Poème:Listen To Me.

Texte remis à Léo un soir où nous dinions ensemble avec quelques copains. Merci Léo pour ta larme et toutes ces soirées poétiques qui nous embarquaient bien loin dans la nuit, bien au-delà de l’artiste. Toi aussi Léo tu pourras toujours cracher à la gueule de celui qui t’y a mis.
Je t’embrasse.

Listen to me.

Je ne suis l’ombre que de ton ombre
Mais je te parle et je te vis
Et je t’affiche dans ma tête
Quand ton spleen vient me recoudre
Tes idées de chien battu
Que je me calque à tes côtés
Pour ne laisser que dans la traîne
Une comète de l’an dix mille
La poésie fout le camp, ça va
Tu le sais bien toi qui m’apporte
Tes ribambelles de mots glacés
Toi qui me joues de la trompette
Avec ta voix ensorcelée
De ton foulard étrange où gémissent
Des kilomètres de temps perdu
De ton piano souvenir
Relié à la mémoire des anges
Mâles ou femelles, on ne sait plus
On ne sait pas
Voilà maintenant bientôt vingt ans
Que je te suis du bout des dents
Voilà maintenant bientôt vingt ans
Que je me perds dans tes méandres
Je ne suis l’ombre que de ton ombre
Je fais partie de ta galerie
De ce monde que tu transportes
Sur ce vaisseau de la musique
De la magie entre tes doigts
Où coulent mes sentiments, les tiens
Tu m’as ramé à la dérive
Avec ton A grandeur nature
Ce n’est rien qu’un peu de tendresse
Il en faut dans ce monde fou
Que tu rejettes au cul bureaucratique
De l’intelligence vénale
Technocrates de l’amour
Ordinateur de la jouissance
Bafoués du sexe relatif
Phallocrates de la dernière heure
Embryons rassis des bocaux
On s’habitue à tout, tu vois
Même au silence de tes rides
A tes cheveux blanchis du temps
A tes idées de Marx brothers
On s’habitue à tout, tu sais
Il te fallait bien nous le dire, c’est tout
Puisque nous, on est là pour t ’écouter
Mille neuf cent seize, ça sonne bien
Mille neuf cent quatre-vingt dix neuf
Ta celtique se consume seule
Ne t’en va pas, écoute moi
Listen to me, tu connais ça ?

Danny LeBlanc