Poème-France.com

Slam : Mon Pays



A Propos

S’il vous plaît, partagez ceci parce que le peuple de mon pays souffre.

Mon Pays

Ah, bravo.
Non, vraiment, chapeau bas.
Mission accomplie, les gars.
Le 26 Septembre se lève sur Tana, et quel spectacle !
Quel magnifique bilan après le grand déballage.
Félicitations aux forces de l’ordre. L’ordre de qui, déjà ? J’ai un trou.

Hier, face aux manifestants, quelle efficacité !
Quel déploiement de bravoure, quelle virilité !
Là, vous saviez faire. Le casque lourd, le regard droit.
Le bouclier qui brille, garant de quelle loi ?
Face à des mères de famille aux mains nues,
Face à des étudiants qui gueulaient d’être déçus,
Face à des pères de famille dont le seul crime était la faim,
Vous étiez des lions, des remparts, les gardiens du grand rien.

Le gaz lacrymo répondait aux slogans,
La matraque aux pancartes, dans un ballet glaçant.
Chaque cri de colère, chaque « GASYYYY ! » scandé,
Était pour vous un crime de lèse-majesté.
Vous avez rivalisé, oui. Vous avez tenu la ligne.
Contre le peuple, vous êtes d’une discipline insigne.

Mais…
Quand la nuit est tombée, quand les chacals sont sortis,
Votre vue a baissé ? Vous étiez pris de migraine subite ?
Quand les vitrines ont commencé à pleuvoir sur le macadam,
Où était passé votre grand drame, votre état d’âme ?
Le petit commerçant qui a vu l’œuvre de sa vie partir en fumée,
Il vous cherchait du regard. Mais vous étiez… occupés.

Occupés à regarder ailleurs.
Occupés à former un cordon sanitaire… pour laisser passer les pilleurs.
Ah, c’est plus facile, n’est-ce pas ?
Un slogan, c’est dangereux. Ça pense, ça conteste, ça ne se revend pas.
Alors qu’une télé volée, un sac de riz éventré,
C’est du concret, du palpable, ça ne remet rien en cause, n’est-ce-pas ?

Le vandalisme, le pillage, c’était le second acte de la pièce.
Et là, vous n’étiez plus que de pâles figurants, des ombres qui s’affaissent.
Le courage de charger des affamés s’est évaporé
Face à la bande organisée venue tout dévaster.
Vos boucliers si fiers ne protégeaient plus les boutiques,
Ils vous servaient juste à cacher votre inaction pathétique.

Alors voilà le tableau, ce matin du 26 Septembre :
La ville est balafrée, elle tremble encore dans ses membres.
Les vrais criminels courent toujours, le butin sous le bras,
Et les seuls qui ont senti la force de l’État,
Ce sont ceux qui demandaient juste un peu de lumière et du pain.

Bravo.
Vous avez parfaitement protégé le système.
Vous avez laissé la colère se transformer en haine.
Vous avez prouvé que l’uniforme sait choisir son ennemi :
Jamais le voleur, toujours celui qui crie.
L’ordre règne à Tana. Un ordre qui a l’odeur du brûlé et le goût du mépris.
Mireille

PostScriptum

Le bilan du 25 septembre à Madagascar : des manifestants gazés avec efficacité, des magasins pillés en toute tranquillité. Apparemment, un slogan est plus dangereux qu’un pied-de-biche. L’ordre règne.


Pour mettre un commentaire

Poème en Phonétique

a, bʁavo.
nɔ̃, vʁεmɑ̃, ʃapo ba.
misjɔ̃ akɔ̃pli, lε ɡaʁ.
lə vɛ̃t- si- sεptɑ̃bʁə sə lεvə syʁ tana, e kεl spεktaklə !
kεl maɲifikə bilɑ̃ apʁε lə ɡʁɑ̃ debalaʒə.
felisitasjɔ̃z- o fɔʁsə- də lɔʁdʁə. lɔʁdʁə də ki, deʒa ? ʒε œ̃ tʁu.

