɥi fəzε sεt- œ̃ vʁε depɔtwaʁ
dø fwaz- εllə mə tʁai ? ʒystisə də ba tʁɔtwaʁ !
e pø də tɑ̃z- apʁεz- il a ldʁwa dla ʁəvwaʁ
mwa ʒmœʁ dɑ̃ɡwasə mε sεtə fwa ʒmə fʁε pa avwaʁ
ʒε pʁi mε pʁekosjɔ̃, ʒlε ɡεte dmε tʁwaz- iø
sələmɑ̃ manɔ̃, mɔ̃ kœʁ, mɔ̃n- ɑ̃ʒə afεktɥø
ma sɑ̃ti ɔʁifje… εllə a pεʁdy sε ʃvø
setε tεllmɑ̃ ɛ̃ʒystə kə sə kɔk kɔleʁø
sɑ̃ sɔʁtə lε kujəz- ɛ̃dεmnə kɑ̃ ʃe nu sε plyvjø
dəs « fɔto bɑ̃danas », ʒɑ̃ nε pa fε dε tas
« ʁəɡaʁdə dɑ̃ lə miʁwaʁ, ty ε plys bεllə kə mwa
ʁəɡaʁdə o fɔ̃ də twa, ty ε plys fɔʁtə kə sa »
ɑ̃ ʁɡaʁdɑ̃ dɑ̃ lmjɛ̃, ʒavε kɔ̃pʁi puʁkwa
ma mεjəʁə ɛ̃sistε e mə dizε kɔmə sa
kə la plysz- ɛ̃pɔʁtɑ̃tə dɑ̃ ma vi setε mwa
e ʒʁepɔ̃dεs « mε nɔ̃ ! sə sɔ̃t- ø ty vwa pa ? »
ty dizεz- ɑ̃kɔʁə vʁε, ma ʃεʁə alεksɑ̃dʁa
ʒε pɥize dɑ̃ ma fɔʁsə lə kuʁaʒə dapεze
lε tuʁmɑ̃ kə ʒtʁɑ̃spiʁε, tus sø kεllə sɑ̃tε
pətitə epɔ̃ʒə a emɔsjɔ̃, tɔ̃ kɔʁ paʁlε
mamɑ̃ apʁɑ̃t- a tekute, a tə kalme
mamɑ̃ apʁɑ̃ la vi ɑ̃ tɔpsεʁvɑ̃ bebe
lε ɡɔsə sa dɔnə dε lsɔ̃, ʁətjɛ̃ sa pø tεde
manɔ̃ sɑ̃n- ε sɔʁti, kεlkə ʃozə ε ʁεste
ynə fyzjɔ̃ ɛ̃kʁwajablə kə ʁjɛ̃ npuʁʁa bʁize
pa mεmə twa, vjɛ̃, ʒtatɑ̃, vjɛ̃ dɔ̃k esεje…
ʁəmaʁkə ʒε pa a kʁɛ̃dʁə, sa fε bjɛ̃ tʁwaz- ane
kεllə tatɑ̃ ʃakə vakɑ̃sə, kə tɑ̃n- a ʁjɛ̃ a skue
e sε klεʁ ksε pa mwa ki vε tkuʁiʁ apʁε
εllə ʁεɡləʁa sε kɔ̃tə, sε twa ki va pləʁe…
e pɥi ʒlε ʁəmɔ̃te sεtə pytɛ̃ də pɑ̃tə ʁεdə
œ̃ biɡ yp a tus sø ki mɔ̃ dɔne lœʁ εdə
ʒmə sɑ̃tε si pətitə, si fʁaʒilə e si lεdə
si ty ʁɑ̃tʁε ʃe mwa ty mtʁuvε suz- œ̃ plε
ɔ̃ ma dit « tjɛ̃ lə ku puʁ εllə, ʒamε nə sεdə »
puʁ εllə ʒə tjɛ̃, lə paʁadiz- ɔ̃n- i aksεdə
syʁtu kɑ̃ lə dεstɛ̃ tə fε œ̃n- otʁə kado
tɔ̃ pəti fʁεʁə ε la, puʁ nu sε lə plys bo
il a lεz- iø dsɔ̃ pεʁə, plys bløs klε pʁɔfɔ̃dəz- o
e otuʁ də vu dø, ʒε bati œ̃ ʃato
ɑ̃tuʁe dœ̃ ɡʁɑ̃ paʁk plɛ̃ dy mεjœʁ teʁo
dɑ̃ vo kœʁz- œ̃ sɔlεj ki bʁijə e mə dɔnə ʃo
kɑ̃t- il sɔ̃ pa pʁε dmwa, ʒsɥi kɔ̃plεtəmɑ̃ paʁo
ʒsɥi pa vʁεmɑ̃ ɑ̃tjεʁə e ʒdəvjɛ̃ paʁano
mεz- atɑ̃ ty sε pa, buʒə pa sε pa fini
ty tʁapεllə sə tɛ̃pɑ̃ buzije paʁ lotʁə tʁɥi ?
