Poème:Flottement

Ainsi la vie s’étire doucement pour s’en aller
Emportant dans son doux cortège mes peurs
Estompant mes regrets d’une vie qui se meurt
Mon corps se détache, je flotte près de vous.
Je vous regarde vous agiter autour de votre passé
Et je m’aperçois de la futilité des choses, de tout
Je m’éloigne plus loin dans la conscience
Et je découvre le sens secret qui nous habite tous
L’endroit ou la nuit se marie avec la mort
Et ou tous les êtres sombrent dans leurs peurs.

La vision de notre monde s’agrandit
Petits points loin de moi je souris quand vous pleurez
Maintenant que la vie m’a quittée, plus rien de me retiens
Je me gausse de votre stupidité qui se glisse en vous
Rougis de vos envies qui transpirent par tous vos pores
Et pleure quand je vous observe en proie à vos sentiments.
Infime instant qui suspend son vol au dessus de vous
Je suis comme un étranger découvrant votre monde
De ce regard neuf et transparent qui accompagne les âmes
Curieux de toutes vos mœurs que je ne comprends plus.

Ne me reste plus qu’à partir définitivement, ailleurs
Arrachant à cette vie d’avant encore quelques miettes
Comme plongé dans la nostalgie d’un corps qui n’est plus.
Loin devant moi s’étend un nouveau monde, lisse et pur
A la croisée du chemin, là ou mes nouveaux frères se découvrent
Je pars à leur rencontre, les frôlent et les écoutent
Et alors je comprends ma libération de cette enveloppe charnelle
Qui m’étriquant l’esprit et m’empêchait de voir les vraies vérités
Celles de la vie quand on n’est plus.
Le temps s’arrête enfin et je fonds dans un abîme de douceur.