Univers de poésie d'un auteur

Texte:Le Cirque De La Vie

Le Texte

L’auguste et la petite fille
Les yeux fixés sur ses longues chaussures noires, son faux nez rouge toujours en place sur sa face aux contours exagérés, il avance d’un pas lent vers sa caravane, le visage triste dissimulé sous un maquillage allègre mais oh combien trompeur.
Une veste rouge trop grande, un pantalon vert trop large, un nœud papillon démesuré jaune à pois noirs, ah il a fière allure le clown dans ses fripes aux couleurs bigarrées !
Mais ce soir curieusement ses vêtements ne le gênent pas, il ne se précipite pas pour les enlever, il erre comme perdu dans un autre monde, submergé par toutes les émotions qui l’ont écrasé.
Il est là à traînasser, les bras ballants, dans la nuit à peine éclairée par la lumière de quelques spots orientés vers l’entrée du chapiteau, où ce soir sa représentation lui a laissé une étrange sensation.
Pourtant tout avait bien commencé avec son partenaire le clown blanc, son ami de toutes les joies comme de toutes les galères, de qui il se moque toujours quand il le voit apparaître devant lui « sa coquille d’œuf plantée sur la tête »… Une plaisanterie qui les amuse depuis si longtemps, mais qui ne fait plus rire qu’eux deux.
Un frère de scène avec lequel il se produit depuis tant d’années, dans toutes les villes et villages de France qui veulent encore bien accueillir ce petit cirque très modeste, qui semble déjà appartenir au passé… Une autre époque…
Les enfants riaient aux éclats, les parents souriaient, certains même s’éclataient en parfaite union avec leurs bambins, les pitreries s’enchaînaient les unes après les autres. Son compagnon de spectacle jouait bien son rôle moralisateur, tout se déroulait à merveille, jusqu’à ce…
Ce moment où son regard croisa les yeux pleins de joie d’une fillette. Elle ne devait avoir qu’une dizaine d’années, ses cheveux un peu roux reflétaient la lumière des projecteurs… Roux comme il l’était… Mais ce qui l’interpella fut cette petite ombre à son menton, ce creux de fossette qui la faisait se démarquer des autres enfants. Et cette petite chose si particulière lui a soudain rappelé… Un frisson, un coup d’œil rapide sur la personne qui devait être sa maman… Elle était là… Il l’a bien reconnue, malgré les années passées.
Toutes deux étaient si près qu’il aurait pu les toucher en tendant les bras. Dès cet instant le trouble s’empara de lui…
Pour notre amuseur le temps s’était soudain arrêté, les horloges figées dans le grand frisson qui venait de lui parcourir le corps de la tête aux pieds.
Son compagnon de toujours s’était bien vite aperçu de son malaise, il le connaît si bien depuis le temps qu’ensemble ils font voler la poussière de la piste et déclencher les rires par leur spectacle burlesque.
Avec sa coquille d’œuf sur la tête en guise de coiffe, il a bien essayé de remettre la machine en route ! Cause perdue, il le savait qu’il devrait assumer tout le reste du numéro à lui seul s’il ne pouvait le sortir de sa torpeur, mais ne lui en voudrait pas.
Sans trop se rappeler comment s’était terminée sa pitoyable prestation, le voici maintenant assis sur le marchepied de sa petite maison ambulante, l’air désemparé, le regard fixant au loin les spectateurs désertant le chapiteau rouge et blanc, cherchant désespérément du regard cette petite fille ; comme si de loin il aurait pu la reconnaître, entre les projecteurs donnant aux visages des allures de fantômes et les ombres étirant sur le sol les silhouettes d’une gente pressée de quitter un monde féerique pour retourner dans la monotonie de leur vie quotidienne…
Tout ce dont il se souvient de cette soirée, c’est de cette enfant qui ne pouvait être que sa fille, de sa maman qui fut écuyère dans ce cirque, il y a… Dix ans déjà, avec qui il avait eu une relation amoureuse trop brève, dans une roulotte de clown, la sienne, qui lui laisse depuis lors un goût amer, un parfum de regrets.
Puis cette douleur lui revint, la même brûlure qu’au jour où elle l’a quitté pour un beau trapéziste, lui disant que s’il était marrant, il n’était pas très beau, pas un bon amant.
Ces jours de malaise quand il les croisait dans ce microcosme qu’est un cirque, ne pouvant les éviter. Jusqu’au jour où ils sont partis pour un autre cirque. Non, il ne faut pas croire que sa douleur s’en est allée avec eux. Il la voyait encore là au moins, tout en gardant un secret espoir…
____
Une main posée sur son épaule le fait sursauter… Il lève les yeux… Un homme est là, tel un cierge géant dans son habit de lumière, au visage blanc coiffé d’une coquille d’œuf… Son ami est venu le saluer…
« Viens » lui dit-il, « deux personnes t’attendent dans ma roulotte ».
La suite, je vous laisse l’imaginer… Je vous dis seulement que plus jamais notre clown ne fut triste.

