Poème:Le Lendemain

Le premier bilan du 11 septembre 2001 :

Deux avions projetés
Sur les tours jumelles du WTC
Un autre avion à Washington sur le Pentagone
Et le quatrième à Shanksville, Pennsylvanie.
Sans doute 3000 morts et de nombreux blessés
Dont le nombre était encore ignoré.

Le lendemain du 11 septembre, pour le repas de midi
Après avoir passé une mauvaise nuit ;
Je me rends dans ce petit fast-food restaurant
Qui servait les meilleurs calzones du moment
Et des tranches de pizza aux senteurs aromatisées
Exactement comme on les avait commandées

L’endroit était rempli de clients, qui attendaient
Groupés devant l’immense écran de télévision, ils regardaient
Sur les visages crispés on lisait le désarroi
Et sans rien dire je restais là.
La file indienne n’existait pas aujourd’hui
En ce jour de peine et d’infamie.

Aucun chuchotement, pas de rire,
Pas l’habituel brouhaha ; la caissière avait perdu son sourire
Elle passait les commandes au cuisinier
Les seuls mots ce jour-là échangés
Dans l’ambiance calme et lourde de silence
On ressentait la souffrance.

Furtivement je regardais autour de moi ;
Les groupes assis à leur table ne se parlaient pas,
Ils mangeaient les yeux fixés sur leur assiette en carton
Et d’autres, comme moi attendaient en regardant la télévision
Et dans cette ambiance vide
On ressentait un moment sordide.

Je ressentais l’émotion de tous ces gens
Nous étions tous ensemble en cet instant
Sans nous parler, sans nous regarder, nous ressentions.
Nous étions sans aucun doute à l’unisson
En quelques heures, l’attitude d’une nation avait changé ;
Alors, naturellement, sans pudeur et sans restriction,
J’ai commencé à pleurer.