Texte : Pauvre Inaperçu

vous avez vu le pauvre,
sans rien ni guenilles,
enfin, de ceux qu’on oublie,
et vous l’avez ignoré !

Vous avez croisé le pauvre,
et vous l’avez ignoré,
car il est de ceux qu’on oublie,
en passant, un jour d’été… .

Vous avez oublié de le nourrir,
pauvre et en guenilles,
avec pour seul lit, un sommier de briques !

Et puis vous êtes rentrés
vous goinfrer, alors, alors
que ce pauvre crevait de faim !

Il était, en fait, un messager de Dieu !
Et si vous l’avez ignoré,
de même l’avez-vous fait pour Dieu !

Car ce pauvre, là, couché par terre,
c’était le Seigneur Jésus lui même,
attendant un geste de compassion,
un geste d’amour, enfin… un geste,
un geste, tout court !

La vie est courte, plus courte que l’Aurore.
Le Seigneur Dieu n’aura pour vous aucune pitié,
car vous avez ignoré son enfant,
couché par terre, là,
sous le froid grelottant !

vuz- ave vy lə povʁə,
sɑ̃ ʁjɛ̃ ni ɡənijə,
ɑ̃fɛ̃, də sø kɔ̃n- ubli,
e vu lavez- iɲɔʁe !

vuz- ave kʁwaze lə povʁə,
e vu lavez- iɲɔʁe,
kaʁ il ε də sø kɔ̃n- ubli,
ɑ̃ pasɑ̃, œ̃ ʒuʁ dete…

vuz- avez- ublje də lə nuʁʁiʁ,
povʁə e ɑ̃ ɡənijə,
avεk puʁ səl li, œ̃ sɔmje də bʁik !

e pɥi vuz- εtə ʁɑ̃tʁe
vu ɡwɛ̃fʁe, alɔʁ, alɔʁ
kə sə povʁə kʁəvε də fɛ̃ !

il etε, ɑ̃ fε, œ̃ mesaʒe də djø !
e si vu lavez- iɲɔʁe,
də mεmə lave vu fε puʁ djø !

kaʁ sə povʁə, la, kuʃe paʁ teʁə,
setε lə sεɲœʁ ʒezys lɥi mεmə,
atɑ̃dɑ̃ œ̃ ʒεstə də kɔ̃pasjɔ̃,
œ̃ ʒεstə damuʁ, ɑ̃fɛ̃… œ̃ ʒεstə,
œ̃ ʒεstə, tu kuʁ !

la vi ε kuʁtə, plys kuʁtə kə loʁɔʁə.
lə sεɲœʁ djø noʁa puʁ vuz- okynə pitje,
kaʁ vuz- avez- iɲɔʁe sɔ̃n- ɑ̃fɑ̃,
kuʃe paʁ teʁə, la,
su lə fʁwa ɡʁəlɔtɑ̃ !