La fille de l’auguste
Ses traits ont vieilli bien sûr, mais qui peut le voir sous son épais maquillage ?
Son compagnon à la coquille d’œuf plantée sur la tête est toujours là, ses rides se sont creusées à lui aussi, bien fatigué quand se termine la dernière représentation, trouvant rapidement le sommeil après un souper léger. Mais pour rien au monde ils ne voudraient arrêter leur numéro, entendre les rires des enfants et voir leurs visages réjouis leur donne une seconde jeunesse à nos deux inséparables amis. Enfin deux…
Les voici trois depuis quelques mois, une magnifique jeune femme à peine sortie de l’adolescence est venue les rejoindre sur la piste.
Elle est vêtue d’un costume noir tout rapiécé où deux comme elle pouvaient y loger, dessous un maillot à larges rayures horizontales rouges et blanches, cheveux roux dépassant d’un chapeau mou trop large. En l’honneur de son ’papa de clown’, elle s’est confectionnée le même nœud papillon jaune à pois noirs que lui.
Il aurait voulu qu’elle fasse de grandes études, devenir grand architecte. Qu’elle bâtisse de beaux édifices, lui qui n’a connu rien d’autre que sa roulotte sans jamais pouvoir ancrer ses grands souliers dans un lieu de rêve.
En ce samedi soir, les gradins sous la toile ne laissent pas voir une seule place de libre. Au premier rang se trouve celle qui sera à jamais sa belle écuyère, riant des pitreries de sa fille inlassablement tous les soirs de spectacle.
Il ne se sentait pas très bien depuis le matin, n’a rien dit ne voulant pas se priver une seule soirée de la présence de son ange à ses côtés.
Les spectateurs qui avaient les yeux posés sur lui ont pu voir ses mains se porter à sa poitrine, côté cœur et son visage se crisper…
_____
Dans la nuit, une ambulance quitta doucement et silencieusement la place où le chapiteau était érigé comme un château de conte de fées.
S’il existe un paradis des clowns, un nouvel artiste vient d’y entrer.

Le trapéziste
Avez-vous vu l’homme près du chapiteau ?
Il était là dans son fauteuil d’acier, un chapeau mou sur la tête, le visage bon enfant, le teint hâlé par tant de jours passés au grand air.
Il était là dans son fauteuil d’acier, des mains solides faites pour tourner les roues de son siège glacé en des hivers trop blancs, brûlant en des étés infernaux.
Il était là dans son fauteuil d’acier, accrochée au dossier une énorme grappe de ballons de baudruche gonflés à l’hélium pointait vers le ciel, mais ne pouvant arracher l’homme et sa cage du sol.
Il était là dans son fauteuil d’acier, distribuant aux enfants le ballon de couleur qu’ils avaient choisie contre une pièce de monnaie discrètement donnée par un parent, avec à chaque fois un mot doux émanant de son sourire.
Il restait seul dans son fauteuil d’acier, à l’heure du passage des trapézistes où la musique de l’orchestre le ramenait quelques années en arrière lorsqu’il volait sous la voûte du chapiteau.
A chaque représentation elles coulaient les larmes sur ses joues, lui rappelant qu’un soir d’été il est tombé de haut… De bien trop haut.

