Poème:Phobie D’enfant

Ecoute-moi attentivement, mon jeune ami,
Je suis la voix des oreillers,
Ecoute-moi : tout mon monde, détruit,
Il ne reste plus que toi comme garde-manger.

Endors-toi vite car la faim me gagne,
Endors-toi petit prince, et rêve des étoiles,
Là où toujours ton esprit stagne,
Puis réveille-toi, tout cuit dans ma poêle.

Encore toi, démon de toutes mes nuits,
Je n’entends plus ta voix diabolique
Alors cesse d’être sous mon lit,
Ne rends pas cet endroit maléfique !

J’ai faim ! Quand il fera tout noir,
Je sortirai d’ici et me jetterai
Sur toi dans les règles de l’Art :
D’abord étrangler, ensuite manger.

Non ! Tu ne peux pas faire ça !
Je ne dors pas et la lumière est allumée,
Et ma peluche est là, bien dans mes bras,
Elle me dit que tu resteras bien rangée.

Elle ment ! Depuis le début, elle sait
Que tu seras mangée, et ne fera rien
Pour te protéger, au contraire, elle s’en voudrait
De laisser passer un repas aussi bien.

Non ! Je ne te crois pas !
Elle m’a toujours été fidèle,
Jamais elle ne ferait ça !
Ce n’est pas assez réel !

Crois-moi, elle te dévorera tout cru,
Et ensuite me mangera, moi,
Si tu ne veux pas être de son menu,
Jette-là loin, là-bas sur le toit.

Non ! D’ailleurs, je vais sortir de mon lit
Et aller dormir dans le fauteuil,
Là, tu ne pourras plus hanter ma nuit,
Ne t’inquiète pas, je demanderai ton deuil.

Tu n’iras pas dormir autre part qu’ici,
Si tu essayes, je t’attraperai les pieds,
Quand j’y pense, déjà je ris,
Tu n’oseras pas être le premier.

Alors je reste ici, les yeux grands ouverts,
Et je vais attendre que le soleil revienne,
J’ai peur de ton sang tout vert,
J’ai peur, mais ferai de cette nuit mienne.