Poème:Brin D’herbe

Ils me parlent d’Histoire, cataclysmes,
Économie politique, commerce,
Guerres qui atteignent leur paroxysme
Et des grandes illusions qui nous bercent,
Mais aussi grandeur de l’aventure spatiale,
Tours immenses, belles sociétés conviviales…
Moi j’entends la poésie du brin d’herbe
Qui doucement me chuchote à l’oreille
Des paroles n’étant jamais acerbes
Sans conter fleurette comme l’abeille,
De sa voix fluette et douce, un peu amère
Il me conte son attachement à sa terre.
Sa beauté et ses qualités surpassent
De beaucoup notre petit humanisme,
Pour moi son abnégation le surclasse
Par son humilité et son charisme,
Il ne comprend pas sa destruction permanente
Par les hommes aux manières intransigeantes.
Il me dit sa lente résurrection
Poussant sur les tuiles, sur le béton,
Au fond d’un caniveau sans prétention,
À travers les cailloux et le goudron,
Sa haute lutte pour vivre au soleil brûlant
Ou sous les sombres sapins si peu accueillants.
Il narre sa conquête des sommets,
Sa guerre sans fin contre les déserts,
Sa vie dans nos villes aseptisées,
Pour finir croqué en simple dessert
Par un éléphant, un agneau, une chenille
Ou tomber meurtri sous les coups de la faucille.
Il murmure sa grande résilience
Aux pesticides, à la pollution
Qui éprouvent souvent sa résistance ;
Malgré les aléas des pluies poisons
Il continue à produire notre oxygène,
Et nous, nous l’éliminons sans la moindre gêne.

Chut ! Approchez plus près et penchez-vous un peu,
Écoutez le brin d’herbe plus que généreux…