Poème:Nausées Morbides

-LA RAISON
Vous êtes un reptile cruel et égoïste.
Mon âme a longtemps refusé de vous nommer,
Faute de vous avoir trop souvent répugnée.
Mort, que le diable vous brûle vous et votre liste.
Vous ascendez puis atterrissez à toute heure ;
Ne respectez vous donc pas les lois de la physique ?
Vous aimez comme seule science la stochastique,
Et votre hasard qui pue sème le Malheur.

-LE CŒUR

Tu nous embrouilles l’esprit, et puisque tu vis
Ne te renions pas, pauvre orphelin haï.
Apprenons à t’aimer, tu n’es qu’un enfant,
Bien que, tumeur dans un cœur, tu ronges les grands.
Mon sourire t’irrite, mais ta joie me transperce.
Que cherches-tu ? Mourras-tu un jour, à ton tour ?

-LA MORT

Ami, je ne meurs, mais tes paroles me blessent.
J’aimerais te répondre, t’éclairer sans détour.
Je pensais que tu m’avais enfin adopté,
Aimé, dans le bas-âge que nous partagions.
Aujourd’hui, mon fruit arrive à maturité :
De ton cœur jadis sucré reste le trognon.
Je vais le croquer, te laisser sans repère.
Tu rejoindras les êtres chers, perdus ici.
Puisque de mon soufre tu n’as assez souffert,
Je suis né môme pourri, bel et bien en vie.
Je refuse, dans mon égoïsme qui fait ta peur,
De t’accorder le moment d’une expiration.
Souffre, tremble de la fièvre de la frayeur,
Plie-toi à l’arbitraire nauséabond.