Poème:Angoisse

La pluie nettoie ma peur,
Et la nuit la cache.
J’erre ce soir dans les bas-fonds de la vie,
Où la vie, lentement s’oublie.
Mon corps respire trop fort,
Mais je n’y puis rien,
Car du reste, c’est lui qui m’a entraîné ici.
Dans ce quartier sombre aux mille replis,
Où grouille le triste et le vineux,
Et où tout est recouvert de la même crasse suintante
Qui naît de l’écoulement de cette fine pluie
Sur la terrible anxiété de l’immense ville.
Cette ville à laquelle se raccrochent encore les consciences,
Et où les âmes ressentent déjà
Le mal qu’elles ont fait.

Et moi, je marche et j’ai peur.
Et la pluie nettoie mon corps,
Et la nuit le cache.
Mais ce corps n’est plus
Le vase de mon âme.
Et mon âme, qui se libère
Des formes de l’enveloppe charnelle,
Passe au travers des fines gouttes
Qui martèlent le sol. ,
L’anxiété, de ce que je croyais mon être,
Se transforme en nocives vibrations.
Et je quitte la ville.
Et je quitte la pluie et les âmes en peines.
Mais au moment de l’ultime libération,
Ma raison se prend d’un sursaut,
Et ma conscience excitée
Plantes ses crocs acérés
Dans la moiteur de ma chair,
Pour retrouver le corps fiévreux
Qui gît dans ce lit d’hôpital.

J’ai peur.
Vais-je mourir ?