L’écuyère
Un dernier tour de piste, ce soir est ma dernière représentation. Trop âgée pour ternir debout sur la croupe d’un cheval au galop ? Peut-être…
La vérité est tout autre, je n’ai plus l’envie ni le goût de me donner en spectacle. Désormais je me contenterai de voir ma fille sur la piste, accompagnée d’un grand homme blanc au dos un peu voûté par le poids des années et sa coquille d’œuf plantée sur sa tête.
Pendant que le publique applaudit à pleines mains mon numéro d’équilibriste équestre, les larmes amères de la désolation coulent sur mon épais maquillage tandis qu’en moi s’installent les brûlures de la honte.
Sous mon habit à paillettes se cachent une mauvaise femme qui a fait tant de mal aux hommes de sa vie.
Et pourquoi Dieu ne m’en punit-il pas par une mauvaise chute ? Je suis trop lasse ce soir pour me poser des questions. Je n’ai qu’une hâte c’est d’aller me réfugier dans ma caravane et pleurer seule dans le noir jusqu’à épuisement.
Ma vie ? Celle d’une écuyère de cirque, un beau corps mais une âme indécise, trop volage et à présent torturée.
J’ai quitté un homme qui me faisait rire pour un beau trapéziste, musclé telle une statue grecque.
Oui j’ai laissé tomber ce pauvre clown comme un moins que rien, en lui cachant que je portais dans mon ventre le fruit de notre amour.
Il était petit, pas très beau ni très bon amant et lorsque je levais mes yeux sous le ciel de toile de ce chapiteau qui m’a vu faire mes premiers pas, cet Ange qui volait si haut captivait toute mon attention.
Mais pourquoi Dieu ce cheval ne fait-il pas une embardée !
Mon bel Apollon et moi avions fui pour un autre cirque comme des voleurs, pour éviter les mauvaises histoires, vivre en paix… Mais aussi avec une grande part de lâcheté me concernant.
Dix ans de bonheur, une décennie d’amour. Il considérait cette petite rousse à la frimousse si jolie comme sa propre fille, lui blond comme les blés et moi cheveux couleur corbeau. Sa musculature faisait barrage à tout regard narquois.
Puis de nouveau j’ai fui, délaissant un homme qui avait chuté. Un beau rêve brisé comme une colonne vertébrale, un avenir avec un demi-dieu déchu, l’acier du trapèze transformé en fauteuil roulant… Le manque de courage pour affronter une vie compliquée.
Aujourd’hui mon clown est au paradis et je n’ai pas la force de revenir sur mes pas, je suis peut-être considérée comme une personne abjecte au regard d’un homme qui se raccroche à la vie par ses ballons de baudruche.
Et je pleure, le visage dissimulé par la clarté des spots, debout sur un cheval qui décidément ne fera pas de faux pas ce soir.
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Poeme de Mémo

Écrivain Mémo

Mémo a publié sur le site 614 écrits. Mémo est membre du site depuis l'année 2020.