ka ma bjɛ̃ pʁiz- ɥit ɑ̃, o final ʒε ʃwazi
la ɡʁεfə puʁ lœʁ apʁɑ̃dʁə a naʒe o ptit
sεtə pytə a debaʁke, la kɔkəlyʃə vø ma vi
la ɡʁεfə na pa təny, asɔme dɑ̃ mɔ̃ li
la tu mə tɥ, ma kotə sə kasə, ʒsɥiz- abʁysi
paʁ la fjεvʁə, lε medɔk, sɔlɑ̃ʒə aneɑ̃ti
mεz- ɑ̃fɑ̃z- ɔ̃ pœʁ də mə pεʁdʁə e ʁεste yni
otuʁ də mwa lə dɔssafεʁə, ʒε bjɛ̃ mεɡʁi
mɔ̃n- ami zɔʁ ki pasə, ki plœʁə, ki mə suʁi
εllə ma kɔ̃fje plys taʁ kεllə mə kʁwajε fini
ʒε mi dε mwaz- a mɑ̃ ʁəmεtʁə mε ʒʁεstə ɑ̃ vi
də spasaʒə də ma vi mε suvəniʁ ʁεste ɡʁi
apʁε sεz- evenəmɑ̃, vu kɔ̃pʁɑ̃dʁe bʁavə ʒɑ̃
kə ʒmə swaz- izɔle, bəzwɛ̃ də pʁɑ̃dʁə mɔ̃ tɑ̃
esεje də kɔ̃pʁɑ̃dʁə lə byt də mɔ̃ vivɑ̃
ʒə sε kə ʒə sɥi la dabɔʁ puʁ mεz- ɑ̃fɑ̃
il mɔ̃ ʃwazi puʁ εtʁə pʁevnys dy mɔ̃də vjɔle
mɔ̃n- εɡzistɑ̃sə syʁ teʁə, ʒla kɔ̃pʁɑ̃ pa tu ltɑ̃
la pʁəmjεʁə dmε misjɔ̃, ʁεste œ̃ bɔ̃ paʁɑ̃
e ʒə sε kə ʒɑ̃n- ε dotʁəz- e a sεʁtɛ̃ mɔmɑ̃
ʒaʁivə a vwaʁ lε siɲə syʁtu kɑ̃ ʒə metɑ̃
ʒə ʁətʁuvə ki ʒə sɥi : sɔlɑ̃ʒə aʁzumanjɑ̃ !
ʒε kɑ̃ mεmə y bəzwɛ̃ mɔ̃ pɔtə də ʃɑ̃ʒe dεʁ
ʒε ʃεʁʃe vεʁ lə syd, mə ʁapʁoʃe dɡʁɑ̃ mεʁə
o deby dmε ʁəʃεʁʃə, pytɛ̃ kɔmə ʒε lε nεʁf
ʒmə dizεs « sə səʁε bjɛ̃ kə puʁ lε fεtə divεʁ
ʒfasə vəniʁ lε kɔpɛ̃z- a la nεʒə mɔ̃ pepεʁə »
ʒε bjɛ̃ pɑ̃se a twa ki kifəʁε la lɔzεʁə
mε ʒɥjε dø milə tʁεzə, ty ma kite mɔ̃ fʁεʁə
e ty nuz- a lεse ynə ɛ̃pɥisɑ̃sə amεʁə
sεtə fwa sε bɔ̃ ʒmə kasə, ʒə vøz- œ̃ kwɛ̃ pεʁdy
də-otə mɔ̃taɲə, də bεllə fɔʁεz- a pεʁtdə vɥ
ɑ̃tuʁe, pʁɔteʒe, œ̃n- abʁi kɔ̃tiny
fevʁje dø milə katɔʁzə, lε dəj kɔ̃tinɥe
mεʁiɡ ε bjɛ̃ maladə, la foʃøzə la təny
εllə ma lεse lə tɑ̃ puʁ εllə, ʒə sɥi vənɥ
εllə vulε vwaʁ manɔ̃, mε sa ɔ̃ na pa py
