Poème:Le Plaideur

Je suis devant cette cour non pas pour me plaindre
Car je sais que de vous, je n’ai nullement à craindre
Je viens plaider ma cause en tout bien tout honneur
Mais il est peu de chose que d’en sortir vainqueur !
J’ai subi des outrages par mille feux à foison
Par un être sans scrupule qui me haussa le ton
Je n’ai guère apprécié son vulgaire langage
Car en toute honnêteté, je pense qu’il a la rage !
J’ai commis certes, une faute, mais je l’assume
Mais derrière cette pensée se cache une amertume
Si je puis vous convaincre de ne pas y donner suite
Nous pourrions envisager de tourner la page et vite !
Ne riez point je vous en conjure, je vous en prie
Je ne viens pas de la ville pour me faire moquer ici
Mais comme je suis bon prince, je vous fais une faveur
Je vais de par mon audace, me faire grand orateur !
Je n’ai aucun besoin de me faire assister par autrui
Car je connais la raison de mon forfait commis
La raison en est telle, qu’il y a quelques années
Mon inconscient a prit le pas sur ma volonté !
Je pourrai vous narrer l’histoire dans son moindre détail
Se pourrait même que vous y trouviez une faille
Ne cherchez point à vouloir m’en discréditer
Car j’assume entièrement ma responsabilité !
Je n’ai que pour me défendre ma toute sincérité
Par des mots que j’emploierai avec aisance et de bon gré
Et il m’importe peu que l’on se joue de moi
Devant cette assistance où règne la justice et la loi !
Si je dois être puni et jeté dans une prison
Je me sentirai obligé d’en faire opposition
Il en serait fort dommage d’en arriver aux mains
Pour subir les affronts des pas beaux et des vilains !
Si je puis me permettre une petite remarque Monsieur
C’est que dans cette aventure, je ne suis le plus malheureux
Il serait non loin envisageable de me mettre au défi
Pour avoir dans mon élan, manqué de courtoisie !
J’ai entendu les discours de chacun des partis
Ça n’a pas été flagrant mais pour moi, ça me suffit
Comme je dis toujours, tel est pris qui croyait prendre
Je pense que la cour saura le comprendre !
Mes défauts et mes qualités ont fait de moi ce que je suis
Je ne suis pas un vaurien, ni un menteur ni un bandit
Je ne suis qu’un homme qui a perdu sa route
Et quoi que j’ai pu faire, il n’y a que la mort que je redoute…

La plume de Bruno