jεʁ, fasə o manifεstɑ̃, kεllə efikasite !
kεl deplwaəmɑ̃ də bʁavuʁə, kεllə viʁilite !
la, vu savje fεʁə. lə kaskə luʁ, lə ʁəɡaʁ dʁwa.
lə buklje ki bʁijə, ɡaʁɑ̃ də kεllə lwa ?
fasə a dε mεʁə də famijə o mɛ̃ nɥ,
fasə a dεz- etydjɑ̃ ki ɡəlε dεtʁə desys,
fasə a dε pεʁə də famijə dɔ̃ lə səl kʁimə etε la fɛ̃,
vuz- etje dε ljɔ̃, dε ʁɑ̃paʁ, lε ɡaʁdjɛ̃ dy ɡʁɑ̃ ʁjɛ̃.

lə ɡaz lakʁimo ʁepɔ̃dε o slɔɡɑ̃,
la matʁakə o pɑ̃kaʁtə, dɑ̃z- œ̃ balε ɡlasɑ̃.
ʃakə kʁi də kɔlεʁə, ʃakə « ɡaziiii ! » skɑ̃de,
etε puʁ vuz- œ̃ kʁimə də lεzə maʒεste.
vuz- ave ʁivalize, ui. vuz- ave təny la liɲə.
kɔ̃tʁə lə pəplə, vuz- εtə dynə disiplinə ɛ̃siɲə.

mε…
kɑ̃ la nɥi ε tɔ̃be, kɑ̃ lε ʃakal sɔ̃ sɔʁti,
vɔtʁə vɥ a bεse ? vuz- etje pʁi də miɡʁεnə sybitə ?
kɑ̃ lε vitʁinəz- ɔ̃ kɔmɑ̃se a pləvwaʁ syʁ lə makadam,
u etε pase vɔtʁə ɡʁɑ̃ dʁamə, vɔtʁə eta damə ?
lə pəti kɔmεʁsɑ̃ ki a vy lœvʁə də sa vi paʁtiʁ ɑ̃ fyme,
il vu ʃεʁʃε dy ʁəɡaʁ. mε vuz- etje… ɔkype.

ɔkypez- a ʁəɡaʁde ajœʁ.
ɔkypez- a fɔʁme œ̃ kɔʁdɔ̃ sanitεʁə… puʁ lεse pase lε pijœʁ.
a, sε plys fasilə, nε sə pa ?
œ̃ slɔɡɑ̃, sε dɑ̃ʒəʁø. sa pɑ̃sə, sa kɔ̃tεstə, sa nə sə ʁəvɑ̃ pa.
alɔʁ kynə tele vɔle, œ̃ sak də ʁiz evɑ̃tʁe,
sε dy kɔ̃kʁε, dy palpablə, sa nə ʁəmε ʁjɛ̃ ɑ̃ kozə, nε sə pa ?

lə vɑ̃dalismə, lə pijaʒə, setε lə səɡɔ̃t- aktə də la pjεsə.
e la, vu netje plys kə də palə fiɡyʁɑ̃, dεz- ɔ̃bʁə- ki safεse.
lə kuʁaʒə də ʃaʁʒe dεz- afame sεt- evapɔʁe
fasə a la bɑ̃də ɔʁɡanize vənɥ tu devaste.
vo buklje si fje nə pʁɔteʒε plys lε butik,
il vu sεʁvε ʒystə a kaʃe vɔtʁə inaksjɔ̃ patetikə.

alɔʁ vwala lə tablo, sə matɛ̃ dy vɛ̃t- si- sεptɑ̃bʁə :
la vilə ε balafʁe, εllə tʁɑ̃blə ɑ̃kɔʁə dɑ̃ sε mɑ̃bʁə.
lε vʁε kʁiminεl kuʁe tuʒuʁ, lə bytɛ̃ su lə bʁa,
e lε səl ki ɔ̃ sɑ̃ti la fɔʁsə də leta,
sə sɔ̃ sø ki dəmɑ̃dε ʒystə œ̃ pø də lymjεʁə e dy pɛ̃.

bʁavo.
vuz- ave paʁfεtəmɑ̃ pʁɔteʒe lə sistεmə.
vuz- ave lεse la kɔlεʁə sə tʁɑ̃sfɔʁme ɑ̃-εnə.
vuz- ave pʁuve kə lynifɔʁmə sε ʃwaziʁ sɔ̃n- εnəmi :
ʒamε lə vɔlœʁ, tuʒuʁ səlɥi ki kʁi.
lɔʁdʁə ʁεɲə a tana. œ̃n- ɔʁdʁə ki a lɔdœʁ dy bʁyle e lə ɡu dy mepʁi.