Syllabation De L'Écrit

Phonétique : Le Cirque De La Vieloɡystə e la pətitə fijə
lεz- iø fikse syʁ sε lɔ̃ɡ ʃosyʁə nwaʁə, sɔ̃ fo ne ʁuʒə tuʒuʁz- ɑ̃ plasə syʁ sa fasə o kɔ̃tuʁz- εɡzaʒeʁe, il avɑ̃sə dœ̃ pa lɑ̃ vεʁ sa kaʁavanə, lə vizaʒə tʁistə disimyle suz- œ̃ makjaʒə alεɡʁə mεz- ɔ kɔ̃bjɛ̃ tʁɔ̃pœʁ.
ynə vεstə ʁuʒə tʁo ɡʁɑ̃də, œ̃ pɑ̃talɔ̃ vεʁ tʁo laʁʒə, œ̃ neyd papijɔ̃ deməzyʁe ʒonə a pwa nwaʁ, a il a fjεʁə alyʁə lə klɔwn dɑ̃ sε fʁipəz- o kulœʁ biɡaʁe !
mε sə swaʁ kyʁjøzəmɑ̃ sε vεtəmɑ̃ nə lə ʒεne pa, il nə sə pʁesipitə pa puʁ lεz- ɑ̃ləve, il eʁə kɔmə pεʁdy dɑ̃z- œ̃n- otʁə mɔ̃də, sybmεʁʒe paʁ tutə lεz- emɔsjɔ̃ ki lɔ̃ ekʁaze.
il ε la a tʁεnase, lε bʁa balɑ̃, dɑ̃ la nɥi a pεnə eklεʁe paʁ la lymjεʁə də kεlk spoz- ɔʁjɛ̃te vεʁ lɑ̃tʁe dy ʃapito, u sə swaʁ sa ʁəpʁezɑ̃tasjɔ̃ lɥi a lεse ynə etʁɑ̃ʒə sɑ̃sasjɔ̃.
puʁtɑ̃ tut- avε bjɛ̃ kɔmɑ̃se avεk sɔ̃ paʁtənεʁə lə klɔwn blɑ̃, sɔ̃n- ami də tutə lε ʒwa kɔmə də tutə lε ɡalεʁə, də ki il sə mɔkə tuʒuʁ kɑ̃t- il lə vwa apaʁεtʁə dəvɑ̃ lɥi « sa kɔkjə dœf plɑ̃te syʁ la tεtə »… ynə plεzɑ̃təʁi ki lεz- amyzə dəpɥi si lɔ̃tɑ̃, mε ki nə fε plys ʁiʁə kø dø.
œ̃ fʁεʁə də sεnə avεk ləkεl il sə pʁɔdɥi dəpɥi tɑ̃ dane, dɑ̃ tutə lε viləz- e vilaʒə də fʁɑ̃sə ki vəle ɑ̃kɔʁə bjɛ̃ akœjiʁ sə pəti siʁkə tʁε mɔdεstə, ki sɑ̃blə deʒa apaʁtəniʁ o pase… ynə otʁə epɔkə…
lεz- ɑ̃fɑ̃ ʁjε oz- ekla, lε paʁɑ̃ suʁjε, sεʁtɛ̃ mεmə seklatε ɑ̃ paʁfεtə ynjɔ̃ avεk lœʁ bɑ̃bɛ̃, lε pitʁəʁi sɑ̃ʃεnε lεz- ynəz- apʁε lεz- otʁə. sɔ̃ kɔ̃paɲɔ̃ də spεktaklə ʒuε bjɛ̃ sɔ̃ ʁolə mɔʁalizatœʁ, tu sə deʁulε a mεʁvεjə, ʒyska sə…
sə mɔmɑ̃ u sɔ̃ ʁəɡaʁ kʁwaza lεz- iø plɛ̃ də ʒwa dynə fijεtə. εllə nə dəvε avwaʁ kynə dizεnə dane, sε ʃəvøz- œ̃ pø ʁu ʁəfletε la lymjεʁə dε pʁɔʒεktœʁ… ʁu kɔmə il letε… mε sə ki lɛ̃tεʁpεlla fy sεtə pətitə ɔ̃bʁə a sɔ̃ mɑ̃tɔ̃, sə kʁø də fɔsεtə ki la fəzε sə demaʁke dεz- otʁəz- ɑ̃fɑ̃. e sεtə pətitə ʃozə si paʁtikyljεʁə lɥi a sudɛ̃ ʁapəle… œ̃ fʁisɔ̃, œ̃ ku dœj ʁapidə syʁ la pεʁsɔnə ki dəvε εtʁə sa mamɑ̃… εllə etε la… il la bjɛ̃ ʁəkɔnɥ, malɡʁe lεz- ane pase.
tutə døz- etε si pʁε kil oʁε py lε tuʃe ɑ̃ tɑ̃dɑ̃ lε bʁa. dε sεt ɛ̃stɑ̃ lə tʁublə sɑ̃paʁa də lɥi…
