Poème:Renaissance

Etrange et douce Liberté,
Que j’aime à sentir de ton aile
Le souffle aussi doux que rebelle
Quand, dans ta légère clarté,
Je sens mon regard qui se pose
Sur un bout de soie écarté
Qui voilait avant chaque chose !

Juste au devant de mes yeux clos
Une fenêtre s’est ouverte :
L’herbe me paraît bien plus verte
Et les azurs sont bien plus beaux !
Ciel, que la Nature est plaisante !
Un grand cèdre étend ses rameaux
Dans cette vague renaissante.

Eh ! toi qui va sur le chemin
Et qui d’une main attentive
Caresse la tête passive
De cet enfant qui n’est que tien,
Il n’est que ton nom qui résonne
Et ce fils qui sort de ton sein
T’élève au rang de la Madone !

Dans un endroit secret du cœur
Il élève en temple à ta gloire ;
Et, sur ta statue en ivoire,
Dans un geste empli de douceur,
Il revêt un manteau de soie ;
Et quand il chante ta grandeur
Il remplit son âme de joie.

Sur les ponts qui mènent au ciel
Sans même un seul regard derrière
Enfin mes pas quittent la Terre :
Plus de douleur et plus de gel !
Sous la clameur des hommes libres,
De ce son fort auquel tu vibres
Tu laisses jaillir ton appel.