Poème:Calypso-Proserpine-Adès (La Grenade)

J’ai gardé des regrets qui perlaient sur mes yeux,
J’ai ouvert la porte et y ai découvert
Une sphère inégale de poussières d’Univers
J’ai saisi l’idéal et l’ai piqué aux cieux

J’ai enduit de blond miel et d’une eau cristalline
La main du mendiant et le cœur du lépreux
J’ai brandit vers le ciel un petit monde heureux
J’ai affermi la Belle et ai charmé l’Ondine

J’ai pleuré la larme, j’ai ouvert l’Océan
J’ai fendillé la pierre et brisé le cristal
J’ai aimé la bonté et consolé le mal
J’ai rêvé le réel et bâti l’inconscient

J’ai brûlé la paupière et volé l’étincelle
J’ai pétri les flammes et fait fondre le fer
J’ai touché l’infini et édifié l’enfer
J’ai forgé les planètes et ai régi le ciel

J’ai abaissé le grand, puis j’ai grandi l’infime
J’ai fait paître la fleur sur les rivages d’une onde
J’ai convaincu Adès d’épargner le monde
J’ai flétri l’edelweiss et ai noirci les cimes

J’ai fait croître mes biens, je m’en suis appauvrie
J’ai repu mes humeurs, je m’en suis amaigrie
J’ai engrossé de l’or, je n’en obtiens que fer
J’ai la vie éternelle, mais l’espace éphémère

J’ai tronqué mon image, je me voile d’une ombre
J’ai perdu mon essence et échange mes allures
Je suis toute dénudée et offre mes parures
Je me laisse noyer sous les noirs flots du nombre