puʁ nɔtʁə amyzœʁ lə tɑ̃ setε sudɛ̃ aʁεte, lεz- ɔʁlɔʒə fiʒe dɑ̃ lə ɡʁɑ̃ fʁisɔ̃ ki vənε də lɥi paʁkuʁiʁ lə kɔʁ də la tεtə o pje.
sɔ̃ kɔ̃paɲɔ̃ də tuʒuʁ setε bjɛ̃ vitə apεʁsy də sɔ̃ malεzə, il lə kɔnε si bjɛ̃ dəpɥi lə tɑ̃ kɑ̃sɑ̃blə il fɔ̃ vɔle la pusjεʁə də la pistə e deklɑ̃ʃe lε ʁiʁə paʁ lœʁ spεktaklə byʁlεskə.
avεk sa kɔkjə dœf syʁ la tεtə ɑ̃ ɡizə də kwafə, il a bjɛ̃ esεje də ʁəmεtʁə la maʃinə ɑ̃ ʁutə ! kozə pεʁdɥ, il lə savε kil dəvʁε asyme tu lə ʁεstə dy nymeʁo a lɥi səl sil nə puvε lə sɔʁtiʁ də sa tɔʁpœʁ, mε nə lɥi ɑ̃ vudʁε pa.
sɑ̃ tʁo sə ʁapəle kɔmɑ̃ setε tεʁmine sa pitwajablə pʁεstasjɔ̃, lə vwasi mɛ̃tənɑ̃ asi syʁ lə maʁʃəpjε də sa pətitə mεzɔ̃ ɑ̃bylɑ̃tə, lεʁ dezɑ̃paʁe, lə ʁəɡaʁ fiksɑ̃ o lwɛ̃ lε spεktatœʁ dezεʁtɑ̃ lə ʃapito ʁuʒə e blɑ̃, ʃεʁʃɑ̃ dezεspeʁemɑ̃ dy ʁəɡaʁ sεtə pətitə fijə, kɔmə si də lwɛ̃ il oʁε py la ʁəkɔnεtʁə, ɑ̃tʁə lε pʁɔʒεktœʁ dɔnɑ̃ o vizaʒə dεz- alyʁə də fɑ̃toməz- e lεz- ɔ̃bʁəz- etiʁɑ̃ syʁ lə sɔl lε siluεtə dynə ʒɑ̃tə pʁese də kite œ̃ mɔ̃də feəʁikə puʁ ʁətuʁne dɑ̃ la monotɔni də lœʁ vi kɔtidjεnə…
tu sə dɔ̃ il sə suvjɛ̃ də sεtə swaʁe, sε də sεtə ɑ̃fɑ̃ ki nə puvε εtʁə kə sa fijə, də sa mamɑ̃ ki fy ekyiεʁə dɑ̃ sə siʁkə, il i a… diz- ɑ̃ deʒa, avεk ki il avε y ynə ʁəlasjɔ̃ amuʁøzə tʁo bʁεvə, dɑ̃z- ynə ʁulɔtə də klɔwn, la sjεnə, ki lɥi lεsə dəpɥi lɔʁz- œ̃ ɡu ame, œ̃ paʁfœ̃ də ʁəɡʁε.
pɥi sεtə dulœʁ lɥi ʁəvɛ̃, la mεmə bʁylyʁə ko ʒuʁ u εllə la kite puʁ œ̃ bo tʁapezistə, lɥi dizɑ̃ kə sil etε maʁɑ̃, il netε pa tʁε bo, pa œ̃ bɔ̃ amɑ̃.
sε ʒuʁ də malεzə kɑ̃t- il lε kʁwazε dɑ̃ sə mikʁɔkɔsmə kεt- œ̃ siʁkə, nə puvɑ̃ lεz- evite. ʒysko ʒuʁ u il sɔ̃ paʁti puʁ œ̃n- otʁə siʁkə. nɔ̃, il nə fo pa kʁwaʁə kə sa dulœʁ sɑ̃n- εt- ale avεk ø. il la vwajε ɑ̃kɔʁə la o mwɛ̃, tut- ɑ̃ ɡaʁdɑ̃ œ̃ sεkʁε εspwaʁ…
suliɲe suliɲe suliɲe suliɲe
ynə mɛ̃ poze syʁ sɔ̃n- epolə lə fε syʁsote… il lεvə lεz- iø… œ̃n- ɔmə ε la, tεl œ̃ sjεʁʒə ʒeɑ̃ dɑ̃ sɔ̃-abi də lymjεʁə, o vizaʒə blɑ̃ kwafe dynə kɔkjə dœf… sɔ̃n- ami ε vəny lə salɥe…
« vjɛ̃s » lɥi di til, « dø pεʁsɔnə tatɑ̃de dɑ̃ ma ʁulɔtə ».
la sɥitə, ʒə vu lεsə limaʒine… ʒə vu di sələmɑ̃ kə plys ʒamε nɔtʁə klɔwn nə fy tʁistə.

