Poème:La Chambre De L’absent

A Cormorand, le 5 août 2019

15 h

A Michel,

Dans la chaude après-midi d’août,
Je monte, soudain fébrile, à l’étage,
Précédé par ta maman, qui malgré l’âge
Garde bonne forme sans nul doute.

Enfin, je revois ému ta chambre,
Là où depuis près de trente ans,
Je n’étais allé, désarçonné à partir de l’instant
De cet accident subit, qui ôta la vie de tes membres.

Je découvre, identiques
A notre courte jeunesse,
Les choses modestes qui furent jadis tiennes, et l’atmosphère pudique
Au milieu desquelles tu passas tes nuits, et parfois des moments de tristesse…

Qu’il est doux et dur à la fois,
D’embrasser ainsi du regard,
Tous ces souvenirs muets d’un autrefois,
Qui en disent long et me laissent hagard.

De nombreux livres endormis occupent
Les rayonnages d’une bibliothèque soigneusement rangée,
Volumes d’histoire qui le disputent
A l’odyssée sous-marine, d’un commandant Cousteau déjà âgé.

Pourtant, Gaston Lagaffe
L’étourdi n’est pas loin,
Voisinant avec Jules Verne, témoins
De ton esprit éclectique, sans paraphe.

Et oui, nous avions bien des goûts semblables
Là aussi, agrémentés d’un humour
Facile mais efficace à coup sûr, pour amuser à table
Nos amis, jonglant avec les mots et les mimiques, tour à tour.

Aujourd’hui, nul ne t’oublie ici,
Malgré l’absence qui se prolonge,
Avant nos retrouvailles éternelles, à la grâce de Dieu, mais indécis
Sur la date et l’heure, mû par l’Espérance de te recouvrer mieux qu’en songes…