ɔ̃ navε pa lə dʁwa, pytɛ̃ ksa ma pa ply
si ty savε ɡʁɑ̃ mεʁə, e mwa si ʒavε sy…
« εllə ε la matʁisə də ʃakynə də no vi
εllə ε lə temwɛ̃ də ʃakœ̃ də no pa
εllə εt- amuʁ a leta pyʁ ɛ̃fini
otɑ̃ damuʁ puʁ lε sjɛ̃ nə sɛ̃vɑ̃tə pa
meme la maɲifikə, mεʁvεjøzə ɡʁɑ̃ mεʁə
œ̃ sɑ̃s də lymuʁ ki nu fε tεllmɑ̃ ʁiʁə
ynə fɔʁsə də la natyʁə, œ̃ ɡʁɑ̃ kaʁaktεʁə
ynə ɑ̃pati plys fɔʁtə kə tus voz- ɑ̃piʁə
εllə a lεspʁi vif dœ̃ detεktivə pʁive
œ̃n- ɔεj də lɛ̃ks dəʁjεʁə sε lynεtə dɔlsə
εllə ɡaʁdə ynə paʁ də ʃakœ̃ də no sεkʁε
ɑ̃n- a fε œ̃ ʒaʁdɛ̃ kεllə εmə aʁoze
lə ʁεjɔ̃ də mjεl ki seʃapə də sɔ̃ fuʁ
la maʒi kylinεʁə ki sɔpεʁə ɑ̃tʁə sε mɛ̃
nu ʁeɡalə də bɔnəz- ɔdœʁ tuʁ a tuʁ
e sɛ̃pozə o-azaʁ dynə buʃə də bɑ̃bɛ̃
la fɔ̃tεnə do klεʁə dɑ̃ lə kʁø də sa mɛ̃
ʁafʁεʃi e lavə suvɑ̃ no ʒø dɑ̃fɑ̃
tus sε bɔbo swaɲe paʁ lɛ̃fiʁmjεʁə dɑ̃tɑ̃
sε kɔ̃sɔlasjɔ̃ ki nu kalme ʃakœ̃ otɑ̃
sa fasɔ̃ də nu ɡʁɔ̃de avεk sεz- iø
si œ̃ ʒuʁ ɔ̃ sə defi dy dʁwa ʃəmɛ̃
si paʁ malœʁ lœ̃ dɑ̃tʁə nu va tʁo lwɛ̃
εllə ʁamεnə nɔtʁə ʁəɡaʁ syʁ lə bɔ̃ djø
lə sɔ̃ də ta vwa ki nu myʁmyʁə tuʒuʁ
lε plys bo mo damuʁ ki εɡziste e ʁime
dɑ̃ tε lɑ̃ɡz- avεk pʁəvə dafεksjɔ̃ yltimə
nu vivɔ̃ damuʁ dəpɥi nɔtʁə pʁəmje ʒuʁ
nuz- εmɔ̃ tus nu blɔtiʁ dɑ̃ tε ɡʁɑ̃ bʁa
ta po si dusə a lɔdœʁ si familjεʁə
tɔ̃n- εtʁə ɑ̃tje ε puʁ nuz- œ̃ dɔ̃ də twa
pεʁsɔnə noʁε vuly ynə otʁə ɡʁɑ̃ mεʁə
ty ε la ʁasinə də nɔtʁə aʁbʁə də vi
tεz- ɑ̃fɑ̃ dɑ̃ sε bʁɑ̃ʃəz- ɔ̃ tus bjɛ̃ ɡʁɑ̃di
tε pətiz- ɑ̃fɑ̃ dɑ̃ sε fœjə sɔ̃ beni
tεz- aʁjεʁə pətiz- ɑ̃fɑ̃ dɑ̃ sε buʁʒɔ̃
sɔ̃ lε siɲə dy pʁɛ̃tɑ̃z- u ty nuz- atɑ̃ds »
… ɑ̃fɑ̃ teʁəynive ʒə sɥi dəvənɥ
ɑ̃ ʁəvənɑ̃ dεɡzil, ɔ̃ ma pa ʁəkɔny
ʒə savε paʁdɔne, fʁɑ̃ʃəmɑ̃ ki loʁε kʁy ?