la fijə də loɡystə
sε tʁεz- ɔ̃ vjεji bjɛ̃ syʁ, mε ki pø lə vwaʁ su sɔ̃n- epε makjaʒə ?
sɔ̃ kɔ̃paɲɔ̃ a la kɔkjə dœf plɑ̃te syʁ la tεtə ε tuʒuʁ la, sε ʁidə sə sɔ̃ kʁøzez- a lɥi osi, bjɛ̃ fatiɡe kɑ̃ sə tεʁminə la dεʁnjεʁə ʁəpʁezɑ̃tasjɔ̃, tʁuvɑ̃ ʁapidəmɑ̃ lə sɔmεj apʁεz- œ̃ supe leʒe. mε puʁ ʁjɛ̃ o mɔ̃də il nə vudʁε aʁεte lœʁ nymeʁo, ɑ̃tɑ̃dʁə lε ʁiʁə dεz- ɑ̃fɑ̃z- e vwaʁ lœʁ vizaʒə ʁeʒui lœʁ dɔnə ynə səɡɔ̃də ʒənεsə a no døz- ɛ̃sepaʁabləz- ami. ɑ̃fɛ̃ dø…
lε vwasi tʁwa dəpɥi kεlk mwa, ynə maɲifikə ʒənə famə a pεnə sɔʁti də ladɔlesɑ̃sə ε vənɥ lε ʁəʒwɛ̃dʁə syʁ la pistə.
εllə ε vεtɥ dœ̃ kɔstymə nwaʁ tu ʁapjese u dø kɔmə εllə puvε i lɔʒe, dəsuz- œ̃ majo a laʁʒə- ʁεjyʁəz- ɔʁizɔ̃talə ʁuʒəz- e blɑ̃ʃə, ʃəvø ʁu depasɑ̃ dœ̃ ʃapo mu tʁo laʁʒə. ɑ̃ lɔnœʁ də sɔnpapa də klɔwn, εllə sε kɔ̃fεksjɔne lə mεmə neyd papijɔ̃ ʒonə a pwa nwaʁ kə lɥi.
il oʁε vuly kεllə fasə də ɡʁɑ̃dəz- etydə, dəvəniʁ ɡʁɑ̃t- aʁʃitεktə. kεllə batisə də boz- edifisə, lɥi ki na kɔny ʁjɛ̃ dotʁə kə sa ʁulɔtə sɑ̃ ʒamε puvwaʁ ɑ̃kʁe sε ɡʁɑ̃ sulje dɑ̃z- œ̃ ljø də ʁεvə.
ɑ̃ sə samədi swaʁ, lε ɡʁadɛ̃ su la twalə nə lεse pa vwaʁ ynə sələ plasə də libʁə. o pʁəmje ʁɑ̃ sə tʁuvə sεllə ki səʁa a ʒamε sa bεllə ekyiεʁə, ʁjɑ̃ dε pitʁəʁi də sa fijə ɛ̃lasabləmɑ̃ tus lε swaʁ də spεktaklə.
il nə sə sɑ̃tε pa tʁε bjɛ̃ dəpɥi lə matɛ̃, na ʁjɛ̃ di nə vulɑ̃ pa sə pʁive ynə sələ swaʁe də la pʁezɑ̃sə də sɔ̃n- ɑ̃ʒə a sε kote.
lε spεktatœʁ ki avε lεz- iø poze syʁ lɥi ɔ̃ py vwaʁ sε mɛ̃ sə pɔʁte a sa pwatʁinə, kote kœʁ e sɔ̃ vizaʒə sə kʁispe…
suliɲe suliɲe suliɲe suliɲe
dɑ̃ la nɥi, ynə ɑ̃bylɑ̃sə kita dusəmɑ̃ e silɑ̃sjøzəmɑ̃ la plasə u lə ʃapito etε eʁiʒe kɔmə œ̃ ʃato də kɔ̃tə də fe.
sil εɡzistə œ̃ paʁadi dε klɔwn, œ̃ nuvεl aʁtistə vjɛ̃ di ɑ̃tʁe.

