Prose:Le Périple De L’absence

L’absence est un long voyage, un recensement des lieux les plus retirés, un tour du Monde que l’on est contraint d’entreprendre seul…

Départ pour l’espace.
C’est le noir, le vide intersidéral, le néant.
Peu à peu, inévitablement, cette solitude déborde en un trop-plein de questions. Plein de pourquoi, plein de qu’est-ce que, qui nous renvoient dans le passé à la recherche de la faille qui nous a conduit là où l’on se trouve aujourd’hui parachuté.

Perdu.
Nulle part.
À mille lieues de soi, là où l’on espère de nouveau atterrir un jour.

Au détour d’un détroit, nous voilà naufragés au beau milieu de l’océan, tentant d’écoper le radeau incertain sur lequel nous naviguons, essayant désespérément de chercher un point de fuite à la noyade qui semble inévitable.
Au loin, sous un épais brouillard se dessinent vaguement les contours de la rive et de ses dunes imposantes.
Une parcelle d’espoir.

On rame.

Pas d’autre choix pour passer outre que de gravir cette immense montagne de sable qui semble, elle, être épargnée par l’érosion du temps, s’avérant alors plus insurmontable à chaque pas vers l’avant.

On glisse.
On se relève.
Sans cesse.

Mais combien de temps peut-on lutter contre la gravité ?

À force d’obstination, notre ascension nous mène au sommet.
Derrière, le désert à perte de vue.
Un désert stérile.
Aucun grain.
Sans sable, sans voix, sans peau.
Seulement d’insupportables mirages de la présente absence, pourtant essentiels à supporter ce manque.

Soudain, un bruit sourd, comme celui d’un volcan en éruption.
Voilà l’épicentre de la vie qui explose et nous ramène à soi.
Brusquement, on se réveille, on suffoque, on pleure. Puis on regarde dans les empreintes laissées derrière nous le chemin parcouru, pour se rendre compte qu’on est là, pathétique, à laisser décider de l’itinéraire que l’on va suivre, ceux qui nous ont abandonné sur le sentier de la vie.