Prose:« End Of The Night »

« Chaque nuit, chaque matin, certains naissent pour le chagrin.
Chaque matin, chaque nuit, certains naissent pour le délice exquis.
Certains naissent pour le délice exquis, certains pour la nuit infinie. » William Blake

L’aube allait apparaître. La Seine, long et profond abyme, formait un gouffre traversant Paris.
Une jeune femme déambulait sur les quais. Elle tenait une bouteille de mauvais Whisky dans sa main droite, une cigarette tordue était coincée entre ses lèvres rouges sang. Vêtue d’une robe blanche et pieds nus.
Elle vacillait telle une bougie sur la mer. Elle marchait en souveraine, le buste droit mais ses jambes ne suivaient pas, elles semblaient trop frêles pour porter autant de fiereté. Sa posture m’inpirait une pièce tragique.
Elle était magnifique, des trais d’une finesse angélique, ses yeux étaient fascinants. Ils étaient bleu azur, tellement profond mais aussi vide, sans lumière. Un sentiment dramatique en sortait. Du noir dégoulinait de ses yeux, lui donnant un air de débauche. Une onde de détresse l’englobait.
Ô beauté tragique.
Elle avançait jusqu’au bord du pont, regardait l’eau sombre d’une esquise douceur. Elle montât avec peine sur le rebord.
Placé là, debout, fragile, une bourasque de vent l’aurait tué. Elle regardait pensivement son futur cerceuil. Bu d’un trait la fin de la bouteille. Regarda autour d’elle, cherchant sûrement un signe quelconque qui l’aiderait à prendre une décision.

Je regardais cette scène désastreuse, impassible. On m’a souvent dit que j’étais un salaud. Mais je ne pense pas que cet adjectif me définisse bien, je suis juste « je m’en foutiste ».
Seul mon bien être m’intéresse. J’aime la gnole, la drogue et la baise. Certes je ne suis pas l’humain parfait. Je suis égoïste mais je n’emmerde pas le monde. La solitude est mon élément.
Bref cette fille là était perdue et ce n’était pas mon affaire. Je pense que chacun devrait faire ce dont il a envie et que personne ne devrait s’interposer à nos choix. Si elle voulait crever c’était son choix mais si elle voulait continuer à vivre cette vie de chien, je l’accepterais bien dans mon lit. Sa beauté me fascinait.
Je croisai son regard sans âme qui était sûrement semblable au mien.
J’aimais la détresse, la mélancolie m’aimait. Et cette fille me ressemblait, je le savais, c’était du desespoir à l’état pur.
Elle me regarda avec insistance et compris que je n’agirais pas.
J’entendis son murmure me dire « Salaud… ».
Et voilà encore une fois, je vous l’avais bien dit.
Et bien oui princesse tu n’es pas une exception.
Elle regarda une dernière fois autour d’elle puis son regard se stoppa sur cet océan d’immondice. Avant que je ne puisse réfléchir, elle sauta.
Un bel ange damné.
Je ne voulu pas voir le point de chute.
Je rentrai chez moi en repensant à sa beauté sur le chemin.
Elle me donneraît sûrement du plaisir ce soir…
Une fois chez moi j’ouvris une bouteille de Whisky et trinqua à sa santé…