lə tʁapezistə
ave vu vy lɔmə pʁε dy ʃapito ?
il etε la dɑ̃ sɔ̃ fotəj dasje, œ̃ ʃapo mu syʁ la tεtə, lə vizaʒə bɔ̃ ɑ̃fɑ̃, lə tɛ̃ ale paʁ tɑ̃ də ʒuʁ pasez- o ɡʁɑ̃t- εʁ.
il etε la dɑ̃ sɔ̃ fotəj dasje, dε mɛ̃ sɔlidə fεtə puʁ tuʁne lε ʁu də sɔ̃ sjεʒə ɡlase ɑ̃ dεz- ivεʁ tʁo blɑ̃, bʁylɑ̃ ɑ̃ dεz- etez- ɛ̃fεʁno.
il etε la dɑ̃ sɔ̃ fotəj dasje, akʁoʃe o dɔsje ynə enɔʁmə ɡʁapə də balɔ̃ də bodʁyʃə ɡɔ̃flez- a leljɔm pwɛ̃tε vεʁ lə sjεl, mε nə puvɑ̃ aʁaʃe lɔmə e sa kaʒə dy sɔl.
il etε la dɑ̃ sɔ̃ fotəj dasje, distʁibɥɑ̃ oz- ɑ̃fɑ̃ lə balɔ̃ də kulœʁ kilz- avε ʃwazi kɔ̃tʁə ynə pjεsə də mɔnε diskʁεtəmɑ̃ dɔne paʁ œ̃ paʁɑ̃, avεk a ʃakə fwaz- œ̃ mo duz- emanɑ̃ də sɔ̃ suʁiʁə.
il ʁεstε səl dɑ̃ sɔ̃ fotəj dasje, a lœʁ dy pasaʒə dε tʁapezistəz- u la myzikə də lɔʁkεstʁə lə ʁamənε kεlkz- anez- ɑ̃n- aʁjεʁə lɔʁskil vɔlε su la vutə dy ʃapito.
a ʃakə ʁəpʁezɑ̃tasjɔ̃ εllə kulε lε laʁmə- syʁ sε ʒu, lɥi ʁapəlɑ̃ kœ̃ swaʁ dete il ε tɔ̃be də-o… də bjɛ̃ tʁo-o.

