Prose:Chut

Silence. Silence, lecteurs ! Prenez le temps de l’écouter un peu. Videz vos cerveaux pour lui. Sentez son murmure arriver jusqu’à vous.
N’est-il pas merveilleux ?
N’a-t-il rien de plus beau, de plus doux que d’observer un silence glisser sur l’air ?
N’est-il pas intense de humer son parfum ?
N’a-t-il pas la saveur la plus exquise ?
Quand on ferme les yeux et que l’on invoque tous nos sens, alors il nous apparait et nous parle tout bas comme pour apaiser notre cœur en l’endormant.

Le silence c’est l’essence sublime et sainte qui descend du ciel en transportant la chose la plus difficile à percevoir sur ce monde, lui-même.
Lecteurs, n’ayez plus peur de cette essence. Car, quand vous aurez accepté d’entendre ses paroles. Vous vous sentirez vivifier par son bercement infini. Alors, respirez-le, pressez-le, distinguez-le, mangez-le, écoutez-le, vivez-le.

Vous serez surpris de connaître le nombre de secrets qu’il sait. Et on ne sait jamais ce que les choses muettes racontent. Le silence n’est pas une fin. Et si vous laissez place dans votre vie à ce silence, alors quand il viendra toquer à votre porte une dernière fois, vous pourrez lui dire : – En avant, mon esprit est bavard.

Alors lecteurs. Silence !