ʒavu iɑ̃n- a ɑ̃kɔʁə avεk ki sε tɑ̃dy
sə sʁε kə mwa ʒlœʁ ʁɑ̃dʁε pa lœʁ kɔ̃ dsaly
ʒkɔnε la veʁite, bεn ʒi etε ta vy
tuʒuʁz- εt- il ksa bufə kɑ̃ mεmə davwaʁ veky
ʒɑ̃n- ε ekʁi, mεz- atɑ̃ ty sε pa lplys bo
dəpɥi tutə sεz- ane, ʒkuvεz- œ̃ tʁyk plys ɡʁo
ʒε tuʒuʁ mi syʁ lkɔ̃tə də sεtə vi də kabo
mε sufʁɑ̃sə, mε dulœʁ, ma fatiɡ, plɛ̃ lə do
ʒmə dizε sε nɔʁmal, ʒtʁεnə œ̃ bulε ʁetʁo
ʒə nə ʁəkɔnε plys ni mɔ̃ kɔʁ ni mεz- os
tʁε suvɑ̃ sa-aʁsεlə mε povtɑ̃ də ʁəpo
ʁəpoz- εt- œ̃ ɡʁɑ̃ mo, falε kə ʒmə lεvə to
tu lmɔ̃də kɔnε sə ʒø : metʁo bulo dɔdo
bεn mwa εllə vjɛ̃ mfεʁə ʃje, sεtə kɔnasə də fibʁo !
sə kεllə fε sypɔʁte tus lε ʒuʁz- a mε ɡɔsə
sə kεllə pø mə fεʁə mal kɑ̃ ʒkɔ̃dɥi mɔn « kaʁɔsə »
sə kεllə pø mfatiɡe a ʃakə fwa kə ʒə bɔsə
ski ttɥ pa tʁɑ̃ plys fɔʁ, puʁkwa ʒsɥi pa kɔlɔsə ?
bεn sa i ε ʒε kɔ̃pʁi, εllə mə mεt dε ku dkʁɔsə
ʒɑ̃ nε pa ʃje ase, fodʁa kka faʁ ʁɑ̃dɔsə
puʁ sø ki nkɔ̃pʁεne pa mεz- eta paʁ mɔmɑ̃
ʒə nə vø plys mə tεʁə, ʒvεz- ɑ̃ paʁle mɛ̃tnɑ̃
sε mɔ̃ kɔtidjɛ̃ dəpɥiz- œ̃ sakʁe bu dtɑ̃
pεʁsekyte, ʒə lε ʁəfule si suvɑ̃
ʒvø pa ʃɑ̃ʒe e ʒaksεptə pa fasiləmɑ̃
kɔ̃ pʁεnə mɔ̃ kɔʁz- ɑ̃n- ɔtaʒə sɑ̃ pʁevniʁ avɑ̃
mεz- atɑ̃ ty sε pa kɔmɑ̃ ʒfε puʁ εtʁə la
nuz- avɔ̃ tusz- ɑ̃ nu sεtə lymjεʁə, twa kɔmə mwa
nu sɔmə tus fʁεʁəz- e sœʁ, nu sɔmə bjɛ̃ plys kə sa
ubli ta tekila, ubli tε tɔ̃bɔla
ʒε mal də tu skə ʒvwa mε kɔmə dizε zɔla
« veʁite εt- ɑ̃ maʁʃə e ʁjɛ̃ nə laʁεtʁa »
ʒε, ɑ̃ mwa, tutə sε maʁʃəz- a tʁavεʁ lə dezεʁ
ma memwaʁə ɑ̃sεstʁalə mə ʁɑ̃ fɔʁtə e fjεʁə
djaspɔʁa aʁmenjεnə, ʒsɥi bjɛ̃ ʁɑ̃kynjεʁə mɔ̃ fʁεʁə
djaspɔʁa sisiljεnə, ʒsɥi dla vɑ̃dεta mɔ̃ fʁεʁə
ʒε ɑ̃ mwa lɑ̃vεʁɡyʁə, ʒfiniʁε afʁɑ̃ʃi
lə tao va mεde, mə dɔne dy ʁepi
lynivez- e sε plɑ̃tə sɔ̃ puʁ mwa dεz- ami
ʒə ʁεspiʁə a nuvo, il sɔ̃ lwɛ̃ lεz- ɑ̃nɥi
mεz- atɑ̃ ty sε pa, ʒsɥi ko deby dsεtə vi…