Texte:Le Trésor Des Caprices

Je n’ai jamais eu d’amis que des ennemis déguisés en fidèles compagnons
Mes frères nucléaires ont été mes premiers adversaires
Malgré la violence de leurs complots mes détracteurs m’ont permis de rester en vie
Je te trahirai certainement si tu me parle constamment de loyauté et de solidarité
Je ne crois pas à la fraternité et à l’égalité qu’elle prône
Regarde ce qui arrive à ma négritude sur sa terre
Immunisé contre ces larmes victimaires depuis que la cellule familiale a refroidi l’amour dans mon cœur de pierres
Il n’y a pas de rémission de péchés pour absoudre toutes mes transgressions
Le mal aimé que je suis a tellement blasphémé pour se libérer des manifestations de toutes leurs manipulations
Mon expression colérique n’a rien de téméraire
L’humanité de mon africanité déchirée ne m’empêchera pas d’aimer les défauts des autres communautés
Je suis simplement allergique aux préceptes dogmatiques de toutes les religions
Je suis un noir subsaharien pas un vulgaire sale nègre
Personne ne m’empêchera d’être heureux
Personne ne choisira à ma place les souhaits de ma destinée
La marche d’un lion à la crinière poussiéreuse dans l’hémicycle de leurs libertés
Ne me réduisez pas aux stéréotypes négrophobes des pages noires de votre histoire sombre
Mes aïeux se sont sacrifiés pour que je sois au-dessus du podium du nègre évolué
Aucune dette à rembourser pour cet héritage historique qui me permet de ne pas chanter la Marseillaise
Aucune réparation à escompter dans cette fourmilière surchargée de xénophobes hostiles à mon humanité
Si tu me traites de sale macaque en tête-à-tête je te conseille d’avoir la dextérité d’un tueur à gages
Je n’ai jamais baissé les yeux face aux oppresseurs de ma dignité humaine
Vous avez le droit d’être négrophobe
Acceptez aussi les conséquences de votre préférence écœurante
Je suis originaire d’un comptoir colonial qu’est-ce que vous espérez ?
Si je dis vive la France c’est pour me rappeler de tous les supplices que mes ancêtres déportés ont dû endurer
Je haïrai sa République Néocolonialiste jusqu’à mon dernier soupir
Sa politique impérialiste et ses lois racistes ne m’ont jamais intégrées aux idéaux fallacieux de son assimilation aberrante
Depuis ma naissance je patoise le français avant les langues vernaculaires de mes racines sauvages
Les extrémistes nationalistes me dénigrent à cause de mes prénoms et de ma barbe
J’ai le casier Vierge comme les orifices des entrailles de celle qui a donné la vie à leur imaginaire messianique
Cloué au chômage et à l’assistanat de la charité républicaine
Une barrette de cannabis dans un cerveau calciné par la violence et la barbarie de l’occident pour mieux se tenir face à des policiers racistes près à m’ôter la vie
Je ne suis pas un banlieusard mais un blédard aux accents prononcés d’Afrique
Mon nez a perdu son odorat depuis les marécages des bidonvilles où j’ai grandi
J’appartiens à une diaspora balkanisée ne me parlez plus d’unité