Prose:La Sorcière

Il était une fois une horrible sorcière, jouant de fort mauvais tours à quiconque s’approchait d’elle.

Elle avait de grands pieds, semblables à des serres de vautour, un nez si long et si crochu que l’on aurait dit un hameçon prêt à écorcher sa victime, et je ne sais que dire de ses rots, qui faisait trembler les murs et fuir tous les animaux alentours.
Dotée d’un caractère terrible, la maléfique pouvait vous glacer le sang en quelques secondes, de son regard de vipère aux yeux verts, et envoyer le ciel s’écraser sur votre tête.

Si vous désirez garder votre santé mentale intacte, ne lisez pas la suite, fuyez, car je m’apprête à conter des secrets inavoués, et ceux-ci ne sont pas adressés à des cœurs fragiles tels que vous.

Car en réalité, cette terrible sorcière n’est autre qu’une des filles les plus douces, les plus drôles et les plus belles qui m’ait été donné de voir.
Si les étoiles ne la jalousent pas, c’est qu’elles sont sans vie, contrairement à l’éclat de ses yeux.
Si les oiseaux ne chantent pas pour elle, c’est que la profondeur de sa voie couvre leurs piaillements.
Si les fleurs poussent sans se préoccuper d’elle, c’est qu’elles sont sans âme, là où la douce est vibrante, joyeuse et parfois d’une humeur délicieusement boudeuse.

Et je sais que si n’importe qui d’autre était au courant de, ne serait-ce qu’un seul de ces points, une foule d’amoureux se presserait à sa porte, ce qui provoquerait chez moi, une incurable tristesse et la peur inéluctable de ne jamais revoir la merveilleuse sorcière.