lekyiεʁə
œ̃ dεʁnje tuʁ də pistə, sə swaʁ ε ma dεʁnjεʁə ʁəpʁezɑ̃tasjɔ̃. tʁo aʒe puʁ tεʁniʁ dəbu syʁ la kʁupə dœ̃ ʃəval o ɡalo ? pø tεtʁə…
la veʁite ε tut- otʁə, ʒə nε plys lɑ̃vi ni lə ɡu də mə dɔne ɑ̃ spεktaklə. dezɔʁmε ʒə mə kɔ̃tɑ̃təʁε də vwaʁ ma fijə syʁ la pistə, akɔ̃paɲe dœ̃ ɡʁɑ̃t- ɔmə blɑ̃ o doz- œ̃ pø vute paʁ lə pwa dεz- anez- e sa kɔkjə dœf plɑ̃te syʁ sa tεtə.
pɑ̃dɑ̃ kə lə pyblikə aplodi a plεnə mɛ̃ mɔ̃ nymeʁo dekilibʁistə ekεstʁə, lε laʁməz- amεʁə də la dezɔlasjɔ̃ kule syʁ mɔ̃n- epε makjaʒə tɑ̃di kɑ̃ mwa sɛ̃stale lε bʁylyʁə də la ɔ̃tə.
su mɔ̃-abi a pajεtə sə kaʃe ynə movεzə famə ki a fε tɑ̃ də mal o ɔmə də sa vi.
e puʁkwa djø nə mɑ̃ pyni til pa paʁ ynə movεzə ʃytə ? ʒə sɥi tʁo lasə sə swaʁ puʁ mə poze dε kεstjɔ̃. ʒə nε kynə atə sε dale mə ʁefyʒje dɑ̃ ma kaʁavanə e pləʁe sələ dɑ̃ lə nwaʁ ʒyska epɥizəmɑ̃.
ma vi ? sεllə dynə ekyiεʁə də siʁkə, œ̃ bo kɔʁ mεz- ynə amə ɛ̃desizə, tʁo vɔlaʒə e a pʁezɑ̃ tɔʁtyʁe.
ʒε kite œ̃n- ɔmə ki mə fəzε ʁiʁə puʁ œ̃ bo tʁapezistə, myskle tεllə ynə statɥ ɡʁεk.
ui ʒε lεse tɔ̃be sə povʁə klɔwn kɔmə œ̃ mwɛ̃ kə ʁjɛ̃, ɑ̃ lɥi kaʃɑ̃ kə ʒə pɔʁtε dɑ̃ mɔ̃ vɑ̃tʁə lə fʁɥi də nɔtʁə amuʁ.
il etε pəti, pa tʁε bo ni tʁε bɔ̃ amɑ̃ e lɔʁskə ʒə ləvε mεz- iø su lə sjεl də twalə də sə ʃapito ki ma vy fεʁə mε pʁəmje pa, sεt ɑ̃ʒə ki vɔlε si-o kaptivε tutə mɔ̃n- atɑ̃sjɔ̃.
mε puʁkwa djø sə ʃəval nə fε til pa ynə ɑ̃baʁde !
mɔ̃ bεl apɔlɔ̃ e mwa avjɔ̃ fɥi puʁ œ̃n- otʁə siʁkə kɔmə dε vɔlœʁ, puʁ evite lε movεzəz- istwaʁə, vivʁə ɑ̃ pε… mεz- osi avεk ynə ɡʁɑ̃də paʁ də laʃəte mə kɔ̃sεʁnɑ̃.
diz- ɑ̃ də bɔnœʁ, ynə desεni damuʁ. il kɔ̃sideʁε sεtə pətitə ʁusə a la fʁimusə si ʒɔli kɔmə sa pʁɔpʁə fijə, lɥi blɔ̃ kɔmə lε blez- e mwa ʃəvø kulœʁ kɔʁbo. sa myskylatyʁə fəzε baʁaʒə a tu ʁəɡaʁ naʁkwa.
pɥi də nuvo ʒε fɥi, delεsɑ̃ œ̃n- ɔmə ki avε ʃyte. œ̃ bo ʁεvə bʁize kɔmə ynə kɔlɔnə vεʁtebʁalə, œ̃n- avəniʁ avεk œ̃ dəmi djø deʃy, lasje dy tʁapεzə tʁɑ̃sfɔʁme ɑ̃ fotəj ʁulɑ̃… lə mɑ̃kə də kuʁaʒə puʁ afʁɔ̃te ynə vi kɔ̃plike.
oʒuʁdɥi mɔ̃ klɔwn εt- o paʁadiz- e ʒə nε pa la fɔʁsə də ʁəvəniʁ syʁ mε pa, ʒə sɥi pø tεtʁə kɔ̃sideʁe kɔmə ynə pεʁsɔnə abʒεktə o ʁəɡaʁ dœ̃n- ɔmə ki sə ʁakʁoʃə a la vi paʁ sε balɔ̃ də bodʁyʃə.
e ʒə plœʁə, lə vizaʒə disimyle paʁ la klaʁte dε spo, dəbu syʁ œ̃ ʃəval ki desidemɑ̃ nə fəʁa pa də fo pa sə swaʁ.

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26/08/2022 19:09

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Commentaires Sur La Poesie

Auteur de Poésie
23/08/2022 17:32Zeugme

merci Mémo pour cette narration dans la clarté de la piste et l’ombre des coulisses, et l’on ressent peu à peu pourquoi le cirque nous conduit à un des visages authentiques de l’humanité...

Auteur de Poésie
25/08/2022 12:18Bo

C est un joli livre pour enfants, plein de tendresse et de tristesse
! Une belle prose !

Texte Vie
Du 23/08/2022 13:29

L'écrit contient 1908 mots qui sont répartis dans 6 strophes.