Poème:Les Pins

Les pins s’enrobent
De frais effluves
Qui transportent le promeneur
Dans un rêve de bien-être.
Ces conifères aux aiguilles
De jade acérées
Donnent au printemps
Un air d’éternité.
Sveltes géants, ils saignent,
Blessés, à la sève montante,
Pleurent tels des enfants
Dans leur chair écorchés.
Ils paraissent près de nous
Si puissants… mais aussi,
Près du ciel… ils hantent
Nos désirs d’immortalité.
Parasols, maritimes, pins sylvestre,
Tous réconfortent les hommes.
Par leur présence altière,
Ils protègent de l’étau scientifique.
Ces fantômes de la nuit
Accrochent à nos rêves
D’enfant… des trésors d’aventures,
Des lendemains de créations nouvelles.

Les pins dardent dans l’obscurité
Leurs petites flèches vertes,
Qui oscillent à la lueur
De la lune en balade.
Métamorphose
Des temps anciens,
Solitude
Des temps nouveaux :
L’homme aujourd’hui
S’enferme dans l’artificiel.
Autrefois il vibrait à l’odeur
De la gemme, de la rosée matinale.
Martelés par les bruits
Des cités qui s’éclatent,
Les pins rejettent loin d’eux
Les pollutions de l’intellect humain.
La forêt s’avance vers moi,
Avec ses élans de princesse,
Vite elle m’enveloppe dans sa robe
Aux douceurs d’un matin léger.
Plus je m’enfonce en elle,
Plus le monde disparaît… Transfiguré,
Dans un oubli total… je m’évade
Retrouver la paix… des amours heureuses.

Je t’épouserais, forêt,
Reposerais sur ton tapis vert,
Me ressourcerais de tes offrandes
Si j’osais quitter le monde stérile.
Bruyères, fougères, mimosas,
Herbes aux senteurs variées,
Oiseaux aux plumages changeants
Donnent à la forêt un air de fête.
Un écureuil dans sa course
Effraye un nid de bourdons :
Ils fendent l’air
D’un grésillement sourd.
Un serpent se faufile
Entre les aiguilles, qui crissent
Sous les pas d’un chevreuil,
Qui l’observe, inquiet.
L’été, une cigale
Agite l’air de ses ailes :
Un chant au son régulier
Berce la nature endormie.
Les brandes craquellent
Sous l’ardeur du soleil,
Une pigne s’écrase
Sur le sol desséché.

Les pins s’envolent
Comme pour une valse
Dans les bras du vent
Qui les enlace.
Le soleil parfois,
Les traverse de rayons argentés
Donnant à la forêt… un air
De conte de fée.
Aux premières pluies automnales
Les lapins fuient vers leur terrier.
Les sous bois prennent une parure nouvelle,
Peu à peu les animaux se cachent.
Les pins accrochent
Leurs aiguilles aux nuages,
Qui, transpercés, déversent sur eux
Leur pluie bienfaisante.
Des voix se faufilent entre les pins,
Mystérieux chuchotements :
Le printemps s’éveille
Dans les fleurs qui éclosent.
Les pins portent dans leur écorce,
Incrustés… mille secrets
Des enfants… des amants… qui
En ont fait leur confident.

Telle une armée d’extra-terrestres,
Ils forment, à l’orée de l’océan,
Une barrière qui nous protège
De la dérive des sables.
Les pins grattent la voûte céleste
De leurs mille pattes…
Ils s’imprègnent de la terre
Pour y puiser leur énergie.
Les pins s’animent doucement
Dans la tiédeur du soir qui s’avance.
Ils brassent l’air léger
De leurs ailes d’oiseaux de nuit.
La pénombre venue, les pins
Enveloppent nos sens
D’un halo de mystère,
Voilé d’une angoisse incontrôlée.
Forêt aux senteurs d’infini,
Tu renfermes dans tes entrailles
Des richesses d’un autre temps,
Qui émerveillent nos moments d’évasion.