Poeme : Abandon Sélectif

Imaginez un enfant, offert à Noël,
Avec un nœud rouge, un sourire artificiel.
Un petit être vivant, livré sans mode d’emploi,
Mais mignon, docile, et qui ne parle pas trop.

Vous l’installez au salon, entre deux décorations,
Il amuse les invités, fait bonne impression.
Puis il grandit, il pleure, il salit vos tapis,
Et là, soudain, vous dites : « c’est plus possible, tant pis ».

Vous le chargez dans la voiture, sans un mot, sans un cri,
Direction forêt, ou mieux : la SPA, c’est plus poli.
Vous signez un papier, vous versez une larme,
Puis vous repartez soulagés, sans honte, sans vacarme.

Vous dites : « On n’avait pas le temps », « il était trop bruyant »,
« On pensait qu’il serait calme, obéissant ».
Mais c’est un enfant, pas un robot, pas un jouet.
Et vous ? Vous êtes quoi, à part des regrets ?

Alors pourquoi le faire à un chien, à un chat,
À un être qui vous regarde, qui vous aime, qui n’a
Que vous comme repère, comme monde, comme foyer… .
Et que vous jetez comme un meuble rayé ? .

Abandonnez l’idée d’acheter, adoptez !
Et si vous n’êtes pas capables d’aimer sans condition,
Abandonnez l’idée d’aimer, tout court.
Laissez vivre ceux qui savent encore le faire sans retour.

imaʒinez- œ̃n- ɑ̃fɑ̃, ɔfεʁ a nɔεl,
avεk œ̃ neyd ʁuʒə, œ̃ suʁiʁə aʁtifisjεl.
œ̃ pəti εtʁə vivɑ̃, livʁe sɑ̃ mɔdə dɑ̃plwa,
mε miɲɔ̃, dɔsilə, e ki nə paʁlə pa tʁo.

vu lɛ̃stalez- o salɔ̃, ɑ̃tʁə dø dekɔʁasjɔ̃,
il amyzə lεz- ɛ̃vite, fε bɔnə ɛ̃pʁesjɔ̃.
pɥiz- il ɡʁɑ̃di, il plœʁə, il sali vo tapi,
e la, sudɛ̃, vu ditə : « sε plys pɔsiblə, tɑ̃ pis ».

vu lə ʃaʁʒe dɑ̃ la vwatyʁə, sɑ̃z- œ̃ mo, sɑ̃z- œ̃ kʁi,
diʁεksjɔ̃ fɔʁε, u mjø : la spa, sε plys pɔli.
vu siɲez- œ̃ papje, vu vεʁsez- ynə laʁmə,
pɥi vu ʁəpaʁte sulaʒe, sɑ̃z- ɔ̃tə, sɑ̃ vakaʁmə.

vu ditə : « ɔ̃ navε pa lə tɑ̃ps », « il etε tʁo bʁyiɑ̃t »,
« ɔ̃ pɑ̃sε kil səʁε kalmə, ɔbeisɑ̃t ».
mε sεt- œ̃n- ɑ̃fɑ̃, pa œ̃ ʁɔbo, pa œ̃ ʒuε.
e vu ? vuz- εtə kwa, a paʁ dε ʁəɡʁε ?

alɔʁ puʁkwa lə fεʁə a œ̃ ʃjɛ̃, a œ̃ ʃa,
a œ̃n- εtʁə ki vu ʁəɡaʁdə, ki vuz- εmə, ki na
kə vu kɔmə ʁəpεʁə, kɔmə mɔ̃də, kɔmə fwaje…
e kə vu ʒəte kɔmə œ̃ məblə ʁεje ? .

abɑ̃dɔne lide daʃəte, adɔpte !
e si vu nεtə pa kapablə dεme sɑ̃ kɔ̃disjɔ̃,
abɑ̃dɔne lide dεme, tu kuʁ.
lεse vivʁə sø ki save ɑ̃kɔʁə lə fεʁə sɑ̃ ʁətuʁ.