Poème:Coming Out

Maman, je ne sais comment te dire
Mais tu vas me maudire !
Tu voulais que je t’offre de beaux enfants
Qui auraient pu soulager tes ans
Mais j’ ai un grave secret à te confier
Et je ne sais plus à qui me fier
Tellement ce secret est pesant
Et à force de le garder, c’est usant !
Hélas, toutes ces années, je t’ ai menti
En disant que je sortais avec Marie
Jeanne, Angélique ou Sophie
Mais cela, c’était quand j’étais petit
Cet amour dont tu te méfies
C’est avec un homme mur que je l’ ai partagé
L’embrassant un jour sous un oranger.
Quand tu liras ce mot, tu me jetteras au bûcher
En appelant sur moi le démon ou le boucher
Car cette nouvelle anéantira tes rêves de grandeur
Mais je peux t’avouer qu’on s’ aime avec ardeur
Et chaque jour dans mon lit enlacés
On s’aime sans se lasser !
Il est vrai que toi, tu ne comprends ces choses si belles
Mais vois ton mariage d’abord car il bat de l’ aile !
Il est vrai que toutes les religions s’opposent à notre amour
En dictant sur terre des lois d’un style fermé et lourd !
Je ne pensais pas qu’un jour, un homme se lève
Et par un bout de papier assura notre rêve !
Pourquoi maman, explique -moi cette haine contre les gens de mon espèce ?
Est-ce qu’il est honteux après tout de se laisser pénétrer par les fesses ?
J’ai regardé hier dans mon livre d’histoire tant d’hommes comme moi,
Des chanteurs, des acteurs, des prêtres et des rois !
Des gens selon moi, qui ont affirmé haut et fort leur différence
Dans un monde baigné des démons de l’intolérance !
Pourquoi maman est-ce une maladie, un génome manquant
Une honte, un péché, un défaut, un carcan ?
Tu avais les yeux couverts de peaux de jambons quand j’ étais à la maison
Car je ne rêvais pas de combat, de force ou de chasses de bisons
Comme mes jeunes frères qui se rêvaient en général, pape ou empereur
Moi je pensais aux marionnettes, aux poupées et à jouer la petite sœur,
A me déguiser en fille, en marraine, en grand mère ou matrone,
J’espère que quand tu apprendras cela, tu seras plus cool que pétrone !
J’ ai vécu cette blessure d’amour avec beaucoup de patience
En essayant de chercher dans l’ écriture cette science
Qui permet de pardonner, de rire sans songer à la haine
D’un ou deux au lycée qui te mettent en peine !
J’ étais beau, intelligent et environné de jolies demoiselles
Mais quand l’ adolescence vint, j’ ai dit la vérité
Et du jour au lendemain, j’ai cessé d’exister.
De populaire, je devins la poubelle
Que chacun plaisait à battre, à se moquer
Comme prétexte que j’ étais pédé.
Cependant, un jeune archange de terminale
Posa les yeux sur moi au final.
Ce fut le coup de foudre instantané entre nous deux
Et du jour au lendemain, je vivais !
Au lit comme au boulot, nous étions un duo heureux
Et du statut de poubelle, heureux, j’étais.
Nos génies enlacés taquinaient les muses
Et avec les mots on s’amuse.
Considérés comme des parias, nous élaborions nos rêves,
Un monde où Adam était devenu Ève !
Maintenant, j’ ai réussi dans la vie et avec mon amour d’adolescence
Nous sommes tous deux diplômés en médecine et l’excellence
Vainque les pires obstacles, les règles établis d’avance
En prônant un monde version Martin Luther King
Où on serait apprécié non pas nos couleurs, nos sexualités, notre argent mais sur le ring
Avec sur la table l’honneur, l’imagination, l’intelligence, nos compétences
Mais pas sur la religion qui parle de péché, de pardon, de repentance !
J’espère maman, papa, vous comprendrez mes choix personnels
Où sinon, voulez -vous que je vous chante le chant de l’hirondelle
Qui part en automne et revient au printemps
Qui apporte l’espoir, la joie et le recommencement,
L’idée, un jour que le monde changera
Que sur ta différence, jamais plus, on te jugera
Mais tu diras haut et fort que tu est homosexuel
Qu’on t’embrasse et qu’on te dise : il ou elle
Apporte un brin de renouveau à sa société,
Qu’importe son vécu, il nous réjouit à satiété !
Beau comme un archange,
Brillant comme un séraphin,
Il est rebelle, révolté avec sa frange
Mais il est l’espoir de demain et suave comme un parfum
Qui jette son odeur aux quatre coins de l’humanité souffrante
Et l’apaise de ses qualités et de sa bonté transfigurante !
Voici chère mère mon coming out, cette confession
D’un ado tourmenté, fais donc preuve de compassion
Car le cœur d’une mère est un océan de tendresse
Qui avec compréhension, comprend et caresse.