Poème:Jeunesse…

I

Je suis couché au bois dans l’ombre claire obscure,
Les chatons cotonneux dansent d’étranges tangos,
Valseurs merveilleux, de soleil, une cure,
L’abondance de ma joie au bruit sourd d’un ruisseau…

Des notes de musiques éclatent, bulles diaphanes,
Aux allures euphoriques colorant les platanes,
Les cyprès et les pins de rose, de mauve, de bleu,
Les spirales de mes mains pigmentent aussi mes yeux…

Dans les allées du bois les passant se hasardent
Perdant leurs sens au gré de ces allés,
Les jaunes feuilles des ginkos arrachées,
Donnent sur les carreaux des or qui les fardent…

II

Le Talon régulier tape l’herbe puis le carreau,
Un coup au goût d’oubli, un coup saveur bourreau,
La rythmique entêtante des chaussures d’une brune,
Une belle courtisane qui se nourrit de lune…

Les couleurs volent alors vers son visage éteint,
Elle marche dans l’air, bruissement incertain,
L’estoc sur le carreau cliquetis atypique,
Corset et talons hauts, désirs fantasmatiques…

III

Merci, Ô, conventionnelle beauté, par qui
Je détournais mes yeux du plafond argenté,
Des milliers d’âmes blanches que l’on nome étoile,
De leurs cheveux fibreux et des chansons de toile…

Derrière toi je vis l’homme et son regard de mâle…

Je lui fis un sourire et tu me le rendis,
Lui ne daignait pas poser ses yeux sur mes désirs,
Son visage comment exsangue ne semblait qu’obscurcir,
Ses lèvres rubicondes et ses cheveux noircis…

Son manteau de cuir noir tombait jusqu’à ses pieds,
Il est des silhouettes que l’on voudrait serrer,
Déjà j’imaginais le grave de sa voix,
Une voix verte -belle- et très chaude à la fois,
Ces voix indescriptibles que l’on ne peut qu’aimer,
Qui ouvrent des sentiers aux indicibles lois,
Un son, mêlant le cor, la lyre et les hautbois,
J’imaginais combien à lui je me liais…

Je regardais ses yeux en lui faisant un signe,
Ne pouvant dire si ils étais gris ou si ils étaient bleus,
Dans le doute Jamais l’on ne s’abstient,
Déjà je lui donnais des reflets anthracite,
Non, le vert te va bien… Que donnerais l’incarnat ?
Multipliant les teintes je cherchais les éclats,
Jaillis alors de mon crâne une vision de mythe,
Je vis ces yeux qui étaient, sûre, les teint,
Le premier était brun sur le fond plume de cygne,
Le second pâle, semblait un camé bleu…

Mais son air trahissait la froideur de la neige,
Je lui trouvais pourtant toute la douceur d’une eau
Chaude, et belle, et douce, qui réchauff’rais ma peau,
Je m’aperçu alors d’un pernicieux manège…

IV

Les talons courtisant s’était vites rapprochés,
Et alors, pudibondes, mes joues s’enrubiquaient,
L’autruche fille de joie, perchée sur talon haut,
Se tenait devant moi d’un sourire bien faux…

Dans l’incongrue erreur je me suis excusé,
L’homme avait disparut, je me pris à marcher,
Au vent des allées noires, bouchés de fougères
Et d’un soir lourd et grand, planant là où moi j’erre…

Plus tard dans le soir enfin, je l’ai revu,
L’homme et son grand manteau il paraissait ému,
Par quelques verres d’absinthe ou d’hydromel,
Ses cheveux emmêlées, sa silhouette frêle…

Il avait trébuchant, à son bras une femme,
Ses yeux brillant d’un éclat rouge et rond,
A son bras, sur tes talons, courtisane,
Et ses beaux yeux, était bien verrons…