Poème:Passion

A la lumière du flambeau
Cherche en vain l’inspiration
De la gloire au tombeau
Le cœur meurtri qui fond

Cherche le soleil dans ce brouillard
Gris comme la lune qui sourit
De voir dans son miroir
Nos âmes qui crient

Mais elle se rie de la peine
Et naît dans tous les esprits
Elle prend possession et dégaine
Prête à tirer sur n’importe qui

Les loups hurlent à nos portes
Désespérés, ils rôdent, ils guettent,
Et dans la forêt sombre, ils nous emportent
Nous mettent à nue des pieds à la tête.

La passion enflamme les villes et les villages
Sans pudeur, la haine se lie à l’amour,
Les corps s’embrasent, dans une étreinte sauvage,
Pour laisser place au calme quand revient le jour.

La nuit laisse cette sombre odeur
D’une charogne putréfiante,
De la jeunesse, du plaisir, du bonheur
D’un soir éphémère qui sans cesse nous hante.

Il est là ce désir,
Cette chose inavouable,
Ce déchaînement secret,
Il fait pâlir, il nous accable,
Mais on l’attend, on le connaît.

Elle enivre les foules, elle les dérident
Et fait monter en elles, ces sentiments comme la houle,
Qui les font se sentir moins vide
Et leur fait pousser des ailes.

A ces amoureux transit,
Ravalant leurs envies,
Brulants quand elle vient dans leurs esprits
De ses flemmes ardentes dans le noir de leurs nuits.

Elle est la corde du suicidaire,
Le fusil du militaire,
Les tableaux des beaux-arts,
Le piano de Mozart,
Le vice qui court dans la tête des gens,
Qui les tient fermement, les transforment en serpents
Le couteau tacheté du criminel,
Qui a tué sa femme, qui a tué sa belle,
Dans les cœurs de ceux qui aiment trop, qui s’aiment trop,
Et qui grâce à elle, deviennent soudain des animaux,
Le temps qui s’emballe,
La fumée qu’on ravale,
Ces actes déraisonnés que l’on fait à foison,
Qui nous pousse à la faute, qui nous mènent en prison.

Elle est forte, elle brûle, elle est sans pitié,
Dans son antre on meurt avant même d’y entrer.
Elle ne connaît que l’excès, se moque de la santé,
Commet le mal, s’y incruste, s’y soumet,
Fait pleurer les âmes saines,
Et jouir celles qui s’enflamment,
Entretient l’amour de la haine,
Pour tout ceux qui se damnent.