Poème:Emotions : Néant

Depuis des mois, je me cogne partout.
Je ne fais attention à rien et je me cogne partout. Plus j’ai mal, plus je me cogne.
Je suis une fille délabrée admirable : tous ces jours vides où je donne le change. En me levant, en travaillant jusqu’à
L’abrutissement, en me nourrissant sans faire d’histoire, en sortant avec mes potes et en continuant à rire
Grassement avec mes amis alors que la moindre pichenette du moindre d’entre eux suffirait à me briser net.
Mais je me trompe. Ce n’est pas de la vaillance, c’est de la connerie : parce-que je crois qu’il reviendra. J’y crois vraiment.

Je n’avais rien vu venir et mon cœur s’était complètement déglingué un dimanche matin. Je n’arrive pas à me
Résoudre et je me cogne dans tout et n’importe quoi.
Les mois qui viennent de passer ne m’ont fait aucun effet. Certains jours je me surprends à penser :
- Tiens ? … c’est bizarre… je crois que je n’ai pas pensé à lui hier… Et au lieu de m’en féliciter, je me demande
Comment c’est possible, comment j’ai réussi à vivre une journée entière sans penser à lui. Son prénom surtout
M’obsède. Et deux ou trois images de lui très précises. Toujours les mêmes.
C’est vrai. Je pose les pieds par terre le matin, je me nourri, je me lave, j’enfile des vêtements sur moi et je travaille.
Quelquesfois, je voit les corps de quelques garcons. Quelquesfois mais sans douceur.
Emotions : néant.