Poème:Marionnette Quand Je Te Tiens !

Je cherche, je cherche et je n’abandonne jamais. Je suis collectionneur de marionnettes. Et lorsque je pense en avoir trouvé une, je l’essaie.
Je tire sur un fil, je tire sur l’autre et si la marionnette m’écoute, si elle ne me résiste pas, si elle est facile à manier, alors je l’adopte.
Jour après jour, je travaille à la manipuler. C’est un travail difficile qui demande beaucoup de patience. Surtout au début, lorsqu’il faut l’apprivoiser.
Pour apprivoiser une future marionnette, voici la recette :
Tout d’abord, repérez ce qui pourrait devenir marionnette car tout le monde ne peux pas l’être. Si le profil vous convient alors commencez tout doucement, et la meilleure façon de faire c’est d’écouter et de se taire.
Oui c’est ça, si vous voulez qu’elle vous écoute, écoutez là.
Si elle vous raconte ses malheurs, sa misère ; si elle vous raconte son manque d’amour, sa colère alors vous savez, que c’est ce que vous recherchez.
Après l’avoir écoutée, la seconde étape est de l’approuver.

Par exemple, si votre sujet est un clown qui pleure. Confortez-le dans son malheur.
N’essayez surtout pas de faire rire un clown triste. Bien au contraire, faites le pleurer davantage.
Ou bien s’il s’agit d’un Pierrot esseulé, mélancolique et perdu dans la pénombre. Ne lui montrez pas la lumière de la lune. Guidez le plutôt vers l’obscurité et l’ombre.
Et si c’était un arlequin, pauvre et affamé dans son habit rapiécé, alors profitez-en et de cette même misère, nourrissez aussi, son cœur et son esprit.
Doucement, patiemment, prudemment. Caressez à contrepoil et pendant assez longtemps jusqu’à ce que Clown, Pierrot et Arlequin, se transforment enfin en pantin.
La suite est bien plus facile ma foi. Il ne vous reste plus qu’à pétrir, modeler et transformer.
A présent vous n’avez plus besoin, d’écouter votre pantin. Comme il ne lui reste plus rien, c’est lui qui vous écoute et vous suit et vous soutient.
Et lorsque vous avez tout pris, lorsqu’il vous a tout donné, alors vous avez presque gagné.
Mais attention, Pantin deviendra marionnette, le jour où il vous donnera tout pouvoir, d’user de lui jusqu’à la mort.
Et là vous pourrez enfin criez « Marionnette, je te tiens ! »
Voilà, je suis collectionneur de marionnettes et lorsque j’en ai assez pour former une armée, je les envois à Londres, à Paris ou à Bruxelle
Je leur dit « tirez ! », elles tirent,
Je leur dit « tuez ! », elles tuent…