Poème:Morsure

L’extase est dans cette morsure qui étreint comme un baiser. De ta bouche en feu sortent les mots comme des petits pains. Tes lèvres réchauffent l’âme de ma première pensée d’homme qui a appris à manger. Tout le champ de blé se confie aux épis de tes mains qui sèment les souvenirs aussi vrai qu’ils le seront demain. Chaque épis est à sa place, car les choses sont ce qu’elles sont. Les braises chantent en corps l’étreinte. La farine se livre toute blanche à l’œuvre du destin. Nourrir son homme porteur du dernier mot d’un enfant qui viendra étreindre les vérités que l’on retient lorsque l’on ne dépasse pas les dix ans.
Je marche à reculons et sur les mains pour visiter le monde avec la tête à l’ombre. Je ramasse les pierres jetées hier au hasard des chemins et je ne reconnais la froideur de l’abandon qui isole la lumière de l’ombre. Je fonds en larmes sous la chaleur de mon sang qui transpire et qui respire. Les larmes s’envolent rejoindre l’infini qui reconstruit petit à petit un petit ciel. Goutte à goutte, mes saisons de pluie m’offrent de temps en temps une éclaircie. Il n’y a pas de raison de parler de cette histoire qui coule en cascade de la source. Je me reconnais dans le miroir de ton eau qui parle mieux que je ne pourrai le faire…