Texte : Heureusement… Il Y A Les Autres…

Eux,
Ils ne filment pas.
Ils arrivent quand c’est trop tard,
Quand le sang a séché,
Quand le cri est devenu silence.

Ils voient les corps en morceaux,
Les enfants sans regard,
Les visages figés dans l’effroi.
Et ils doivent rester debout.

Ils portent les images
Comme des pierres dans le ventre,
Des flashs qui reviennent la nuit,
Des odeurs qui s’invitent à table,
Des bruits qui traversent les murs du couple.

Ils ne postent rien.
Ils n’ont pas de trophées,
Juste des cauchemars en boucle,
Des silences qu’on ne comprend pas,
Des colères qu’on juge sans savoir.

Leur cerveau vrille parfois,
Sous le poids de l’innommable.
Mais ils continuent,
Parce que quelqu’un doit rester humain
Quand tout s’effondre.

Ils rentrent chez eux avec des fantômes,
Des visages collés à l’intérieur des paupières,
Et parfois, ils pleurent en cachette,
Pour ne pas effrayer leurs propres enfants.

Ils ne cherchent pas la gloire,
Ils cherchent juste à tenir,
À ne pas devenir pierre,
À garder un peu de lumière,
Dans ce métier qui les ronge.

Et malgré tout,
Ils sont là.
Sans caméra, sans applaudissements,
Mais debout.
Encore.

ø,
il nə filme pa.
ilz- aʁive kɑ̃ sε tʁo taʁ,
kɑ̃ lə sɑ̃ a seʃe,
kɑ̃ lə kʁi ε dəvəny silɑ̃sə.

il vwae lε kɔʁz- ɑ̃ mɔʁso,
lεz- ɑ̃fɑ̃ sɑ̃ ʁəɡaʁ,
lε vizaʒə fiʒe dɑ̃ lefʁwa.
e il dwave ʁεste dəbu.

il pɔʁte lεz- imaʒə
kɔmə dε pjeʁə- dɑ̃ lə vɑ̃tʁə,
dε flaʃ ki ʁəvjεne la nɥi,
dεz- ɔdœʁ ki sɛ̃vite a tablə,
dε bʁɥi ki tʁavεʁse lε myʁ dy kuplə.

il nə pɔste ʁjɛ̃.
il nɔ̃ pa də tʁɔfe,
ʒystə dε koʃəmaʁz- ɑ̃ buklə,
dε silɑ̃sə kɔ̃ nə kɔ̃pʁɑ̃ pa,
dε kɔlεʁə kɔ̃ ʒyʒə sɑ̃ savwaʁ.

lœʁ sεʁvo vʁijə paʁfwa,
su lə pwa də linɔmablə.
mεz- il kɔ̃tinɥe,
paʁsə kə kεlkœ̃ dwa ʁεste ymɛ̃
kɑ̃ tu sefɔ̃dʁə.

il ʁɑ̃tʁe ʃez- øz- avεk dε fɑ̃tomə,
dε vizaʒə kɔlez- a lɛ̃teʁjœʁ dε popjεʁə,
e paʁfwa, il pləʁe ɑ̃ kaʃεtə,
puʁ nə pa efʁεje lœʁ pʁɔpʁəz- ɑ̃fɑ̃.

il nə ʃεʁʃe pa la ɡlwaʁə,
il ʃεʁʃe ʒystə a təniʁ,
a nə pa dəvəniʁ pjeʁə,
a ɡaʁde œ̃ pø də lymjεʁə,
dɑ̃ sə metje ki lε ʁɔ̃ʒə.

e malɡʁe tu,
il sɔ̃ la.
sɑ̃ kameʁa, sɑ̃z- aplodisəmɑ̃,
mε dəbu.
ɑ̃kɔʁə.