Poème:Territoire Occupe

J’ai tué ce moustique trop énervé
Qui chahutait dans les WC
Du même coup, la pitance de l’araignée
S’en est trouvée fort diminuée…

Il s’était gorgé de mon sang
Piquant après un atterrissage savant
Drone miniature avant l’heure
Pendant que je chiais mon quatre heures…

(Ou bien était-ce mon déjeuner ? )

Je nourrissais force respect pour cet endiablé
Qui depuis un an ou deux me narguait
Survolant le même endroit, fidélisé,
Disant : « Attention, ici, territoire occupé ! »

Il n’était pas dit qu’il ne fusse enterré
Alors, avec ma pioche qui fouissait
Dans le jardin, dans un trou, je l’ai laissé
En me disant qu’au fond, j’avais bien fait !

Je compris plus tard à mes dépens qu’à ses funérailles
J’étais bien loin d’être seul, car, vaille que vaille,
Ses congénères s’étaient installés devant la muraille
En grand nombre, ayant fait un déplacement de taille…

Deux au moins me suivirent dans la maison
Vrombissant à qui mieux mieux, à l’unisson,
A l’instar de l’écrivain, j’étais bien mal armé,
Sous la main, pas une tapette pour contre-attaquer !

Un peu penaud, comme Queneau,
Je pris la pose, fis le gros dos,
Et quand vint la fin de la soirée
La bougie à la citronnelle fut allumée

Profil bas, les deux moustiques décampèrent
Et, comme deux braves compères,
S’en allèrent,
Presque fiers,
Piquer le sang d’autres péquenots
Voltigeant aux lumières du hameau…