Poème:Bal Démasqué

Des mégots maquillés fument leur cigarette et parfument les baisers volés ou offerts, noyés dans les dunes sonores ; des mains s’effleurent mais ne fleurissent que dans les idées dépecées par des rumeurs charnelles ; des regards se jettent d’autres se gardent de virevolter et préfèrent transpercer l’équilibre de soi ; un air d’hiver se promène dans quelques cœurs étalés sur le flanc après qu’une bouche de bière fruitée leur ait refusé ses amygdales ; des poumons communient des mots médiocres dont les oreilles soignent le sens en leur donnant une certaine consistance ; des copains se baisent l’amitié, se boivent la vie, se vomissent la mort, se sentent éternels et s’entretuent d’amour dans un semblant ordinaire ; des apparences violentes agressent la paix belliqueuse qu’argumentent les danses frénétiques…
… Et nous on danse, on boit, on boit, on danse, on s’embrasse, on s’enlace et on dessine de nos riens des chemins de bonheur dans cette frénésie qui ressemble à l’horreur. Nous allons et venons dans nos pensées pucelles et rejetons de notre ivresse la dernière hirondelle de nos printemps.
Des peaux vierges éclatent sous les pressions écarlates de bassins dansant une musique intemporelle, d’autres attendent ou déclinent le romantisme que cache l’appétit d’une simplicité angélique, d’autres encore se parfument le corps d’une aura de veuve noir qui ne tuera pas ce soir. Des phallus gargantuesques se promènent dans les rangées éclectiques de culs mouillés en se grattant la supériorité de leurs mains pleines de bière. Ce décor peint d’exhalaisons putrides et douces à la fois plane au dessus des regards, des semblants, des chorégraphies approximatives qui alimentent la lumière de nos yeux…
… Et nous on danse, on boit, on boit, on danse, on s’embrasse, on s’enlace et on dessine de nos riens des chemins de bonheur dans cette frénésie qui ressemble à l’horreur. Nous allons et venons dans nos pensées pucelles et rejetons de notre ivresse la dernière hirondelle de nos printemps.
Tel un champ de bataille délaissé par la violence, l’absence de musique renvoi chaque combattant à son état quelconque. Certains emportent avec eux des trophées en souvenirs ou en chair, d’autres ne garderont de la nuit que les séquelles de leur soif de bière ou de confrontation. La lumière de la nuit rend chaque être à sa vie et à l’aide de la lune allonge les corps sur des lits de fatigue, de bien être ou de remords qui parcourent les cœurs avant que la respiration se fasse plus lente.
… Et nous on boit encore jusqu’à la mort de nos corps, et on s’embrasse et on s’enlace à mourir d’aimer ; on creuse dans la rosée l’empreinte de nos ivresses et d’un doit décidé on emmerde le matin ; jusqu’à la fermeture de nos yeux, à l’épuisement de nos volontés d’éternelle on rejette la dernière hirondelle de nos printemps.